L’UE définit des critères potentiels pour les sanctions libanaises


Par John Irish et Robin Emmott

PARIS/BRUXELLES, 18 juin (Reuters) – Les critères de sanctions de l’Union européenne en préparation pour les politiciens libanais sont probablement la corruption, l’entrave aux efforts de formation d’un gouvernement, la mauvaise gestion financière et les violations des droits humains, selon une note diplomatique consultée par Reuters.

Dirigée par la France, l’UE cherche à intensifier la pression sur les politiciens querelleurs du Liban après 11 mois de crise qui a laissé le Liban confronté à un effondrement financier, à une hyperinflation, à des pannes d’électricité et à des pénuries de carburant et de nourriture.

Le bloc, qui a tenu des discussions techniques sur des mesures possibles le mois dernier, n’a pas encore décidé de l’approche à adopter, mais le chef de la politique étrangère, Josep Borrell, doit se rendre au Liban ce week-end et fera rapport aux ministres des Affaires étrangères lundi.

Comme de nombreux hauts responsables politiques libanais ont des maisons, des comptes bancaires et des investissements dans l’UE, et y envoient leurs enfants dans des universités, un retrait de cet accès pourrait aider à concentrer les esprits.

Paris dit qu’il a déjà pris des mesures pour restreindre l’entrée de certains responsables libanais qu’il considère comme un blocage des efforts pour lutter contre la crise, qui est enracinée dans des décennies de corruption et de dette de l’État, bien qu’il n’ait nommé personne publiquement.

L’UE doit d’abord mettre en place un régime de sanctions qui pourrait alors voir les individus se voir imposer des interdictions de voyager et des gels d’avoirs, bien qu’elle puisse également décider de n’inscrire personne immédiatement.

La note, qui souligne également les forces et les faiblesses de la prise d’une telle mesure, se concentre sur quatre critères. Elle commence par entraver la mise en place d’un gouvernement, le processus politique ou la réussite de la transition politique, puis se transforme en obstruction à la mise en œuvre des réformes urgentes nécessaires pour surmonter la crise politique, économique et sociale.

La mauvaise gestion financière, qui viserait des personnes, entités ou organismes soupçonnés d’être responsables de la mauvaise gestion des finances publiques et du secteur bancaire, est également un critère essentiel, tout comme la violation des droits de l’homme résultant de la crise économique et sociale.

« On pourrait soutenir que le manque de responsabilité politique des dirigeants au Liban est au cœur d’une implosion massive de l’économie », lit-on dans la note, faisant référence aux critères possibles des droits de l’homme.

« Cela a entraîné d’importantes souffrances et a affecté les droits humains de la population au Liban.

Ces notes diplomatiques sont courantes dans l’élaboration des politiques de l’UE, diffusées parmi les diplomates et les fonctionnaires de l’UE, bien qu’elles ne soient pas rendues publiques.

La note indique également qu’une « stratégie de sortie » proposant des repères pour établir si le régime de sanctions a atteint son objectif ainsi que pour renouveler ou lever les désignations individuelles devrait également être mise en place.

La rapidité avec laquelle les sanctions pourraient être imposées n’est toujours pas claire, mais les divisions politiques continuant de s’aggraver, le bloc devrait aller de l’avant avant la période des vacances d’été.

Il existe des divisions parmi les 27 États de l’UE sur la sagesse des sanctions de l’UE, mais les deux principales puissances du bloc, la France et l’Allemagne, y sont favorables, ce qui devrait s’avérer crucial. Un groupe plus large de nations doit encore préciser son approche.

La Hongrie a publiquement dénoncé les efforts de l’UE pour faire pression sur les politiciens libanais.

Un haut responsable européen a déclaré à Reuters que Paris avait l’intention de sanctionner le puissant politicien chrétien Gebran Bassil, qui est déjà sous les sanctions américaines. (Écrit par John Irish, édité par Giles Elgood)

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