L’interdiction de voyager non essentielle devrait être la prochaine étape de la feuille de route de la pandémie


Deux vols en provenance de différentes régions du pays ont atterri le 29 mars à Winnipeg, chacun transportant des cas maintenant confirmés de COVID-19. Les passagers des deux vols avaient des «liens avec des variantes préoccupantes».

Un vol venait de Vancouver, l’autre de Toronto. Les deux villes sont des points chauds pour de nouvelles variantes de coronavirus préoccupantes, qui se propagent maintenant comme une traînée de poudre dans de nombreuses régions du pays.

Le Manitoba ne dira pas si les voyageurs se sont isolés à leur retour ou s’ils ont transmis le virus à quelqu’un d’autre. Il ne confirmera même pas quelles variantes ont été détectées.

En mars, huit vols sont arrivés à Winnipeg avec des cas de COVID-19, et trois autres jusqu’à présent en avril.

On ne sait rien de plus sur les cas au-delà de la quantité minimale de renseignements divulgués par la province.

Ce que nous savons, c’est que le pourcentage de variantes préoccupantes liées aux voyages est bien plus élevé que pour l’ensemble des cas de COVID-19. Près de six pour cent des cas de variantes B.1.1.7 trouvés au Manitoba sont liés à des voyages. Dans l’ensemble, seulement 1,2% des nouveaux cas de COVID-19 sont liés aux voyages.

L'un des vols concernés provenait de Toronto (ci-dessus), une ville qui est actuellement un point chaud pour les variantes de coronavirus.  (Nathan Denette / Les dossiers de la Presse canadienne)

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L’un des vols concernés provenait de Toronto (ci-dessus), une ville qui est actuellement un point chaud pour les variantes de coronavirus. (Nathan Denette / Les dossiers de la Presse canadienne)

Avec la variante P.1 (identifiée pour la première fois au Brésil) maintenant dans la province, il est temps que le gouvernement impose des restrictions plus strictes pour les voyages interprovinciaux.

Le Manitoba oblige déjà les personnes qui voyagent pour des raisons non essentielles à s’auto-isoler pendant 14 jours à leur entrée dans la province. Mais c’est vaguement appliqué, voire pas du tout.

La province a distribué 14 billets depuis le 15 mars à des personnes qui n’ont pas réussi à s’isoler, selon les données provinciales. Cependant, il ne précise pas si certains étaient liés au voyage.

Il n’y a aucune preuve que la province applique la règle des 14 jours. Il fonctionne sur le système de l’honneur. Cela aurait peut-être été suffisant avant l’arrivée de variantes plus contagieuses, mais plus maintenant.

Le Manitoba a encore environ deux ou trois mois avant que la majorité des personnes de plus de 18 ans reçoivent leur première dose (des deux requises) du vaccin COVID-19. Si la province pouvait trouver comment faire passer son programme d’immunisation à la vitesse supérieure, 70 pour cent des Manitobains pourraient recevoir un premier vaccin d’ici la mi-juin, selon les projections à faible taux du Manitoba.

Si le déploiement lent du vaccin se poursuit, cela ne se produira peut-être pas avant juillet.

D’ici là, la province doit se fier aux ordonnances de la santé publique pour éviter une augmentation importante des taux d’infection, d’hospitalisations et de décès. L’Ontario connaît déjà un nombre record de patients atteints du COVID-19 en soins intensifs.

Si le Manitoba ne prend pas de mesures maintenant, il pourrait subir le même sort.

Depuis les vacances de Noël, la province a remarquablement bien réussi à réduire les taux d’infection et les hospitalisations. La levée lente et régulière des restrictions au cours des trois derniers mois a été mesurée et réfléchie.

La restriction des voyages est l'une des principales raisons pour lesquelles les provinces de l'Atlantique ont maintenu le nombre de cas et les taux de mortalité sous la moyenne canadienne.  (Darryl Dyck / Les dossiers de la Presse canadienne)

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La restriction des voyages est l’une des principales raisons pour lesquelles les provinces de l’Atlantique ont maintenu le nombre de cas et les taux de mortalité sous la moyenne canadienne. (Darryl Dyck / Les dossiers de la Presse canadienne)

Les preuves montrent que ces mesures ont fonctionné.

Le nombre de patients atteints de COVID-19 à l’hôpital a diminué régulièrement, passant de plus de 300 début janvier à environ 140 au cours des deux dernières semaines. Le taux de positivité des tests de la province est passé de plus de 11% au début de l’année à 3% au début de mars – avant de remonter à plus de 6% cette semaine (il était de 5,3% jeudi).

Le Manitoba continue de déclarer beaucoup moins de nouveaux cas que toute autre province à l’ouest du Nouveau-Brunswick.

Le Manitoba a signalé 103 nouveaux cas de COVID-19 pour 100 000 habitants au cours des 14 derniers jours, bien en deçà de la moyenne nationale de 276. L’Ontario en comptait 332 et la Saskatchewan 297.

Cela pourrait changer très rapidement avec la propagation des variantes préoccupantes (le nombre d’unités de soins intensifs est déjà en augmentation). Le Manitoba a la chance de prendre de l’avance avant que les choses ne s’aggravent.

D’autres restrictions sur les voyages interprovinciaux, y compris une interdiction pure et simple des voyages non essentiels, devraient faire partie de cette équation.

On parle déjà au niveau national d’imposer une sorte de limite aux déplacements interprovinciaux. Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré mercredi qu’il y serait favorable; Le premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, envisage de fermer les frontières de cette province.

La restriction des voyages est l’une des principales raisons pour lesquelles les provinces de l’Atlantique ont maintenu le nombre de cas et les taux de mortalité bien en dessous de la moyenne canadienne.

Il est temps que le Manitoba emboîte le pas.

tom.brodbeck@freepress.mb.ca

Tom Brodbeck

Tom Brodbeck
Journaliste

Tom couvre la politique du Manitoba depuis le début des années 1990 et s’est joint à l’équipe de nouvelles de Winnipeg Free Press en 2019.

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