L’initiative chinoise « la Ceinture et la Route » devrait cesser de financer de nouvelles centrales au charbon


L’écrivain est professeur agrégé de droit à l’Université d’études étrangères de Pékin et auteur de « Le droit et la gouvernance de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures ».

Le mois dernier, le président américain Joe Biden a demandé à ses homologues du G7 de soutenir un plan d’infrastructure mondial pour rivaliser avec l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route » (BRI). Cela a marqué le début de sa campagne pour la coopération internationale dans le domaine des infrastructures de haute qualité, qui peut être considérée comme une version agrandie et post-Covid-19 du réseau Blue Dot de l’ère Trump. Néanmoins, l’appel de Biden a produit peu de résultats concrets.

Le G7 a pourtant promis de ne plus utiliser les fonds publics pour financer de nouvelles centrales internationales à charbon d’ici fin 2021. Cet engagement est à noter par la BRI, sévèrement critiquée pour son impact sur l’environnement depuis son lancement en 2013.

La production d’électricité au charbon est la principale source d’émissions de gaz à effet de serre. Si la BRI prenait des engagements sans charbon similaires à ceux du G7, cela aiderait à atteindre l’objectif de l’Accord de Paris de maintenir l’augmentation de la température mondiale à 1,5 ° C, ainsi qu’à améliorer sa propre réputation.

Le deuxième Forum de la Ceinture et de la Route, qui s’est tenu à Pékin en 2019, a défini un élément central de la construction d’infrastructures de haute qualité à la fois propres et vertes. Un engagement de plus de charbon aiderait sûrement à réaliser cette ambition.

L’interdiction du charbon serait cohérente avec l’engagement de la Chine d’atteindre un pic carbone d’ici 2030 et la neutralité carbone d’ici 2060. L’intervalle entre ces deux échéances est déjà court. Une interdiction du charbon forcerait les principaux financiers du développement, tels que la China Development Bank et la China ExIm Bank ainsi que les banques commerciales, à adopter les meilleures pratiques. Cela accélérerait à son tour la transition vers un avenir vert pour les pays qui empruntent à la BRI.

Plus de 30 grandes institutions internationales sont des partenaires officiels de la BRI, dont les Nations Unies, le FMI et la Banque mondiale. Ces institutions privilégient les meilleures pratiques internationales. Une BRI sans charbon les aiderait à voir les investissements de l’initiative sous un jour positif.

Selon l’ONU, plus de 110 pays se sont engagés à devenir neutres en carbone d’ici 2050. Une économie sobre en carbone représente la plus grande opportunité commerciale de notre époque. Ceux qui vont résolument et rapidement dans cette direction en bénéficieront le plus.

La BRI doit être particulièrement attentive et réactive aux changements de politique des banques multilatérales de développement. Par exemple, la Banque européenne d’investissement cessera de financer des projets d’énergie fossile (y compris le pétrole, le gaz et le charbon) l’année prochaine. La Banque asiatique de développement n’a pas financé de centrale électrique au charbon depuis 2013 et a formellement interdit le charbon dans une proposition de politique énergétique en mai dernier. La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures suit le même chemin et devrait mettre à jour sa stratégie énergétique avec une interdiction de l’énergie au charbon plus tard cette année.

Jusqu’à présent, cent quarante pays ont expressément approuvé la BRI. Même certains pays occidentaux, dont l’Australie, le Canada, le Royaume-Uni et le Japon, ont choisi de bénéficier de l’initiative par le biais de la coopération sur les marchés tiers. En se déclarant sans charbon, nous pourrions nous attendre à ce que davantage de pays rejoignent cette équipe d’acclamations.

Je ne dis pas que la BRI a été critiquée uniquement en raison de ses normes peu élevées en matière de charbon. Il est stigmatisé principalement parce que les États-Unis se sentent menacés par la montée en puissance de la Chine. En n’engageant aucun financement pour de nouvelles centrales au charbon, la BRI peut récolter la bonne volonté de l’Occident, en particulier de l’Europe occidentale. Cela contribuera à saper la stratégie de Biden consistant à essayer d’isoler la Chine.

Afin de créer un monde meilleur pour nous tous, les normes vertes doivent être réalistes. L’Asie possède les gisements de charbon les plus riches, représentant 38 % des réserves mondiales. Comme il est bon marché et accessible pour de nombreux pays en développement, le charbon représente environ 40 pour cent de la consommation d’énergie en Asie, bien plus que la moyenne mondiale de 29 pour cent. Ce fait doit être reconnu.

Un BRI sans charbon ne peut pas signifier pas de charbon du tout, ni un arrêt immédiat de son utilisation. Au lieu de cela, les investissements dans les technologies du « charbon propre », telles que la capture et le stockage du carbone, pour rendre le charbon sale plus vert, devraient être encouragés pour les centrales électriques au charbon existantes. Cela leur permettra de l’éliminer progressivement. Et s’il doit y avoir une retraite anticipée du charbon, des alternatives doivent être disponibles et attractives.

À une époque d’incertitude et de déstabilisation toujours croissantes, il est préférable de considérer la BRI comme un nouveau couloir pour la coopération sino-occidentale. Mettre fin à l’utilisation du charbon par la BRI rend cela possible.

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