Lettre: les règles de l’UE sur la combustion de la biomasse pour l’énergie doivent être renforcées


L’éditorial du Financial Times («Les règles de l’UE en matière de finance verte doivent être durables», FT View, 21 avril) a raison de faire face aux problèmes abordés (ou plutôt non abordés) dans le document de taxonomie de l’UE, une liste d’activités jugées écologiquement durable, qui a été approuvée par la Commission européenne ce mois-ci.

L’éditorial cite correctement les militants pour le climat consternés par les règles assouplies de la taxonomie pour brûler du bois pour l’énergie.

L’éditorial aurait bien pu aller plus loin. Au cours de la dernière décennie, de loin la majorité des scientifiques sont convenus que la combustion du bois à des fins énergétiques est loin d’être neutre en CO2, comme cela est actuellement envisagé dans la législation européenne.

Les organisations vertes soutiennent progressivement ce point de vue, même si certains ont eu du mal à accepter que brûler de la biomasse dans certains cas ne vaut pas mieux que brûler du charbon et émet certainement plus de CO2 que le gaz naturel.

Les règles de taxonomie sont importantes pour garantir une comptabilisation correcte des émissions de CO2.

Mais ils sont devenus plus importants, avec l’exigence d’une grande partie de l’argent du fonds de relance Covid et les futures dépenses générales de l’UE soutenant la transition verte, et en particulier l’objectif de l’UE d’atteindre une réduction de 55% des émissions de CO2.

La conversion des centrales électriques alimentées au gaz naturel en biomasse ligneuse permettra, selon les règles européennes existantes, de bénéficier d’un soutien du fonds de relance.

Ceci en dépit du fait que la centrale biomasse émettra plus de deux fois plus de CO2 qu’avant et sans possibilité de récupérer plus d’une fraction modeste du CO2 avant 2030, grâce à la replantation d’arbres.

Si m’opposer à cette possibilité fait de moi un «puriste», je devrai l’accepter. Mais je préférerais être un puriste respectable plutôt qu’un défenseur du financement de ce qui prétend être vert mais qui n’a aucun sens en tant que tel. En fin de compte, la crédibilité de l’UE en tant que promoteur d’une politique climatique fondée sur la science est en jeu, quoi que les pays nordiques préconisent.

Jorgen Henningsen
Ancien directeur de la Commission européenne responsable du changement climatique (1989 à 1998), Copenhague, Danemark

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