Lettre : La répression du financement du commerce risque de priver les entreprises de capitaux


Mises à jour de la lettre

Votre couverture de la lettre « inhabituellement brutale » envoyée par la Financial Conduct Authority et la Prudential Regulation Authority aux directeurs généraux de banques concernant leurs activités de financement du commerce souligne l’objectif compréhensible des régulateurs britanniques d’améliorer les contrôles de la criminalité financière à la suite de plusieurs défaillances de marché très médiatisées. (« Les régulateurs britanniques demandent aux banques d’améliorer le financement du commerce », rapport, 10 septembre).

Il est cependant important de placer cette intervention dans un contexte plus large de deux manières importantes pour le bien de l’économie réelle.

Premièrement, une large couverture médiatique de l’effondrement des entreprises de produits de base et des petits financiers au cours des derniers mois risque de fausser la compréhension des véritables risques impliqués dans le financement du commerce. Les données qui seront publiées par la Chambre de commerce internationale plus tard ce mois-ci montreront que les taux de défaut sur les accords de financement du commerce communs sont restés extrêmement bas en 2020 malgré les effets économiques de Covid-19 – avec des dépréciations sur moins de 0,3% de toutes les transactions dans le monde. En d’autres termes, les cas de fraude de plusieurs millions de dollars peuvent constituer une bonne copie médiatique, mais ils sont vraiment l’exception dans un marché par ailleurs stable et à faible risque.

Deuxièmement, certaines des vulnérabilités identifiées par les régulateurs britanniques ne peuvent pas être résolues par les banques de manière isolée.

Pour prendre un exemple, votre article cite à juste titre les « systèmes papier archaïques » sur lesquels reposent la plupart des transactions de financement du commerce. Mais ceux-ci ne peuvent être rendus entièrement numériques – et donc plus résistants à la fraude et à la criminalité financière – que si des réformes politiques sont adoptées dans toutes les principales juridictions commerciales pour donner pleinement effet juridique aux documents commerciaux électroniques.

Dans le même ordre d’idées, des restrictions réglementaires artificielles continuent d’entraver le partage de renseignements sur la criminalité financière entre les banques.

Dans cette perspective, l’effort pour lutter contre les risques de criminalité financière dans le financement du commerce serait mieux poursuivi par les régulateurs de manière proportionnée et collaborative.

Agir autrement – ​​poussé par une focalisation étroite sur des défaillances rares mais très médiatisées du marché – risque de nuire au flux de capitaux essentiels vers les entreprises à un moment vital de la reprise après la pandémie de coronavirus.

John WH Denton
Secrétaire général, Chambre de commerce internationale, Paris, France

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