Lettre: La culture britannique des bonus est mauvaise pour la productivité


Dans son article «Pourquoi une fois que les pays qui réussissent sont laissés pour compte» (Opinion, 22 février), l’affirmation de Martin Wolf selon laquelle «il y a quatre conditions de succès» est erronée car sa liste exclut la condition essentielle de l’incitation.

Il a raison de juger que le ralentissement de la productivité du travail au cours de ce siècle est dû à la baisse de l’investissement des entreprises. Cependant, l’essentiel de ces activités est réalisé par de grandes sociétés cotées dont la direction a vu ses motivations radicalement modifiées dans les années 1990 avec l’arrivée de la culture du bonus, qui a modifié la manière dont elles étaient rémunérées.

La désincitation à investir qui en résulte est illustrée par le changement après 2000 de la réaction des entreprises en matière d’investissement aux changements de l’impôt sur les sociétés, la faiblesse des investissements des entreprises cotées par rapport aux non cotées et la hausse de la part des bénéfices distribués aux actionnaires sous forme de dividendes, de rachats et les prises de contrôle financées par la dette.

La description par Wolf de l’argument de David Sainsbury dans le même article suggère une confusion entre innovation et invention. Ils ne sont pas les mêmes.

L’innovation nécessite l’incorporation d’une nouvelle technologie dans l’équipement physique, qui a été contrecarrée par la culture du bonus. La dissuasion de la culture du bonus à l’investissement des entreprises est à l’origine de l’excédent net d’épargne prévu au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Nous souffrons d’une pénurie d’investissement plutôt que d’un excès d’épargne et il s’agit d’un problème structurel mal diagnostiqué comme cyclique. S’il avait été cyclique, il aurait été susceptible d’une combinaison de stimuli budgétaires et monétaires temporaires. Mais étant structurelle, elle exige que les stimuli soient permanents, de sorte que la dette augmente de manière insoutenable soit dans le secteur public si la relance est fiscale, soit dans le secteur privé si elle est monétaire, ou les deux.

Chris Giles rapporte que «la lenteur de la reprise risque d’exposer des tensions de relance au sein de la BoE» (rapport, 22 février).

Nous sommes de retour à Lilliput avec un débat sur de quelle extrémité un œuf à la coque doit être mangé. S’ils sont efficaces, les taux d’intérêt négatifs (Little-Endians) ou l’assouplissement quantitatif (Big-Endians) augmenteront la dette du secteur privé, politique qui s’avérera certainement insoutenable.

La politique nécessaire pour remédier au manque de croissance et au problème posé par l’excédent d’épargne net structurel ne sera introduite que lorsque les preuves qu’il est causé par la culture du bonus cesseront d’être ignorées.

Andrew Smithers
Londres W8, Royaume-Uni

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