« Les réalités géopolitiques ne changeront pas »


Le ministre de l’Économie et des finances espère de l’élu démocratique à la Maison Blanche une « attitude moins agressive », mais il ne se fait « aucune illusion ».

Après l’euphorie créée par l’élection de Joe Biden à la présidence des États-Unis, il faut raison garder. C’est en tout cas l’un des messages passés par Bruno Le Maire, dans une interview publiée au Journal du dimanche de ce jour, dans lequel il appelle les Européens à la prudence.

Le ministre de l’Economie et des Finances estime « espérer une nouvelle administration américaine une attitude moins agressive (…) Mais ne nous faisons aucune illusion: les réalités géopolitiques ne changeront pas ».

Bruno Le Maire rappelle notamment le contentieux entre Boeing et Airbus, qui se chiffre « à plusieurs milliards d’euros, avec un impact très important en termes de tarifs douaniers pour la viticulture ». Les conflits commerciaux entre les États-Unis et la Chine mettent également en place l’Europe dans une situation de faiblesse.

L’UE « doit donc affirmer sa souveraineté économique et politique dans ce jeu de puissance, comme le défend le président de la République depuis le début du quinquennat. Si vous n’avez pas accès à, à votre propre réseau 5G, à votre production d’hydrogène ou de batteries électriques, vous dépendez des États-Unis et de la Chine « .

« La compétition (…) restera la même »

Le bras de fer avec les Gafa reste un sujet de tension avec les Etats-Unis. L’Europe tente de s’opposer aux stratégies d’optimisation fiscale et de positions de monopoles avec les géants du numérique.

« La compétition (…) restera la même: l’Europe doit continuer à rétablir les règles de la concurrence, à refuser leurs monnaies numériques privées et à livrer le combat pour la juste taxation des géants du numérique. »

Sur ces sujets, la position de Washington n’a jamais été en faveur d’un règlement à l’amiable avec les Européens, même du temps de Barack Obama.

En 2015, lors d’un entretien au site Re / Code, le président américain -qui avait pour vice-président Joe Biden- avait durement attaqué l’UE sur des sujets tels que la protection des données personnelles, le droit à l’oubli ou la fiscalité. Selon Barack Obama, il ne retient que de « prétextes pour pénaliser et profiter du succès des entreprises américaines ».

Stéphane Richard, patron d’Orange, avait vivement réagi en rappelant que la puissance des Gafa en Europe s’est construite grâce aux infrastructures européennes. Pis, les déclarations du président Obama marquaient à ses yeux un retour au « colonialisme numérique » et que l’Europe n’avait pas vocation à être « le paillasson numérique de l’Amérique ».

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