L’entreprise technologique américaine Clearview AI a violé la loi canadienne sur la protection de la vie privée: rapport


La société de technologie américaine Clearview AI a violé les lois canadiennes sur la protection de la vie privée en recueillant des photos de Canadiens à leur insu ou sans leur consentement, a révélé une enquête menée par quatre commissaires à la protection de la vie privée du Canada.

Le rapport a révélé que la technologie de Clearview créait un risque important pour les individus en permettant aux forces de l’ordre et aux entreprises de faire correspondre les photos à sa base de données de plus de trois milliards d’images, y compris des Canadiens et des enfants.

« Ce que fait Clearview, c’est une surveillance de masse et c’est illégal », a déclaré le commissaire fédéral à la protection de la vie privée Daniel Therrien dans un communiqué. «Il est totalement inacceptable que des millions de personnes qui ne seront jamais impliquées dans aucun crime se retrouvent continuellement dans une file de la police.

« Pourtant, la société continue de prétendre que ses objectifs étaient appropriés, citant l’exigence en vertu de la loi fédérale sur la protection de la vie privée selon laquelle ses activités doivent être mises en balance avec les droits à la vie privée. »

Supprimez les photos de Canadiens dans la base de données, disent les commissaires

Les commissaires ont demandé à Clearview de cesser d’offrir sa technologie au Canada, de cesser de collecter des images de Canadiens et de supprimer les photos de Canadiens qu’elle avait déjà rassemblées dans sa base de données.

Si l’entreprise refuse de suivre les recommandations, les quatre commissaires à la protection de la vie privée « poursuivront d’autres actions disponibles en vertu de leurs lois respectives pour mettre Clearview en conformité avec les lois canadiennes », indique le communiqué.

Doug Mitchell, avocat de Clearview AI, a déclaré que la société collecte simplement des données publiques de la même manière que des entreprises comme Google.

« La technologie de Clearview AI n’est pas disponible au Canada et elle ne fonctionne pas au Canada. Quoi qu’il en soit, Clearview AI ne collecte que des informations publiques sur Internet, ce qui est explicitement autorisé en vertu de la LPRPDE », a écrit Mitchell dans un communiqué, publié quelques minutes après rendu public.

La LPRPDE est la Loi canadienne sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques

«La Cour d’appel fédérale a précédemment statué dans le contexte de la protection de la vie privée que les informations accessibles au public signifient exactement ce qu’elles disent:« disponibles ou accessibles par l’ensemble des citoyens »», a écrit Mitchell. « Il n’y a aucune raison d’appliquer une norme différente ici. »

Les experts en confidentialité disent que la technologie pourrait être utilisée à mauvais escient

Le rapport de quatre commissaires à la protection de la vie privée du Canada intervient près de sept mois après que Clearview a accepté de ne plus rendre son logiciel controversé de reconnaissance faciale disponible au Canada. Un certain nombre d’organismes d’application de la loi canadiens, dont la GRC, la police de Toronto et de Calgary, utilisaient la technologie de pointe pour aider à identifier les auteurs et les victimes de crimes.

Grâce à cette technologie, la police pouvait saisir l’image d’une victime ou d’un suspect et la comparer avec des milliards de photos qu’elle avait collectées sur Internet et sur les réseaux sociaux.

Cependant, les experts en protection de la vie privée ont exprimé des inquiétudes quant au fait que la technologie pourrait être utilisée à mauvais escient.

Alors que les services de police ont déclaré l’été dernier qu’ils avaient cessé d’utiliser Clearview AI, des questions subsistaient sur ce qu’il adviendrait des renseignements personnels des Canadiens que l’entreprise avait déjà recueillis et si l’entreprise cesserait de recueillir des renseignements personnels appartenant à des Canadiens.

«  Fier de notre bilan en matière d’assistance aux forces de l’ordre canadiennes  »

En juillet, le PDG de la société, Hoan Ton-That, a déclaré que la société avait cessé ses activités au Canada. Il a dit que les Canadiens pourraient se retirer des résultats de recherche de Clearview.

« Nous sommes fiers de notre bilan en aidant les forces de l’ordre canadiennes à résoudre certains des crimes les plus odieux, y compris les crimes contre les enfants », a déclaré Ton-That dans un communiqué à l’époque. « Nous continuerons de coopérer avec le (Commissariat à la protection de la vie privée) sur d’autres questions connexes. »

Dans le rapport, le commissaire fédéral à la protection de la vie privée et ses collègues du Québec, de la Colombie-Britannique et de l’Alberta ont constaté que Clearview recueillait des images au Canada et commercialisait activement ses services auprès des forces de police canadiennes. La GRC a payé pour ses services et 48 comptes ont été créés pour les organismes d’application de la loi canadiens.

Dans une enquête distincte, le bureau du commissaire fédéral à la protection de la vie privée examine la manière dont la GRC a utilisé la technologie de Clearview.

Plus tard…..

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