Le zéro net sera plus facile avec le nucléaire, selon le gestionnaire de réseau français : Energy & Environment


28 octobre 2021

La France peut atteindre son objectif de zéro émission nette d’ici 2050 grâce à l’efficacité énergétique et à l’électrification qui entraîneraient une augmentation de 35% de la demande d’électricité, a déclaré le gestionnaire de réseau français dans un nouveau rapport. Parmi les scénarios envisagés par Réseau de Transport d’Electricité (RTE), le moins cher implique la construction de 14 nouveaux grands réacteurs nucléaires de puissance, plus un parc de petits réacteurs modulaires, ainsi qu’un investissement important dans les énergies renouvelables.

(Photo : RTE)

Dans le cadre de son mandat légal et en réponse à une saisine du gouvernement, RTE a lancé en 2019 une vaste étude sur l’évolution du système électrique du pays, intitulée Avenir énergétique 2050. Les principaux résultats de l’étude ont été présentés par Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE et Thomas Veyrenc, directeur exécutif en charge du pôle Stratégie, Prospective et Evaluation, lors d’une conférence de presse le 25 octobre.

« Le système électrique français, contrairement à celui de la majorité de ses voisins, n’est pas basé sur les énergies fossiles », note le rapport. « Sa principale caractéristique est qu’il repose principalement sur un parc de 56 réacteurs nucléaires, pour la plupart construits et mis en service entre la fin des années 1970 et le début des années 1990… Aujourd’hui, il est incontestable qu’il constitue un atout majeur pour la France dans la lutte contre changement climatique en produisant de l’électricité en grande partie sans carbone en grandes quantités. »

Le nucléaire représente près de 75 % de la production électrique de la France, mais l’ancien président français François Hollande a déclaré qu’il avait l’intention de limiter sa part du mix de production électrique nationale à 50 % d’ici 2025, et de fermer Fessenheim – la plus ancienne centrale nucléaire du pays – d’ici le fin de son quinquennat, en mai 2017. En juin 2014, son gouvernement a annoncé que la capacité nucléaire serait plafonnée au niveau actuel de 63,2 GWe et limitée à 50 % de la production totale de la France d’ici 2025. Les Français Loi de transition énergétique pour la croissance verte, adoptée en août 2015, ne prévoyait pas l’arrêt des réacteurs de puissance actuellement en exploitation, mais obligeait EDF à fermer des réacteurs plus anciens pour en mettre en service de nouveaux. Cependant, dans le cadre d’un projet de loi sur l’énergie et le climat présenté en mai 2019, la France reportera désormais à 50 % son projet de réduction de la part du nucléaire dans son mix électrique de l’objectif actuel de 2025 à 2035.

Scénarios

RTE a étudié six scénarios qui considéraient les futurs mix énergétiques exclusivement basés sur les énergies renouvelables et ceux basés sur un mélange d’énergies renouvelables et de nucléaire. Les scénarios diffèrent principalement par la disponibilité de la capacité nucléaire.

« A court/moyen terme (2030-2035), la décision de fermer les réacteurs nucléaires est une question de choix politique », indique le rapport. « A l’heure actuelle, seules deux options existent pour augmenter le potentiel de production d’électricité décarbonée : maintenir les réacteurs nucléaires en fonctionnement (les échéances sont de toute façon trop rapprochées pour en construire de nouveaux) et développer les énergies renouvelables.

« A long terme (2050-2060), la fermeture des réacteurs nucléaires de deuxième génération est une contrainte industrielle : en plus d’accompagner l’augmentation attendue de la consommation d’électricité, le parc de production français devra être radicalement renouvelé pour remplacer la production dans l’ordre de 380-400 TWh par an.

« C’est dans cette perspective qu’il faut replacer les choix énergétiques que la France doit faire dans les années à venir : répondre au double enjeu d’une nécessaire augmentation des capacités de production d’électricité décarbonée et d’une fermeture programmée de la plupart des installations qui maintenant répondre à ce besoin. »

RTE affirme qu’atteindre la neutralité carbone est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables. Cependant, le faire sans nouveaux réacteurs nucléaires « implique des taux de développement des énergies renouvelables plus rapides que ceux qui ont été atteints jusqu’à présent par les pays européens les plus dynamiques ».

Il affirme que la nécessité de construire de nouvelles centrales thermiques basées sur des stocks de gaz décarboné (dont l’hydrogène) est importante si la relance du nucléaire est minime et qu’elle devient massive – et donc coûteuse – si le système énergétique est basé sur 100 % d’énergies renouvelables. .

« économiquement pertinent »

La construction de nouveaux réacteurs est « économiquement pertinente », précise RTE, d’autant plus qu’elle permet de maintenir un parc d’environ 40 GW en 2050 (avec une combinaison d’unités existantes et nouvelles). L’étude conclut « avec un bon niveau de confiance » que des scénarios incluant au moins un parc nucléaire de 40 GW peuvent conduire, à terme, à des coûts inférieurs pour la collectivité « qu’un scénario 100 % renouvelable basé sur de grands parcs ».

L’un des scénarios étudiés par RTE est celui d’une capacité de production nucléaire de 50 GW en 2050. Cela implique, dit-il, d’étendre à 60 ans l’exploitation de la plupart des réacteurs existants, pour mettre en service 14 nouveaux réacteurs de type EPR2 entre 2035 et 2050 ( majoritairement entre 2040 et 2050) et d’installer en plus une capacité importante de petits réacteurs nucléaires. Une telle capacité de production nucléaire « devrait produire environ 325 TWh en 2050. Un tel volume équivaut, dans la trajectoire de consommation de référence, à environ 50 % de la production nationale ».

Atteindre un système d’électricité neutre en carbone d’ici 2050 peut être atteint à un « coût raisonnable » pour la France, RTE dit. D’ici 2030, le pays devrait développer au plus vite les énergies renouvelables matures et l’extension de l’exploitation des réacteurs nucléaires existants augmente les chances d’atteindre l’objectif de 55 % de réduction des émissions.

Cependant, il note : « Quel que soit le scénario choisi, il y a urgence à se mobiliser.

Recherche et rédaction par World Nuclear News



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