Le président français répond aux chants du « tueur Macron » lors d’un rassemblement pour son rival d’extrême droite Zemmour


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Alors que la saison de la campagne présidentielle française de 2022 a officiellement débuté lundi, le président français Emmanuel Macron a pris pour cible le candidat d’extrême droite anti-immigration Eric Zemmour pour avoir permis à ses partisans d’accuser le président sortant de laisser entrer des « criminels » étrangers dans le pays en scandant  » Macron tueur ».

Passant de son poste élevé de chef de l’État à la politique intérieure agitée, Macron a entamé la campagne électorale dans la ville orientale de Dijon avec une promenade pré-électorale classique et une visite dans un lycée.

Il a été interrogé sur les images du week-end d’un rassemblement Zemmour à Paris au cours duquel la foule a scandé « Tueur Macron » alors que le candidat anti-immigration accusait le gouvernement de laisser entrer des « criminels » étrangers dans le pays.

Zemmour rallie les supporters au Trocadéro à Paris

Le candidat d'extrême droite Eric Zemmour rallie des partisans au Trocadéro à Paris.
Le candidat d’extrême droite Eric Zemmour rallie des partisans au Trocadéro à Paris. ©AP Photo/Lewis Joly

Les amis et les ennemis du président sortant ont reproché à Zemmour de ne pas avoir condamné les chants, que l’équipe du candidat d’extrême droite affirme ne pas avoir entendus.

« Il y a deux théories : la première est qu’il s’agit d’un acte honteux, ce qui semble être le plus crédible, mais ce n’est pas une surprise », a déclaré Macron aux journalistes sous un soleil printanier.

« La deuxième, c’est qu’il y a une méconnaissance d’une réforme très importante pendant mon mandat », a-t-il ajouté, avant d’expliquer comment le coût des appareils auditifs était désormais entièrement pris en charge par la sécurité sociale française.

« J’invite le candidat malentendant à se débrouiller à moindre frais », a ironisé Macron.

Le président français n’a pas été le seul à arrondir Zemmour, qui occupe la quatrième place avec environ 11% de soutien.

La conservatrice dominante Valérie Pécresse, qui suit Zemmour dans la plupart des sondages, faisait partie de ceux qui ont critiqué l’ancien expert pour avoir permis à la foule de continuer à chanter.

« Je combattrai le président sortant de toutes mes forces mais laisser un adversaire être traité d’assassin est dangereux pour la république. Ce n’est certainement pas le bon ! Ce n’est pas ma France », a tweeté Pécresse.


Christophe Castaner, qui dirige le groupe au pouvoir LREM à l’Assemblée nationale, la chambre basse du parlement français, a déclaré que Zemmour était « irresponsable » d’avoir laissé les chants continuer.

Course « toujours ouverte »

La ligne de lundi a marqué le début de la période de campagne officielle précédant le premier tour des élections, les 12 candidats en lice ayant désormais droit à un temps et un espace égaux dans les médias.

Les deux meilleurs candidats du premier tour se qualifieront pour un second tour le 24 avril.

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Jusqu’à présent, Macron est resté délibérément en dehors de la campagne et a refusé de s’engager directement avec ses adversaires, insistant sur le fait qu’il a dû se concentrer sur la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine.

Il est le favori actuel pour gagner, la guerre en Ukraine étant considérée comme l’aidant à se faire connaître. La candidate d’extrême droite vétéran Marine Le Pen se présente à la deuxième place, selon les sondages.

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LA PERSPECTIVE
LA PERSPECTIVE © FRANCE 24

Un nouveau sondage du groupe Ipsos/Sopra Steria publié lundi dans le journal Le Monde a montré que Macron avait 28% d’avance sur le premier tour, en baisse d’un point, tandis que Le Pen avait gagné 1,5 point à 17,5%.

Le Pen continue de mener une campagne discrète qui l’a vue atténuer sa rhétorique dure habituelle sur l’immigration en faveur de se concentrer sur le revenu des ménages, la plus grande priorité des électeurs.

Zemmour, qui a grimpé en flèche dans les sondages d’opinion en septembre et octobre de l’année dernière tout en taquinant ses ambitions présidentielles, a été dépassé par l’instigateur de gauche Jean-Luc Mélenchon, qui a rassemblé dimanche des dizaines de milliers de partisans à Marseille.

Frédéric Dabi, l’un des principaux experts en sondages du groupe Ifop, a souligné que la course restait imprévisible malgré la force apparente de Macron dans les sondages auprès des électeurs.

« Quand je vois un si faible intérêt pour la campagne, quand je vois qu’un quart des Français ne se sont pas décidés… les choses peuvent encore changer », a-t-il déclaré à la chaîne Public Sénat.

(FRANCE 24 avec AFP)



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