Le patron d’Orange écope d’un an de prison avec sursis


Le PDG d’Orange, Stéphane Richard, a été condamné à un an de prison avec sursis par une cour d’appel française dans une affaire de fraude centrée sur l’homme d’affaires décédé Bernard Tapie, laissant son avenir dans la société de télécommunications en jeu.

Richard, qui était à la tête d’Orange depuis 2011, avait déjà été acquitté dans cette affaire de longue date, qui concerne un poste qu’il occupait autrefois au gouvernement en tant que directeur de cabinet de Christine Lagarde, alors ministre des Finances.

Les procureurs avaient requis une peine de trois ans contre Richard. Il a été acquitté d’un chef de fraude, selon la décision de justice de mercredi, mais reconnu coupable de complicité dans l’utilisation abusive de fonds publics, condamné à une peine avec sursis ainsi qu’à une amende de 50 000 €.

Orange, le plus grand groupe de télécommunications français, a refusé de commenter l’affaire, qui n’est pas liée à l’entreprise. Mais le conseil d’administration d’Orange devait se réunir plus tard mercredi pour discuter de la position de Richard et s’il pouvait continuer, ont déclaré des personnes proches du dossier.

L’État français détient une participation minoritaire dans Orange, et le ministre des Finances Bruno Le Maire a précédemment déclaré que les hauts dirigeants des entreprises soutenues par le gouvernement devraient partir s’ils sont reconnus coupables d’un crime.

L’affaire est centrée sur un paiement de 403 millions d’euros accordé par le gouvernement à Tapie, qui avait accusé l’État de l’avoir fraudé dans le cadre d’un accord commercial il y a près de trois décennies, lorsqu’il a vendu une participation dans le groupe de vêtements de sport Adidas à une banque publique.

Le règlement avait été approuvé par Lagarde, qui travaillait alors aux côtés de Richard, mais le paiement a ensuite été critiqué comme étant excessif au milieu d’accusations selon lesquelles il s’agissait d’une récompense secrète pour le soutien de Tapie à l’ancien président Nicolas Sarkozy pendant sa campagne électorale.

Tapie, connu en France comme l’ancien président du club de football de l’Olympique de Marseille, est décédé en octobre. Lagarde, aujourd’hui chef de la Banque centrale européenne, a été reconnu coupable en 2016 de négligence dans l’exercice d’une fonction publique.

Richard a longtemps nié les actes répréhensibles et a déclaré qu’il rejetait toutes les accusations portées contre lui et qu’il ferait appel du verdict devant une juridiction supérieure. Il a ajouté que son mandat chez Orange était « entre les mains du conseil d’administration d’Orange ».

Orange a deux chefs « délégués » qui pourraient intervenir en cas de remplacement de Richard – Gervais Pellissier, qui occupe des postes de direction chez Orange depuis 2005 et directeur adjoint depuis 2009, et Ramon Fernandez, ancien conseiller du gouvernement, qui a été adjoint. chef depuis 2014.

Depuis qu’il est au sommet, Richard a été un fer de lance chez Orange, qui se remettait d’une crise déclenchée par une vague de suicides de membres du personnel lorsqu’il a pris la relève. Sa nomination a coïncidé avec une période tumultueuse dans les télécoms françaises suite à la montée en puissance de concurrents agressifs comme Altice, qui a acquis SFR et Numericable, et Iliad de Xavier Niel.

Orange, l’une des plus grandes sociétés de télécommunications d’Europe aux côtés de Deutsche Telekom et Vodafone, a tenté de relancer sa croissance avec des acquisitions à l’étranger et des incursions dans différents secteurs, notamment les médias et la banque. Plus récemment, elle s’est concentrée sur la création de valeur en séparant ses activités de tours en une nouvelle société appelée Totem et en poursuivant des accords sur certains marchés pour y renforcer ses bases, notamment la Roumanie et la Belgique.

Le mandat de Richard a cependant été éclipsé par les allégations de Tapie. Il avait précédemment fait valoir que sa destitution déstabiliserait l’entreprise, y compris en 2018 lorsque le gouvernement français l’a soutenu pour un nouveau mandat malgré la perspective d’un procès pour fraude dommageable.

Reportage complémentaire de Domitille Alain à Paris

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