Le patron de la SocGen, Frédéric Oudéa, démissionne après 15 ans de mandat
Frédéric Oudéa, le plus ancien directeur général d’une grande banque européenne, quittera ses fonctions à la tête de la Société Générale en mai prochain, mettant fin à un mandat remontant à la dernière crise financière.
Oudéa, 58 ans, a annoncé mardi lors de l’assemblée générale annuelle de la SocGen, basée à Paris, qu’il ne solliciterait pas de renouvellement après l’expiration de son mandat le 23 mai de l’année prochaine.
« Le conseil d’administration a pris acte de la décision de Frédéric Oudéa et lui a renouvelé sa confiance pour diriger le groupe jusqu’à cette date », a indiqué la société.
Le président de la SocGen, Lorenzo Bini Smaghi, a déclaré que le conseil d’administration avait entamé un processus de sélection du successeur d’Oudéa, qu’il prévoyait d’achever d’ici la fin de cette année.
Oudéa a été parachuté à la tête de la SocGen en 2008 à la suite d’un tristement célèbre scandale commercial voyou, lorsque Jérôme Kerviel a perdu le prêteur 4,9 milliards d’euros. Depuis lors, la banque a vacillé d’une crise à l’autre et a traversé diverses restructurations, Oudéa naviguant dans les difficultés financières mondiales et de la zone euro.
Oudéa a également dû faire face à une série d’affaires judiciaires – notamment des pots-de-vin en Libye, des manipulations du Libor et des violations des sanctions dans des pays comme Cuba, l’Iran et le Soudan – et des résultats subis en 2020 en partie à cause des pertes de la précieuse unité de dérivés sur actions de la banque. alors que les marchés étaient secoués par la pandémie.
La banque avait montré des signes de rajeunissement au cours des 18 derniers mois, mais a ensuite perdu un tiers de sa valeur marchande depuis février suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
SocGen fait partie d’un petit nombre de banques occidentales fortement exposées à la Russie. Le groupe a annoncé qu’il annulerait 3,1 milliards d’euros en cédant sa filiale Rosbank au véhicule d’investissement de Vladimir Potanine, l’un des hommes les plus riches de Russie.
Oudéa, diplômé de l’élite École Polytechnique de Paris qui a travaillé sous l’ancien président français, puis ministre, Nicolas Sarkozy dans les années 1990, a rejoint SocGen en 1995 et est devenu directeur financier en 2005.
Il a subi la pression des actionnaires à plusieurs reprises tout au long de son parcours à la banque en raison de ses mauvaises performances, mais a réussi à survivre. Oudéa a combiné les rôles de directeur général avec celui de président jusqu’en 2015, date à laquelle la banque a cédé à la pression des régulateurs et a divisé les rôles.
Pendant son mandat de directeur général, le cours de l’action de la société a chuté de 65 %. Le gestionnaire de fonds américain Capital Group, qui était le principal actionnaire de la banque, a réduit sa participation de 7,8% à 4,8% ce mois-ci.
Oudéa a été président de la Fédération bancaire européenne entre 2014 et 2016.
Ces dernières années, plusieurs successeurs internes potentiels ont quitté la banque, dont Philippe Heim, un ancien directeur financier parti rejoindre La Banque Postale. Le directeur général adjoint Didier Valet a démissionné en 2018 à la suite d’une enquête américaine sur les tentatives présumées de SocGen de manipuler la référence du taux d’intérêt Libor.
En novembre dernier, le directeur financier William Kadouch-Chassaing, un vétéran de 14 ans de la banque, est parti pour rejoindre le groupe d’investissement français Eurazeo.
Par ailleurs, l’ancien condisciple d’Oudéa à l’École polytechnique, Jean Pierre Mustier, qui a quitté la SocGen suite au scandale Kerviel, a été évoqué comme successeur potentiel depuis son départ d’UniCredit en février dernier.