Le mystère Québec | L’actualité


Sur le plan statistique, il est normal que des sous-échantillons régionaux de sondages réalisés à la grandeur du Canada contiennent davantage de « bruit », c’est-à-dire qu’ils contiennent une bonne partie d’imprécisions dans leurs résultats. Pour les sondages probabilistes, la marge d’erreur diminue proportionnellement à la racine carrée de la taille de l’échantillon. Ainsi, un échantillon de 1 000 répondants possède une marge d’erreur d’environ 3 %, alors qu’un sous-échantillon de ce même sondage (disons 230 répondants, puisque la population du Québec est d’environ 23 % celle du Canada ) aurait une marge d’erreur de plus ou moins 6 %. De sorte que l’appui à une partie X mesurée à 30 % pourrait plutôt se situer à 24 % ou à 36 %. C’est pourquoi il faut toujours se méfier.

Ou, au cours de la dernière semaine, les sondages fédéraux au Québec ont atteint des fluctuations d’une amplitude hors de l’ordinaire.

Par exemple : dans les dernières heures, les maisons EKOS et Nanos Research indiquaient des appuis au Bloc québécois sous la barre des 20 %, soit moins que lors des élections désastreuses de 2011 et 2015 ! Toutefois, Ipsos accordait plutôt 34 % au Bloc québécois mercredi. De son côté, Abacus Data enregistrait un 31 %. La semaine dernière, juste avant le débat du réseau TVA, Léger accordait au parti indépendantiste des appuis de 28 % selon un sondage uniquement québécois de plus de 3 000 répondants. Évidemment, même en considérant les fluctuations normales des sondages et de leurs sous-échantillons, ces chiffres peuvent difficilement coexister dans le même écosystème politique.

Est-ce signe que l’électorat québécois demeure encore fortement volatile au moins de deux semaines de vote ? C’est une hypothèse plausible.

Voici les sondages fédéraux au Québec depuis le début de la campagne (vous pouvez consulter la liste complète ici) :

Les tendances peuvent-elles décélérer grâce à ces données pour le moins éparpillées ? Le Parti libéral du Canada (PLC) semble encore en tête des intentions de vote au Québec, mais, avec une moyenne d’à peine 34 %, nous sommes bien loin d’une domination rouge. Le Bloc québécois se trouve en général sous son résultat de 2019, mais semble toujours bien ancré en deuxième place devant les conservateurs qui, eux, affichent des chiffres modestement plus élevés au Québec (et ailleurs au Canada) qu’au moment de la dissolution de la Chambre des communes le 15 août dernier.

En ce qui concerne le nombre de sièges, le PLC est toujours bien enregistré pour au moins conserver ses acquis au Québec et pourrait-être même enregistrer quelques gains à la faveur de la division du vote entre le Bloc et le Parti conservateur du Canada ( PCC).

D’ailleurs, tant le PCC que le Nouveau Parti démocratique (NPD) semblent en croissance dans la dernière semaine au Québec. Ainsi, des circonscriptions comme Beauport–Limoilou et Trois-Rivières, toutes deux remportées par le Bloc en 2019, pourrait tomber aux mains du PCC. Aussi, le retour de l’ancienne députée Ruth Ellen Brosseau pourrait faire basculer Berthier–Maskinongé dans le giron du NPD. De plus, le NPD peut commencer à avoir des prétentions sur les sièges de Laurier–Sainte-Marie et Sherbrooke.

Voici l’état des 78 circonscriptions fédérales au Québec :

Le PLC possède les bases plus solides de tous les partis au Québec, avec 24 circonscriptions considérées comme solides et 4 autres comme probables. Le Parti conservateur commun de neuf circonscriptions solides, contre cinq pour le Bloc. Quant au NPD, seul le comté de Rosemont–La Petite-Patrie à Montréal est projeté comme solide au Québec.

(Vous pouvez consulter la liste complète des projections des circonscriptions québécoises ici.)

Malgré tout, il n’y a que très peu de certitude dans le portrait actuel au Québec. Sur les 78 circonscriptions fédérales québécoises, pas moins de 25 d’entre elles son considérée comme enclines ou pivots, c’est-à-dire que leur allégeance est loin d’être confirmée. Il s’agit d’un nombre considérable à seulement 12 jours des élections.

Le deuxième et dernier débat des chefs en français sera la dernière occasion pour ces chefs de parti de s’adresser directement à la majorité francophone du Québec. Parviendront-ils à faire bouger l’aiguille en leur faveur ?

Nous surveillerons les chiffres de près au cours des prochains jours.

Laisser un commentaire