Le ministre français des Finances exhorte les États-Unis à mettre fin à l’acrimonie commerciale avec l’Europe


Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a appelé jeudi les Etats-Unis à mettre fin aux rivalités commerciales avec l’Europe, soulignant qu’une France et une Europe « fortes » sont dans l’intérêt de l’Amérique.

« Mon message à l’administration américaine sur ces questions commerciales est très clair : débarrassons-nous au plus vite de ces zones de tension entre les Etats-Unis et l’Europe », a-t-il déclaré dans un entretien à l’AFP.

Le Maire devait rencontrer des responsables de la Maison Blanche en marge des réunions de cette semaine du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.

Un point clé de tension dans les relations transatlantiques reste le différend sur l’acier et l’aluminium.

L’ancien président américain Donald Trump a imposé en juin 2018 des tarifs punitifs de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium, invoquant des problèmes de sécurité nationale. Les droits s’appliquaient aux alliés et aux rivaux des États-Unis et ont suscité des représailles rapides de la part de l’Europe.

Joe Biden a succédé à Trump en tant que président en janvier, mais n’a pas décidé de lever les tarifs.

« Il y a eu des progrès » dans les négociations commerciales mais « il y a encore des écueils », a déclaré Le Maire.

Les deux parties ont jusqu’au 1er décembre pour régler l’affaire.

Le ministre français a suggéré que les parties devraient prendre « quelques mois » pour trouver une solution définitive qui mettrait fin aux risques d’une guerre commerciale – quelque chose qui, selon lui, appartient « à une époque révolue ».

Il a qualifié les conflits d' »inutiles » et de « contre-productifs ».

De plus, « ils nous empêchent de travailler sur des sujets beaucoup plus importants » comme la résolution de difficultés dans les chaînes d’approvisionnement notamment des semi-conducteurs.

Les responsables des finances réunis pour les réunions du FMI, de la Banque mondiale, du G20 et du G7 se sont concentrés sur les goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement qui ont créé des pénuries de matières premières clés dans de nombreux pays, faisant grimper les prix et menaçant la croissance mondiale.

Le Maire a fait écho aux commentaires de Biden mercredi, citant la nécessité « d’acquérir notre indépendance sur les semi-conducteurs », l’énergie et d’autres éléments.

– Partenaire fiable et attractif –

Les pays ne peuvent plus accepter une situation où les usines automobiles fonctionnent à moitié de leur capacité, car elles dépendent de semi-conducteurs provenant exclusivement de Taïwan, de Corée du Sud ou d’ailleurs, a-t-il soutenu.

Mais cette évolution vers l’autosuffisance dans le secteur manufacturier ne devrait pas être considérée par Washington comme une menace.

« Une Europe plus indépendante, qui a ses propres technologies, ses propres chaînes de valeur, ce n’est pas contre les Etats-Unis, c’est bon pour les Etats-Unis », a-t-il insisté.

Et la France est « un partenaire fiable, attractif et puissant en Europe » pour les Etats-Unis, et un lieu attractif pour les investissements américains, a-t-il déclaré. Mais malheureusement, ce message « n’est pas toujours compris à Washington ».

Concernant la Chine, Le Maire a plaidé pour une approche pragmatique plutôt qu’accusatoire.

La stratégie américaine est de « s’opposer » à la montée en puissance de la Chine, tandis que les Européens veulent « engager » Pékin sur les questions de propriété intellectuelle, d’accès au marché et de droits de l’homme.

« Je pense que la seule bonne solution est d’échanger le plus possible avec nos partenaires américains, de regarder sujet par sujet quelle approche nous adoptons, et de continuer à coopérer, pour discuter de ce sujet stratégique pour le 21e siècle : la montée de la Chine , » il a dit.

Dt/jum/hs/mlm

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