Le « jeu des chaluts » : des filets de pêche intelligents pourraient sauver des millions de créatures marines


Pour réduire le nombre d’espèces marines capturées involontairement dans les filets de pêche, l’Institut océanographique français Ifremer teste des chaluts intelligents. On espère que ces chaluts pourront trier les poissons dans l’eau, avant que les engins de pêche ne soient embarqués, ce qui réduira les décès inutiles.

Le chalutage est une méthode de pêche largement utilisée qui consiste à remorquer un énorme filet derrière un bateau de pêche. Bien que tous les types de chalutage nuisent à l’environnement, la pire méthode est appelée chalutage de fond.

Dans ce cas, un filet large et lourd – souvent de la taille de quelques terrains de football – est traîné le long du fond marin, capturant tout ce qu’il rencontre. Pour cette raison, un grand nombre d’espèces marines finissent par mourir, même si elles ne sont pas la cible visée.

Chaque année, 20 millions de tonnes de poisson – environ un quart des captures marines mondiales – sont rejetées en mer ou ramenées à quai où elles ne sont pas exploitées, selon le Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Le jeu des chaluts

Avec d’autres partenaires, dont l’Université de Bretagne Sud (UBS), le comité des pêches du Morbihan et la société Marport, spécialisée dans les capteurs de haute technologie, l’Ifremer pilote un projet baptisé Jeu de chaluts. Le nom est une référence à la série télévisée à succès « Games of Thrones » et également un acronyme de Giving Artificial, Monitoring intelligence to Fishing Trawls.

Dans le cadre du projet, l’équipe a appliqué les dernières solutions technologiques, telles que l’IA, aux engins de pêche. À l’aide d’un réseau de capteurs et de caméras, ils utilisent la vision par ordinateur pour détecter et identifier en temps réel les espèces qui pénètrent dans les filets de pêche.

De cette façon, les pêcheurs peuvent sélectionner les espèces spécifiques qu’ils souhaitent, leur taille et leur abondance avant de ramener le filet à bord du bateau.

« Ça ne m’intéresse pas d’avoir le poisson sur le pont et de le trier une fois qu’il est mort, je préfère le trier sur le fond », explique Eric Guygniec, patron de la société de pêche Apak et partenaire du projet.

Avec un tel appareil « on sait à tout moment ce qui se passe dans le filet, la taille du poisson et l’espèce, et si l’espèce ne nous intéresse pas on peut ouvrir un piège ».

Pourtant, sur les quais, certains marins s’inquiètent du coût d’un tel appareil.

« Pouvons-nous acheter un chalut comme celui-ci bourré de technologie ? » se demande un pêcheur de Lorient qui n’a pas souhaité donner son nom.

Il dit avoir récemment mis son bateau en vente car les contraintes de son métier sont déjà « trop lourdes ».

Regardez la vidéo pour en savoir plus sur ce projet.

Laisser un commentaire