Le gouvernement et le parlement français se trompent sur la question de Taïwan


Une vue générale montre une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris le 23 novembre 2021. Photo : AFP

Une vue générale montre une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale à Paris le 23 novembre 2021. Photo : AFP

L’Assemblée nationale française a adopté lundi une résolution soutenant la participation de l’île de Taïwan aux forums internationaux, selon les médias. Pour une grande puissance comme la France, toute décision n’est pas issue d’une cause unique, mais d’une réflexion approfondie et d’un calcul minutieux.

Premièrement, la Lituanie a touché à plusieurs reprises à la ligne rouge de la Chine concernant la question de Taiwan. En réponse, la Chine a décidé de rétrograder ses relations diplomatiques avec la Lituanie au niveau de chargé d’affaires. La Lituanie étant un État membre de l’UE, la France, étant une puissance majeure du bloc, doit faire un geste pour montrer l’unité de l’UE.

Deuxièmement, en jouant la carte de Taïwan, la France essaie de tester les résultats de la Chine et de mettre la pression sur la Chine, pour tenter d’obtenir des avantages lors des négociations avec la Chine.

Troisièmement, l’île de Taïwan a obtenu de bons résultats dans l’industrie des semi-conducteurs. Il est probable que la France espère également obtenir des avantages économiques en montrant un certain soutien à l’île.

Quatrièmement, la provocation de la France envers la Chine sur la question de Taiwan est également influencée par les États-Unis. Paris doit encore tenir compte du point de vue de Washington lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes.

Par ailleurs, la prochaine élection présidentielle française est prévue en avril 2022. Le président Emmanuel Macron a donc désormais tendance à s’imposer sur le plan diplomatique. Par ailleurs, la France assumera la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2022. Dans ce contexte, la France entend poser quelques gestes sur des dossiers sensibles.

L’Assemblée nationale a maintenant exprimé son soutien à l’île de Taïwan, mais il est prévu que ni le président français ni le Premier ministre ne s’en feront l’écho. La France se livre à un jeu politique prudent. Si la Chine exprime son mécontentement à l’égard de cette décision, le gouvernement français peut renvoyer la balle à l’Assemblée nationale. Cela peut donner à Paris une marge de manœuvre plus flexible pour traiter avec la Chine.

De plus, la France est différente de la Lituanie. Les trois pays baltes ont très peu de dépendance économique vis-à-vis de la Chine. Ils s’appuient sur l’UE en matière politique et sur l’OTAN en matière de sécurité. Ils pensent que s’accrocher étroitement aux États-Unis pourrait apporter plus d’avantages. Mais la France a ses propres calculs. Elle entretient des liens économiques étroits, ainsi qu’une coopération politique multiple avec la Chine. Si la France marche sur la ligne rouge de la question de Taiwan, provoque la Chine, elle subira plus de pertes que de gains. Paris espère maximiser ses intérêts à travers une soi-disant résolution. Mais il s’efforcera d’éviter des pertes énormes pour cette résolution. Ces politiciens sont astucieux à cet égard.

En octobre, une délégation du Sénat français s’est rendue à Taïwan. Pour ces sénateurs, faire des gestes irréfléchis sur la question de Taïwan vise à attirer l’attention, à gagner des voix et des gains politiques personnels.

Il existe en Europe une tendance négative à la fragmentation de l’arène politique. Des petits partis politiques radicaux voient le jour. Dans de telles circonstances, il est difficile de former une position unifiée.

Afin de renforcer leur propre force, ces petits partis continuent d’élever la voix, rendant l’environnement politique de plus en plus polarisé. En conséquence, les politiciens sacrifient même leurs intérêts nationaux pour le bien des politiques et des intérêts de leurs propres partis.

De nombreux Européens sont très clairs sur ce que la question de Taiwan signifie pour la Chine. Mais certains politiciens continueraient de faire des choses irrationnelles et incorrectes, encourageant une mentalité radicale pour leur survie.

Le nouveau gouvernement allemand a été mis en place. La France passera par ses élections législatives l’année prochaine. La fragmentation politique en Europe peut devenir de plus en plus sévère. Les pays du continent espéraient autrefois avoir une voix unique et unie envers le monde extérieur, mais il deviendra de plus en plus difficile de parvenir à un consensus. Cela ne manquera pas d’affecter la stabilité de la politique étrangère de l’UE, y compris sa politique chinoise. Dans les années à venir, la politique de l’UE en Chine pourrait connaître une période d’ajustements.

On ne peut négliger les avantages considérables de la coopération entre la Chine et l’Europe. Mais la concurrence entre les deux parties est également de plus en plus féroce. Les Européens se concentrent de plus en plus sur la concurrence. En partie à l’instigation des États-Unis, la vigilance de l’ensemble du monde occidental envers la Chine est de plus en plus forte.

Dans ce contexte, il peut être difficile pour les relations Chine-UE d’avoir une grande coopération et de faire de grands progrès. Lorsque les deux parties interagissent dans les années à venir, elles doivent gérer correctement la concurrence, les différences et les frictions tout en coopérant. Les deux parties devraient trouver une voie appropriée pour s’entendre au milieu de la coopération et de la concurrence.

L’auteur est professeur à l’École des relations internationales de l’Université des études étrangères de Pékin. opinion@globaltimes.com.cn

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