le chef indigène Raoni porte plainte contre Jair Bolsonaro pour crimes contre l’humanité


Le cacique Raoni, leader indigène de la communauté kayapo, dans le village de Piaracu, près de Sao Jose do Xingu, dans l'État de Mato Grosso, au Brésil, le 15 janvier 2020.

Le cacique Raoni utilise convié à un face-à-face. Une rencontre entre chefs. Mais le président du Brésil n’a jamais répondu. Cette fois, Raoni Metuktire donne rendez-vous à Jair Bolsonaro devant la justice internationale. Le 22 janvier, son avocat, le Français William Bourdon, a adressé une plainte à la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, au nom du chef kayapo et de son homologue, Almir Surui, chef des Paiter-Surui. Elle accuse Jair Bolsonaro et plusieurs de ses ministres de crimes contre l’humanité pour meurtres, d’extermination, de transferts forcés de population, de mise en esclavage et de persécutions commises contre les autochtones de l’Amazonie.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cacique Raoni: «Bolsonaro a toujours incité à la violence contre nous»

«Je n’aime pas les conflits, je n’aime pas les problèmes entre chefs», a prévenu, dans un entretien par vidéo réalisé début décembre 2020, à travers un interprète, le chef Raoni. «Je ne veux pas avoir de conflit avec les chefs blancs. Mais le problème est que Bolsonaro attaque trop les indigènes. »

Le document de 65 pages, qui sont annexées 21 pièces à conviction, est désormais sur le bureau de la procureure Fatou Bensouda, et dénonce la politique de Jair Bolsonaro depuis son arrivée au pouvoir, en janvier 2019. Une politique visant à «Piller les richesses de l’Amazonie» en imposant «Des conditions de vie insupportables aux autochtones de certaines régions, afin de les forcer à se déplacer de territoires convoités par les agriculteurs», écrit Me Bourdon. Les indigènes ont déjà payé le prix lourd d’une déforestation à marche forcée, souligne la plainte, avec notamment l’assassinat d’au moins sept chefs autochtones.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brésil: la détresse des indigènes face au mépris de Jair Bolsonaro

Politique «criminelle»

«Jair Bolsonaro a pour projet politique de diminuer la surface des territoires autochtones afin d’étendre la superficie disponible pour l’exploitation agro-industrielle», lit-on dans la plainte, qui tente de démonter les rouages ​​d’une politique «Criminelle». Il y a eu, d’abord, cette «Militarisation» des questions environnementales par le gouvernement, dont les ministres visés par les plaignants, Ricardo Salles pour l’environnement, Tereza Cristina à l’agriculture, Paulo Guedes à l’économie et Sergio Moro pour la justice (il a quitté ses fonctions en avril 2020 ), seraient responsables.

Le document est accompagné de plusieurs témoignages et analyse une série de rapports d’ONG, d’organisations internationales et de décisions prises depuis l’arrivée au pouvoir de M. Bolsonaro. Il reprend notamment un rapport publié par Amazon Watch, affirmant qu ‘«Une faction dominante et conservatrice du puissant secteur agro-industriel du pays, connue sous le nom de «Ruralistas», aide à piloter le programme de Bolsonaro pour l’Amazonie ».

Il vous reste 58,3% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Laisser un commentaire