Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique attendu à Téhéran


PROGRAMME NUCLÉAIRE IRANIEN

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, était attendu hier à Téhéran pour des discussions sur la levée des sanctions américaines.

Cette visite intervient avant la date limite fixée au 21 février par le Parlement iranien pour restreindre certaines inspections de l’AIEA. Il a rassuré néanmoins qu’il ne cesserait pas de collaborer avec l’agence onusienne et de ne pas expulser ses inspecteurs.

Téhéran a fait part de son intention de cesser «de mettre en œuvre des mesures unilatérales de transparence», notamment l’accès des inspecteurs de l’AIEA à des installations non nucléaires, y compris des sites militaires suspects, si Washington ne lève pas ses sanctions imposées depuis 2018. Les nouvelles mesures entreront en vigueur à partir de mardi, selon l’ambassadeur d’Iran auprès de l’AIEA.

Lors de son discours prononcé vendredi, le président américain, Joe Biden, a appelé les puissances européennes à travailler de concert avec les États-Unis pour répondre aux «activités déstabilisatrices» au Moyen-Orient. «La menace de la prolifération nucléaire requiert encore une diplomatie prudente et de la coopération entre nous», a déclaré Joe Biden à ses alliés européens, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, selon des propositions recueillies par l’AFP. «C’est pour cela que nous avons déclaré être prêts à reprendre les négociations du groupe 5 + 1 sur le programme nucléaire iranien», at-il ajouté. «Nous devons aussi absolument répondre aux activités déstabilisatrices de l’Iran à travers le Moyen-Orient, et nous allons travailler en étroite coopération avec nos partenaires européens et les autres», at-il indiqué depuis la Maison-Blanche.

L’Iran «annulera immédiatement» ses mesures de rétorsion, si les Etats-Unis «lèvent sans condition toutes les sanctions imposées et rétablies par Trump», a tweeté vendredi le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif. L’Iran a toujours démenti chercher à se doter de l’arme atomique. Signé à Vienne en 2015, accord entre l’Iran et le groupe 5 + 1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, ainsi que l’Allemagne) prévoit une levée partielle des sanctions internationales, en échange de la garantie que l’Iran ne se dote pas d’une telle arme.

«Pas de concessions préalables»

Jeudi, après une réunion virtuelle des chefs de la diplomatie française, britannique, allemande et américaine, Washington a déclaré accepter une invitation de l’Union européenne (UE) à des pourparlers avec Téhéran pour réactiver l’accord sur le nucléaire iranien. En parallèle, l’administration Biden a annulé une proclamation unilatérale de Donald Trump sur un retour de sanctions de l’Organisation des Nations Unies (ONU) contre l’Iran, datant de septembre 2020.

Ces sanctions restent levées, a indiqué Washington dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l’ONU. Aussi, le même jour, Washington a annoncé l’allégement de restrictions aux déplacements à New York des diplomates iraniens auprès de l’ONU. L’administration Trump leur a imposé de se cantonner à quelques rues autour du siège de l’ONU. De son côté, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a soutenu qu’il n’y aurait pas de «concessions préalables» aux pourparlers. «Notre influence s’est renforcée maintenant que nous sommes de nouveau sur la même longueur d’onde que nos partenaires européens», at-il ajouté dans un entretien accordé à BBC World News. Le retrait ordonné par Donald Trump a privé Washington de «visibilité sur le terrain», une «erreur», a soutenu de son côté la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki.

En 2018, Donald Trump s’est retiré unilatéralement de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, signé par la République islamique avec le groupe 5 + 1. Le 1er juillet 2019, Téhéran déclare avoir dépassé la limite de 300 kg imposée par l’accord à ses réserves d’uranium faiblement enrichi. Le 7, l’Iran confirme avoir commencé à enrichir l’uranium à un degré supérieur à la limite de 3,67% contenue dans l’accord.

Actant l’échec d’une médiation, l’Iran décide le 4 septembre d’une nouvelle réduction de ses engagements, en faisant sauter toute limite à la recherche et au développement dans ce domaine. Le 5 janvier 2020, Téhéran annonce la «dernière phase» de son plan de réduction de ses engagements, affirmant qu’il ne se fait désormais plus tenu par aucune limite sur le nombre de ses centrifugeuses.

Le nouveau locataire de la Maison-Blanche veut revenir dans l’accord de Vienne censé empêcher Téhéran de se doter de l’arme atomique. Il conditionne néanmoins cette décision à un retour préalable de l’Iran au respect strict de ses engagements, dont il a commencé à s’affranchir en riposte aux sanctions américaines. De son côté, Téhéran demande avant tout la levée des sanctions et le respect par Washington de toutes ses obligations.


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