L’autorité française de la concurrence va se pencher sur le secteur du cloud « complexe » – EURACTIV.com


L’autorité française de surveillance de la concurrence a annoncé jeudi 27 janvier qu’elle examinerait le fonctionnement concurrentiel du marché du cloud alors que des acteurs locaux accusent les géants américains de la technologie de pratiques déloyales. Rapports d’EURACTIV France.

L’autorité française de la concurrence, connue sous le nom d’AdlC, va enquêter sur le fonctionnement concurrentiel du secteur du cloud à la demande de son nouveau président, Benoit Coeuré.

S’adressant aux députés le 12 janvier, Coeuré a déclaré vouloir faire de l’économie numérique une priorité de son mandat, estimant qu’il était « important et justifié que la collectivité engage rapidement un travail de fond », notamment sur le cloud.

L’observatoire examinera « la dynamique concurrentielle du secteur et la présence des acteurs dans les différents segments de la chaîne de valeur, ainsi que leurs relations contractuelles » en mettant l’accent sur « la définition des marchés pertinents dans le secteur du cloud, l’évaluation des la position et les avantages concurrentiels des différents acteurs impliqués », lit-on dans le communiqué de presse.

L’AdlC a souligné que cette enquête intervient alors que des partenariats pour faire émerger des clouds « souverains » ou « de confiance » se multiplient à Paris et Bruxelles.

Le sujet est particulièrement sensible en France, où les acteurs nationaux du cloud accusent Google, Amazon et Microsoft de recourir à des pratiques déloyales et le gouvernement d’empêcher l’émergence de champions européens en donnant trop d’importance aux géants américains, notamment dans les marchés publics.

Alors que les enjeux numériques peinent à pénétrer le débat public à l’approche de l’élection présidentielle française d’avril 2022, les candidats commencent à s’emparer de la question de la souveraineté numérique, et plus précisément de la souveraineté des données.

Une consigne tant attendue

« Cette annonce est une excellente nouvelle », a déclaré Yann Lechelle, PDG du fournisseur de cloud français Scaleway. « La situation oligopolistique des marchés du cloud, voire, sur certains segments, une tendance monopolistique, conduit à de nombreux effets pervers : verrouillage des utilisateurs, explosion des coûts informatiques, situations de dépendance » et empêcherait l’émergence d’acteurs alternatifs, a-t-il déclaré à EURACTIV France. .

Pour Guillaume Champeau de Clever Cloud, autre grand hébergeur, cette analyse devrait déboucher sur des mesures correctives pour lutter contre ces « pratiques anticoncurrentielles inacceptables ». « Ces mesures doivent permettre aux startups de ne plus être soumises à des pratiques qui les rendent dépendantes en permanence de leurs fournisseurs », a-t-il ajouté.

Les opérateurs cloud français appellent l’AdlC à se pencher sur plusieurs problématiques comme l’utilisation massive des « crédits cloud » proposés par les plus grands fournisseurs qui permettent aux entreprises d’accéder gratuitement à leurs services. Cependant, cela peut entraîner un effet de verrouillage technologique ou ce que l’on appelle des « frais de sortie ».

« Les autorités américaines ont été les premières à identifier qu’un certain nombre de pratiques, courantes chez les acteurs dominants, anéantissent toute possibilité de concurrence libre et loyale », a déclaré Lechelle. Il serait « très sain pour les autorités européennes de la concurrence de se prononcer sur cette situation », a ajouté le PDG de Scaleway.

Selon Champeau, cette annonce reflète « l’absolue nécessité d’inclure les services Cloud, y compris les logiciels d’hébergement, dans la loi sur les marchés numériques, afin d’avoir les moyens d’agir rapidement contre les pratiques abusives des acteurs dominants du secteur ».

L’autorité de surveillance de la concurrence devrait rendre ses conclusions concernant l’enquête début 2023. En attendant, une « large consultation publique » se tiendra durant l’été pour réunir toutes les parties prenantes.

Le Parlement européen adopte un règlement ciblant les géants de l’internet

Les législateurs de l’UE ont adopté leur version de la loi sur les marchés numériques (DMA) lors d’un vote en plénière mercredi 15 décembre, officialisant leur mandat pour entamer des négociations interinstitutionnelles sur cet élément clé de la législation numérique avec le Conseil européen et la Commission.

[Edited by Luca Bertuzzi/ Alice Taylor]



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