l’appât du grain face à une envolée des prix


A Dores do Rio Preto (Brésil), en 2017.

Matières premières. Un petit noir au bar. Les Français ont retrouvé sourire et bonnes habitudes depuis la remise en route des terrasses puis des salles de restaurant. « Fini les rapports d’ouverture à la saint-glinglin, en juin 2021, les bars sont pleins », ce pourrait être le dicton de cette sortie de crise liée à la pandémie de Covid-19.

Les patrons d’établissement se frottent les mains. D’autant que, contraintes de baisser le rideau fin octobre 2020, ils ont longtemps navigué à vue, sans réelle perspective. Après une mise en sommeil de sept mois, les cafetières professionnelles sont sous pression. Mais ce plaisir de l’espresso en terrasse est-il un luxe ? La question mérite d’être posée, surtout si vous ajoutez un sucre dans votre breuvage. En effet, ensemble café et sucre flambent sur les marchés mondiaux.

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A New York, la livre d’arabica, la variété la plus prise, a passé la barre des 160 cents (environ 1,32 dollar), un plus haut depuis quatre ans et demi. Elle signe ainsi une progression de près de 25 % depuis le début de l’année. Même le robusta, pourtant plus souvent assimilé à la boisson soluble donc moins valorisé, bénéficie d’une hausse similaire.

Fortes tensions sociales

Les investisseurs ont-ils forcé sur la dose de caféine ? Cette seule hypothèse ne suffit pas. Pour comprendre ce coup de fièvre soudain sur le café, il faut d’abord prendre le pouls de la météo brésilienne. Ou, ce pays, premier producteur et exportateur mondial de café, souffre d’un épisode de sécheresse aigu. Déjà, l’année 2021 était attendue moins fructifère, selon le rythme biennal de Dame Nature, suivi par les plants d’arabica. Le cruel manque d’eau réduit encore les espoirs des agriculteurs. Le café est assoiffé. Alors que la récolte débute, les premières estimations évoquent une baisse de près d’un tiers de la production.

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Autre sujet d’inquiétude : les manifestations et fortes tensions sociales en Colombie, troisième producteur mondial de café. Elles ont perturbé le flux des exportations, qui ont chuté de près de la moitié au mois de mai. De quoi alimenter la flambée des cours.

Pourtant, côté consommation, le télétravail et la fermeture des bars et restaurants ont réduit le flux de boisson caféinée. Même si les clients ont dopé leurs emplettes de paquets et de capsules dans les magasins pour s’abreuver à domicile. Mais la sortie de confinement laisse supposer une reprise des pauses-café.

Ce feu spéculatif touche l’ensemble des matières premières agricoles. Blé, maïs, soja, huile de palme, sucre, café… sont devenus les chouchous des investisseurs prêts à miser gros sur la hausse des cours. Au risque d’une lourde addition pour le consommateur. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les prix alimentaires mondiaux ont bondi de 40 % sur un an, atteignant, en mai, un plus haut depuis 2011.

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