L’alliance de gauche fait bonne figure au premier tour des élections françaises


L’alliance rouge-verte de Jean-Luc Mélenchon s’est imposée lors du premier tour des élections législatives françaises, lui donnant une chance de défier le président Emmanuel Macron pour le contrôle de l’Assemblée nationale lors du dernier tour de scrutin le week-end prochain.

Les résultats ont montré que l’alliance de Mélenchon – la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) – et l’Ensemble centriste de Macron (Ensemble) étaient les principaux gagnants du vote de dimanche et seraient les deux plus grands groupes de l’assemblée.

Le succès de Mélenchon, cependant, ne se traduira probablement pas par une majorité à l’assemblée de 577 sièges, car les électeurs modérés méfiants quant à sa réputation de brandon d’extrême gauche et eurosceptique devraient se rallier aux côtés de Macron au second tour le 19 juin.

Le groupe de Macron restera le plus grand bloc de l’assemblée mais pourrait également manquer de majorité, et devrait se retrouver avec entre 260 et 295 sièges, contre 160-210 pour celui de Mélenchon, selon l’institut de sondage Elabe. Un parti ou une alliance a besoin de 289 sièges pour une majorité absolue.

Mélenchon a appelé les électeurs à « affluer » vers les urnes pour le second tour de scrutin de dimanche prochain « pour rejeter définitivement les plans désastreux de M. Macron » et avoir leur mot à dire après « 30 ans de néolibéralisme ».

Élisabeth Borne, la première ministre de Macron, a critiqué les « extrêmes » politiques qui s’opposent à son gouvernement et a déclaré : « Nous sommes la seule force politique capable d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale. . . Compte tenu de la situation mondiale et de la guerre aux portes de l’Europe, nous ne pouvons pas prendre le risque de l’instabilité.

Mais la probabilité d’une opposition de gauche forte et unie au parlement, combinée à la possibilité de manifestations de rue contre les propositions de réforme de Macron, a envoyé « un nuage très noir flottant au-dessus du gouvernement », selon le politologue Benjamin Morel. Parmi les autres obstacles au programme du second mandat de Macron, il y a la tradition d’accorder la présidence de la commission des finances à la principale opposition à l’assemblée.

« D’un point de vue symbolique et politique, c’est un grand succès pour Mélenchon », a déclaré Morel.

Chaque circonscription élit ses propres déléguer, et dans la plupart des cas, le choix des électeurs est passé d’une douzaine de candidats à seulement deux au second tour. Dans beaucoup, le second tour se jouera entre le candidat de Macron et celui de Mélenchon.

Urnes du premier tour des élections législatives françaises

Les urnes du premier tour des élections législatives françaises sont vidées pour le dépouillement dimanche à Strasbourg © Jean-François Badias/AP

Les résultats, sept semaines après que Macron a vaincu la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen et remporté de manière convaincante un second mandat à la présidence, marquent un retour spectaculaire pour la gauche française après cinq ans dans le désert politique.

Sous la direction de Mélenchon – un vétéran politique de 70 ans qui est arrivé troisième à l’élection présidentielle juste derrière Le Pen et qui avait précédemment annoncé qu’il prendrait sa retraite – la gauche pourra au moins monter une opposition vocale au parlement à la décision de Macron programme législatif alors qu’il cherche à poursuivre les réformes économiques.

En 2017, après avoir balayé ses rivaux socialistes et de centre-droit pour remporter son premier mandat de président, Macron a vu ses candidats prendre le contrôle total de l’assemblée. Cette fois, si son alliance centriste Ensemble n’obtient pas la majorité à l’assemblée, le président devra trouver le soutien d’autres partis comme les conservateurs Les Républicains pour faire passer des lois, par exemple pour allonger l’âge de la retraite de 62 à 65 ans pour ses projet de réforme du système de retraite.

Dans le cas peu probable où ce serait l’alliance Nupes de Mélenchon qui obtiendrait la majorité la semaine prochaine, Macron resterait aux commandes de la politique étrangère et de la défense mais devrait nommer un Premier ministre qui a le soutien de plus de la moitié des députés de l’Assemblée et « cohabiter » avec un gouvernement hostile à sa politique économique.

Comme les citoyens d’autres démocraties libérales, dont les États-Unis, les Français sont devenus ces dernières années de plus en plus désillusionnés et se sont tournés vers des politiciens nationalistes et populistes. Les résultats du ministère de l’Intérieur ont montré que plus de la moitié des électeurs français n’ont pas pris la peine de voter dimanche, avec un taux de participation record de 47,5% pour ce type d’élection.

La politique française est désormais divisée en trois grands camps, avec Macron et ses alliés au centre, Le Pen à la tête des nationalistes anti-immigration à l’extrême droite, et Mélenchon à la tête de sa nouvelle alliance gauche-verte, qui comprend sa propre La La France Insoumise et les partis socialiste et communiste.

Selon les prévisions d’Elabe, le parti d’extrême droite Rassemblement national de Le Pen remportera entre 25 et 35 sièges, tandis que Les Républicains et leurs alliés du centre-droit obtiendront 50 à 65 sièges.

Parmi ceux qui n’ont pas réussi à faire la coupe lors des élections de dimanche, il y avait Éric Zemmour, la star d’un talk-show télévisé d’extrême droite, qui avait déjà perdu dans la course présidentielle et n’a pas pu remplacer Le Pen à la tête de l’extrême droite française.

Au premier tour de l’élection présidentielle d’avril, près de 60 % des électeurs français ont choisi un candidat d’extrême droite ou d’extrême gauche.

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