L’administration Biden prend ses distances avec «MBS» en le mettant en cause dans l’assassinat de Jamal Khashoggi


Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, à Riyad, le 23 décembre 2018.

L’implication du prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, dans l’assassinat en octobre 2018 d’un dissident, Jamal Khashoggi, faisait de longue date l’objet de nombreux soupçons. Mais la direction du renseignement national des Etats-Unis l’a officialisée en publiant un bref rapport, vendredi 26 février. Cette divulgation survient alors que le nouveau président américain, Joe Biden, souhaite «Recalibrer» les relations avec l’Arabie saoudite, un allié de Washington particulièrement choyé pendant le mandat de Donald Trump.

Tirée d’un rapport jusqu’alors classifié rédigé par la CIA quelques semaines seulement après l’assassinat survenu dans le consulat saoudien d’Istanbul, la note se fonde sur l’omnipotence du prince héritier, connu également par son acronyme, «MBS» . «Nous estimons qu[’il] a approuvé une opération à Istanbul, en Turquie, pour capturer ou tuer le journaliste saoudien Jamal Khashoggi », déclare le renseignement national, qui chapeaute l’ensemble des agences américaines.

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Une telle affirmation est jugée conforme à «Notre évaluation du contrôle du prince héritier sur la prise de décision dans le royaume depuis 2017», poursuivent les rédacteurs de la note. Cette évaluation est complétée par «L’implication d’un conseiller-clé et des membres du service de protection de Mohammed Ben Salman dans l’opération, et le soutien du prince héritier au recours à des mesures violentes pour faire taire les dissidents à l’étranger, y compris [Jamal] Khashoggi ».

«Une menace pour le royaume»

«Depuis 2017, le prince héritier a le contrôle absolu de l’organisation de sécurité et de renseignement [de l’Arabie saoudite], ce qui rend hautement improbable que les responsables saoudiens ont effectué une opération de cette nature sans autorisation du prince héritier », Continue la note, qui énumère par ailleurs les responsables utilisés dans un assassinat particulièrement barbare. Venu au consulat pour récupérer des documents administratifs, le dissident, chroniqueur au Washington Post, avait été tué et démembré sur place. Ses restes n’ont jamais été retrouvés.

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La note limite au minimum le bénéfice du doute. «Le prince héritier considèrerait Khashoggi comme une menace pour le royaume» et un soutenu «Des mesures violentes, si nécessaire, pour le faire taire», explique-t-elle. «Bien que les responsables saoudiens aient préplanifié une opération non spécifiée contre Khashoggi, nous ne savons pas combien de temps à l’avance ils ont décidé de s’attaquer à lui. »

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