La plupart des financements agricoles faussent les prix et nuisent aux objectifs environnementaux – Rapport de l’ONU |


C’est la principale conclusion d’un nouveau rapport de l’ONU appelant à réutiliser ces incitations pour atteindre davantage d’objectifs de développement durable à l’horizon 2030 et réaliser la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes.

Le rapport, Une opportunité de plusieurs milliards de dollars : réutiliser le soutien agricole pour transformer les systèmes alimentaires, a été lancé mardi par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Changer d’investissement

Le soutien mondial aux producteurs sous forme de subventions et d’autres incitations représente 15 pour cent de la valeur totale de la production agricole. D’ici 2030, ce chiffre devrait plus que tripler, pour atteindre 1 759 milliards de dollars. L’OCDE définit le soutien agricole comme la valeur monétaire annuelle des transferts bruts à l’agriculture, provenant des consommateurs et des contribuables, résultant des politiques gouvernementales.


les agriculteurs sont particulièrement vulnérables aux impacts de la crise climatique, tels que la chaleur extrême, l'élévation du niveau de la mer, la sécheresse, les inondations et les attaques de criquets pèlerins

Le soutien actuel consiste principalement en des incitations par les prix, telles que des tarifs d’importation et des subventions à l’exportation, ainsi que des subventions fiscales liées à la production d’un produit ou d’un intrant spécifique.

Le rapport indique que ceux-ci sont inefficaces, faussent les prix des denrées alimentaires, nuisent à la santé des gens, dégradent l’environnement et sont souvent inéquitables, faisant passer les grandes entreprises agroalimentaires avant les petits agriculteurs, dont beaucoup sont des femmes.

L’année dernière, jusqu’à 811 millions de personnes dans le monde étaient confrontées à la faim chronique et près d’une personne sur trois dans le monde (2,37 milliards) n’avait pas accès toute l’année à une alimentation adéquate. En 2019, environ trois milliards de personnes, dans toutes les régions du monde, ne pouvaient pas se permettre une alimentation saine.

Changez, n’éliminez pas

Les rapports notent que, même si la plupart des aides agricoles ont aujourd’hui des effets négatifs, environ 110 milliards de dollars soutiennent les infrastructures, la recherche et le développement et profitent au secteur alimentaire et agricole en général.

Il soutient que changer le soutien aux producteurs agricoles, plutôt que de l’éliminer, contribuera à mettre fin à la pauvreté, à éradiquer la faim, à assurer la sécurité alimentaire, à améliorer la nutrition, à promouvoir une agriculture durable, à favoriser une consommation et une production durables, à atténuer la crise climatique, à restaurer la nature, à limiter la pollution et à réduire les inégalités.

Réveil

Le directeur général de la FAO, Qu Dongyu, a déclaré que le rapport « est un signal d’alarme pour les gouvernements du monde entier afin qu’ils repensent les programmes de soutien à l’agriculture afin de les adapter à l’objectif de transformer nos systèmes agroalimentaires et de contribuer aux quatre meilleurs : Une meilleure nutrition, une meilleure production, un meilleur environnement et une vie meilleure.

L’agriculture est l’un des principaux contributeurs au changement climatique. Dans le même temps, les agriculteurs sont particulièrement vulnérables aux impacts de la crise climatique, tels que la chaleur extrême, l’élévation du niveau de la mer, la sécheresse, les inondations et les attaques de criquets.

Selon le rapport, « continuer avec le soutien habituel aggravera la triple crise planétaire et finira par nuire au bien-être humain ».


Cultiver des cultures comme le riz, comme illustré ici aux Philippines, nécessite une grande quantité d'eau douce et a un impact environnemental

Cultiver des cultures comme le riz, comme illustré ici aux Philippines, nécessite une grande quantité d’eau douce et a un impact environnemental, par © FAO/Lena Gubler

Atteindre les objectifs de l’Accord de Paris nécessite un soutien changeant, en particulier dans les pays à revenu élevé, pour une industrie de la viande et des produits laitiers surdimensionnée, qui représente 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Dans les pays à faible revenu, les gouvernements devraient envisager de réaffecter leur soutien aux pesticides et engrais toxiques ou à la croissance des monocultures.

Pour la directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen, « les gouvernements ont maintenant la possibilité de transformer l’agriculture en un moteur majeur du bien-être humain et en une solution aux menaces imminentes du changement climatique, de la perte de la nature et de la pollution ».

De l’Inde au Royaume-Uni

Le rapport partage plusieurs études de cas, telles que l’État indien d’Andhra Pradesh, qui a adopté une politique d’agriculture naturelle à budget zéro ; ou le Single Payment Scheme, au Royaume-Uni, qui a supprimé les subventions en accord avec la National Farmers Union (NFU).

Dans l’Union européenne, la diversification des cultures a été encouragée par la réforme de la politique agricole commune (PAC), et au Sénégal, un programme appelé PRACAS incite les agriculteurs à cultiver des cultures plus diversifiées.

L’administrateur du PNUD, Achim Steiner, estime que la réorientation du soutien agricole « peut améliorer à la fois la productivité et les résultats environnementaux ». Pour lui, ce changement « améliorera également les moyens de subsistance des 500 millions de petits agriculteurs dans le monde, dont beaucoup de femmes, en garantissant des règles du jeu plus équitables ».

Le rapport est lancé avant le Sommet sur les systèmes alimentaires de 2021 convoqué par l’ONU Secrétaire général António Guterres, qui doit avoir lieu le 23 septembre à New York.

Le Sommet lancera de nouvelles actions audacieuses pour réaliser des progrès sur les 17 ODD, dont chacun repose dans une certaine mesure sur des systèmes alimentaires plus sains, plus durables et plus équitables.

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