La nouvelle plateforme Sportall va-t-elle révolutionner la diffusion du sport en France?


Les modes de captation et de diffusion sont en train d’évoluer (Illustration). – SAM GREENWOOD / GETTY IMAGES AMÉRIQUE DU NORD / Getty Images via AFP

  • Chaque jeudi, dans sa rubrique «hors-terrain», «20 minutes» explorez de nouveaux espaces d’expression du sport, inattendus, insolites, astucieux ou en plein essor.
  • Aujourd’hui, zoom sur Sportall, une nouvelle plateforme de vidéo en ligne qui permet via une application mobile de regarder des compétitions sportives.
  • Impliquée de la production des images à la diffusion, elle cible des sports pas ou peu médiatisés. Pour l’instant …

Et si un Netflix du sport fabriqué en France ven de voir le jour? La question est caricaturale autant que prématurée (ou l’inverse), mais l’idée générale de Sportall est là. Lancée fin novembre, Sportall est une plateforme de vidéo en ligne qui permet, via une application mobile, de regarder des compétitions sportives. Gratuitement pour la grande majorité du contenu, puis à terme par abonnement, selon des thèmes bien précis. Pour l’instant, elle cible des disciplines peu ou pas diffusées à la télévision, avant, peut-être un jour, aller voir plus haut.

L’idée de cette plateforme OTT est partie d’un triple constat: «Les progrès technologiques permettent une nouvelle façon de filmer et de voir le sport; les modes de consommation ont évolué, avec des utilisateurs majoritairement sur leur smartphone ou leur tablette et de moins en moins devant leur télé; et beaucoup de sports n’ont pas de valeur pour les chaînes de télévision, alors qu’ils ont pour les fans », pose le cofondateur et PDG de la start-up, Thierry Boudard.

«On n’est pas qu’un diffuseur»

Ce dernier, présent dans le métier de la vidéo sur Internet depuis une vingtaine d’années et grand passionné de sport, a eu un déclic en 2019, alors qu’il suivait une régate à bord d’un zodiac. «Je devais faire des images avec un drone. Le rendu était super, avec des moyens extrêmement légers, raconte-t-il. Ensuite sur les a envoyés sur les réseaux et sur un fait un million de vues. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. Ça m’a sauté aux yeux! »

Il se lance alors dans la conception de son projet. La présence sur ce même créneau de la mise en valeur des «petits» sports de la chaîne Sport en France, lancée par le CNOSF et Media365 en mai 2019, n’est pas un problème. Lui propose aux ayants droit (clubs, ligues, fédérations, organisateurs d’événements) quelque chose de différent. De plus complet. «On n’est pas qu’un diffuseur, on est une plateforme bout-en-bout, insiste Thierry Boudard. On peut produire du contenu, fournir des moyens de captation à prix abordable et de bonne qualité et former les ayants droit pour qu’ils utilisent, les aider à valoriser leurs images, etc. »

Un joli coup sur le Vendée Globe

Cela fonctionne sur le principe d’un partenariat, grossièrement «images contre expertise». Sportall et les détenteurs de droits se développent ensuite les revenus générés, essentiellement la publicité pour l’instant. Le concept a séduit une quarantaine d’entités, dans des disciplines variées comme la boxe, le MMA, l’escalade, le canoë ou la voile. Sportall a d’ailleurs signé son premier gros coup avec le Vendée Globe, en proposant le grand départ en direct.

L’utilisateur pouvait passer d’un bateau à l’autre en un clic grâce à des caméras embarquées. «On a prouvé qu’on pouvait gérer plusieurs flux de vies à l’intérieur d’un même événement sportif, et sans que la plateforme ne plante, savoure le PDG. Ça nous a permis de montrer à tout le monde ce qu’on savait faire. »

Il y a quelques jours, Sportall est passé à la vitesse supérieure en proposant sa première offre payante. La plateforme héberge «Fight Nation», le nouveau média dédié aux sports de combat lancé par l’éphémère président de la Ligue nationale de boxe professionnelle Arnaud Romera et des associés. L’abonnement coûte 30 euros par an. Voilà vers quoi tend le projet, et en quoi il diffère de DAZN, la plateforme anglaise de streaming présenté comme le Netflix du sport.

«Nous, on ne fera pas une offre à 10 euros par mois pour avoir plein de contenus. Notre application est gratuite, avec un maximum de contenus, et seulement par-dessus sur l’aura des offres premium et le fan pourra s’abonner, explique Thierry Boudard. Mieux vaut dépenser 30 euros par an pour avoir accès aux sports qu’on aime, que 10 par mois pour un catalogue où tout ne nous plaît pas. »

Bientôt du handball, du basket, du volley ou de la gymnastique?

«Sportall occupe une place qui était à prendre, observe Arnaud Simon, président de la société In & Out Stories, qui accompagne les détenteurs de droits dans leur stratégie de distribution. C’est un espace ouvert, flexible, adapté aux nouveaux modes de consommation. Il répond à une urgence de voiture de nombreux sports, sortis malgré eux des modèles télé classiques, cherche comment rester visible pour leurs fans. C’est extrêmement pertinent. »Le moment est bien choisi, aussi, avec la perspective des JO 2024 à Paris.

Pour l’ancien patron d’Eurosport, il faut laisser à cette plateforme le temps de s’installer, «avant de passer aux étapes suivantes, à savoir attirer des sports avec une base de fans encore plus grande et réfléchir au développement à l ‘ international ». Le processus est déjà enclenché. Sportall, qui emploie une douzaine de personnes et qui a accueilli en janvier l’ancien DG de RMC Sport François Pesenti, discute aujourd’hui avec les ligues de gymnastique, de handball, de basket ou de volley.

«On peut également être une opportunité pour les sports installés, qui ont leur place à la télé mais qui ont envie de se réinventer un peu», imagine Thierry Boudard, qui cite en exemple les images à l’intérieur conçu par les clubs de foot. «Elles ont une grande valeur et pourraient être mieux exploitées», constate-t-il. Le PDG ne manque pas d’ambition pour son bébé.

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