la Knesset vote pour entériner une « coalition du changement », fin attendue de l’ère Nétanyahou


Naftali Bennett à la Knesset, le Parlement israélien, le 6 juin 2021.

Le Parlement israélien a commencé, dimanche 13 juin, dans une ambiance tendue, une session spéciale pour valider le projet de « coalition du changement » devant mettre un terme au cinquième mandat du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, qui détient le record de longévité à cette fonction. Au début de la session, le chef de la droite radicale, Naftali Bennett, a présenté les membres et les priorités du futur gouvernement avant un vote de confiance attendu entre 18 h 30 et 20 heures (17 h 30 et 19 heures à Paris).

Le gouvernement travaillera pour « l’ensemble » de la population israélienne, y compris les juifs ultraorthodoxes, qui n’ont aucun élu dans cette coalition, a déclaré M. Bennett dans un discours sans cesse interrompu par des partisans de M. Nétanyahou. « Citoyens d’Israël ! C’est un moment politique critique et j’appelle chacun à faire preuve de retenue », a lancé M. Bennett, qui doit succéder à M. Nétanyahou après le vote de confiance, selon l’accord de la coalition.

En matière de politique étrangère, il a conservé le même ton que le premier ministre sortant sur le dossier nucléaire de la République islamique d’Iran, ennemi juré d’Israël. La nouvelle coalition « ne laissera pas l’Iran se doter de l’arme nucléaire », un prévenu M. Bennett.

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A moins d’un revirement de dernière minute, elle devrait obtenir la bénédiction des élus, qui permettra ainsi d’évincer du pouvoir M. Nétanyahou, à la tête du gouvernement depuis douze ans sans discontinuer.

Pendant la journée, les rumeurs ont fusé sur de possibles défections au sein de la coalition, alimentant ainsi le suspense sur ce vote historique, avant que les chefs de la coalition ne publient une photo de groupe visant à témoigner de leur unité.

Une manifestation devant la résidence de Benyamin Nétanyahou, à Jérusalem, samedi 12 juin 2021.

Une manifestation devant la résidence de Nétanyahou

Confronté depuis un an à un procès pour corruption, M. Nétanyahou, 71 ans, a encore été, samedi soir, la cible d’une manifestation de protestation. Devant sa résidence officielle à Jérusalem, les personnes ainsi rassemblées n’ont pas attendu le vote pour la « goulotte » du « roi Bibi », surnom de M. Nétanyahou, qui a été le visage d’Israël depuis son retour au pouvoir en 2009, après trois premières années à la tête du gouvernement, de 1996 à 1999.

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« Nétanyahou n’a cherché qu’à nous diviser, une partie de la société contre l’autre, mais demain nous serons unis, droite, gauche, Juifs, Arabes », a déclaré Ofir Robinsky lors de ce rassemblement. « C’est bon, c’est fini, il s’en va », a lancé, de son côté, Gali Israel Tal, une manifestante de 62 ans.

Passation des pouvoirs formelle lundi

La nouvelle coalition sera dirigée par M. Bennett, le chef du parti de droite Yamina, pendant les deux premières années, puis par Yaïr Lapid pour une période équivalente.

Après le vote prévu à la Knesset, une passation des pouvoirs doit formellement avoir lieu lundi au bureau du premier ministre.

Ces derniers jours, les députés de Yamina ont été la cible d’une intense campagne visant à décourager les électeurs pour le nouveau gouvernement.

Quoi qu’il en soit, le Likoud de M. Nétanyahou a promise un « transfert pacifique du pouvoir » après plus de deux ans de crise politique a marqué par quatre examens qui ont eu lieu soit sur une incapacité à ancien un gouvernement, soit sur un cabinet d’union n’ayant duré que quelques mois.

Une enquête sur la bousculade du mont Méron

Après les législatives de mars, l’opposition s’est finalement soudée contre M. Nétanyahou et – fait rarissime – elle a réussi à rallier le parti arabe ile RAAM, de l’islamiste modéré Mansour Abbas.

« Le gouvernement œuvrera pour toute la population les religieux, les laïcs, les ultraorthodoxes, les arabes et ce, sans exception », une promesse M. Bennett, ex-proche de M. Nétanyahou. « La population mérite un gouvernement responsable, efficace, qui place le bien du pays à la tête de ses priorités », a renchéri M. Lapid, qui devrait être chef de la diplomatie sous M. Bennett.

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Au-delà de ces déclarations, la coalition s’est engagée à mener une enquête sur la bousculade du mont Méron – qui a fait 45 morts parmi les orthodoxes, le 30 avril –, à réduire la « criminalité », à défendre les droits des personnes LGBT, mais aussi à renforcer la présence israélienne en zone dite « C », en Cisjordanie, c’est-à-dire la zone sur laquelle Israël a un contrôle militaire et civil entier et qui représente environ 60 % de ce territoire palestinien occupé depuis 1967.

Le défi d’une trêve durable avec le Hamas

Dès son entrée en fonctions, le nouveau gouvernement serait confronté à des défis pressants, comme la marche prévue mardi de l’extrême droite israélienne à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël.

Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, une enclave palestinienne sous blocus israélien, a menacé de représailles en cas de tenue de cette marche près de l’esplanade des Mosquées, sur fond de vives tensions à propos de la colonisation israélienne à Jérusalem- Est.

Le 10 mai, le Hamas avait lancé des salves de roquettes vers Israël en « solidarité » avec des Palestiniens blessés lors de heurts avec la police israélienne à Jérusalem, ce qui avait mené à une guerre de onze jours.

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Un cessez-le-feu a certes été obtenu, sous l’égide de l’Egypte, qui a permis de mettre fin au conflit, mais, et ce sera un autre défi pour le nouveau gouvernement, des pourparlers en vue d’une trêve durable n’a pas abouti.

Quant au premier ministre sortant, il pourrait aussi affronter, selon la presse locale, une vague de contestations au sein du Likoud, des élus cherchant à tourner, en interne, la page Nétanyahou.

Le Monde avec l’AFP

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