La justice française ouvre une enquête sur le patrimoine de Riad Salamé


Riad Salamé, à la tête de la Banque centrale libanaise depuis 1993, ici le 11 novembre 2019.

Le Parquet financier national (PNF) n’a pas traîné. Un mois après le dépôt de deux plaintes pour blanchiment et escroquerie visant Riad Salamé, le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), l’institution judiciaire française a ouvert une enquête préliminaire sur le patrimoine de ce haut responsable du pays du Cèdre. La décision, révélée dimanche 6 juin par l’AFP, qui l’a confirmé auprès d’une source judiciaire, a été pris il y a dix jours, selon les informations du Monde.

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Les investigations doivent s’attacher à faire la lumière sur l’origine des fonds ayant permis à M. Salamé, 70 ans, ainsi qu’à ses proches d’amasser une fortune accumulée à plusieurs centaines de millions de dollars. Cette mannequin, qualifiée de « biens mal acquis » par les blessures, a été placée dans un dédale de comptes, souvent géré par des prêtes-noms, et investie dans des acquisitions immobilières, éparpillées sur tout le continent européen.

Le patron de la BDL, en poste depuis près de vingt-huit ans, est considéré par une grande partie des Libanais comme l’un des principaux responsables de la crise financière dans laquelle s’abîme leur pays, où le taux de pauvreté est passé en quelques mois de 30 % à plus de 50 % de la population. En 2020, la justice suisse avait déjà ouvert une enquête contre M. Salamé pour des faits présumés de blanchiment et de détournements de fonds au préjudice de la Banque du Liban.

« Lutte depuis l’étranger »

La fondation helvétique Accountability Now, à l’origine de la première plainte devant le PNF, déposée le 16 avril, « salue le courage des autorités françaises, après celui des autorités suisses, d’avoir fait tomber un tabou, celui de l’impunité des politiciens libanais, a déclaré au Monde Zena Wakim, avocate de cette organisation. A défaut d’une réponse appropriée par les autorités libanaises, qui continuent de faire passer leurs intérêts avant ceux de la population, la lutte anticorruption se fera depuis l’étranger. »

Début mai, dans l’article du Monde qui avait révélé la double saisine du PNF, l’avocat de Riad Salamé, Me Pierre-Olivier Sur, avait dénoncé une « stratégie de communication savamment orchestrée » et une « instrumentalisation de la justice » à des fins politiques. Le grand argentier libanais, qui estime faire les frais de l’impéritie de la classe dirigeante, incapable de freiner l’endettement galopant de l’Etat, réfute tout enrichissement illicite.

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