La guerre entre Thermomix et son concurrent Lidl devant la justice


L'usine de fabrication du robot cuiseur Thermomix de l'allemand Vorwerk située à Cloyes-sur-le-Loir (Eure-et-Loir), le 19 mai 2017.

Fini de jouer. Après avoir longtemps promu la carte du «made in France» avec son usine de Cloyes-sur-le-Loir (Eure-et-Loir), d’où sort 80% de la production mondiale du robot ménager Thermomix, et salué l ‘ arrivée de concurrents pour populariser le marché, le groupe familial allemand Vorwerk a fini par lancer des actions en justice contre son principal concurrent dans les supermarchés: le robot mixeur chauffant «Monsieur Cuisine» de Lidl, sorti en 2019.

Il vient de gagner une première bataille en Espagne, où le tribunal de commerce de Barcelone a condamné la société allemande Lidl pour violation de la législation sur la protection des brevets. « La décision de justice concerne l’Espagne. Elle porte notamment sur certains composants, tels que la balance, son interaction avec les couteaux et le couvercle de l’appareil », a précisé le groupe dans un communiqué, mercredi 20 janvier.

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«Une procédure a également été engagée en France en 2018 par le groupe Vorwerk, confirme au Monde Pierre-Yves Buisson, directeur général de Vorwerk dans l’Hexagone. Les brevets sont des dispositifs nationaux. »En France, Vorwerk a déposé 69 brevets, mais« dans chacun des pays, on peut ou pas décider de protéger certains éléments technologiques », continue le dirigeant.

Vorwerk estime avoir découvert que son concurrent «S’était emparé de certaines technologies qu ‘[il] avait développé ». «Il n’y a aucune raison que l’on ait une équipe de 100 chercheurs en Allemagne qui travaille sur les innovations pour que quelqu’un accapare ces découvertes», estime M. Buisson. «Lidl France ne fait aucun commentaire», indique de son côté au Monde Michel Biero, fils directeur exécutif des achats, confirmant l’existence d’un contentieux en cours.

Les confinements ont popularisé le «fait maison»

En quelques années, le robot «Monsieur Cuisine» de Lidl est devenu un phénomène, se hissant au rang de doublure officielle du leader du marché. Car l’appareil d’électroménager est vendu moins cher (359 euros contre 1399) et, surtout, il se fait rare. Mis en vente deux fois par une à certaines dates (autour de juin et décembre) annoncées à grand renfort de publicités dans les catalogues promotionnels, il s’en vend près de 200 000 en quelques heures à chaque opération. Le tout est relayé dans les médias, avec des images de cohues aux caisses et de chars remplis à ras bord.

En septembre 2017, Thermomix, afin de poursuivre son développement, a élargi son circuit de distribution

En face, le modèle original de la catégorie des robots mixeurs chauffants a, quant à lui, passé plusieurs années dans l’ombre, avant que «Le marché ne s’ouvre, à partir de 2008, avec l’arrivée des émissions de télévision sur la cuisine», se remémore Pierre-Yves Buisson. Depuis, les acteurs historiques de l’électroménager comme Seb ou Magimix s’engouffrent dans la brèche. En septembre 2017, Thermomix, afin de poursuivre son développement, a élargi son circuit de distribution, jusqu’alors cantonné à la vente directe avec des réunions à domicile. Il est désormais possible d’acheter son robot dans quatre boutiques en France, à Paris, Lyon, Marseille et Toulouse.

En 2020, les confinements ont popularisé le «fait maison» et ont augmenté les ventes de la catégorie des robots chauffants en France, de 7,6% en volume entre janvier et novembre, sur un an. Au total, «13% des Français ont un robot mixeur chauffant, selon nos études», constate M. Buisson. Vorwerk, qui ne révèle pas les ventes de ses appareils, reconnaît que «L’entreprise a connu une croissance à deux chiffres en 2020, qui sera une année record pour elle au niveau mondial».

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