La France rend hommage aux victimes de la Shoah au mémorial d’Auschwitz


Publié le: Modifié:

Le Premier ministre français Jean Castex dirige jeudi une délégation spéciale au mémorial d’Auschwitz en Pologne pour marquer le 77e anniversaire de la libération du camp de la mort nazi. Cette visite intervient une semaine après que l’ONU a adopté une résolution non contraignante pour lutter contre le négationnisme et l’antisémitisme, notamment sur les réseaux sociaux.

Castex se rendra sur place avec le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, ainsi que le grand rabbin Haïm Korsia, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) Francis Kalifat, des lycéens et des rescapés de la Shoa.

L’Allemagne nazie a construit le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau près de la ville d’Oswiecim après avoir occupé la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le site est devenu un symbole du génocide par le régime de six millions de Juifs européens, dont un million sont morts dans le camp entre 1940 et 1945, ainsi que de plus de 100 000 non-Juifs.

Le 27 janvier marque la Journée internationale du souvenir de l’Holocauste et la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau et d’autres camps par des soldats soviétiques en 1945.

Juifs descendant d'un train dans le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau le 27 mai 1944
Juifs descendant d’un train dans le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau le 27 mai 1944 Yad Vashem Archives/AFP/Archive

Mardi, le président Emmanuel Macron a assisté à un mémorial dans le village français d’Oradour-sur-Glane pour honorer la mémoire des 643 habitants massacrés par une unité SS nazie le 10 juin 1944.

Il a remis au seul survivant du carnage, Robert Hébras, 96 ans, l’Ordre National du Mérite, mettant en garde contre l’oubli des atrocités de l’histoire.

Macron a justifié la visite en disant que la haine augmentait en France. « Le racisme et l’antisémitisme sont désormais légitimés par un certain discours politique », a-t-il déclaré dans une référence voilée à l’extrême droite.

Cette visite intervient à peine quatre mois avant les élections présidentielles en France, pour lesquelles Macron n’a pas encore annoncé sa candidature officielle.

Mercredi, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclaré que bien que les actes d’antisémitisme signalés en France en 2021 aient diminué de 14 % par rapport à 2019, il a averti que « les attaques contre la communauté juive restent à un niveau inquiétant ».

Focus sur les réseaux sociaux

Constatant la montée de l’antisémitisme dans le monde, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté le 20 janvier une résolution non contraignante appelant tous les États membres à lutter contre la négation de l’Holocauste et l’antisémitisme, en particulier sur les réseaux sociaux.

Le texte proposé par Israël a été élaboré avec l’aide de l’Allemagne et coparrainé par plusieurs dizaines des 193 États qui composent les Nations Unies.

La résolution « rejette et condamne sans aucune réserve toute négation de l’Holocauste en tant qu’événement historique, en tout ou en partie », selon le texte.

Le texte « fait l’éloge » des pays qui préservent les sites des anciens camps de la mort nazis, des camps de concentration, des camps de travaux forcés, des sites d’exécution et des prisons pendant l’Holocauste.

Antisémitisme et Covid

La montée des actes antisémites à l’échelle internationale a également été confirmée dans un rapport publié lundi par l’Organisation sioniste mondiale et l’Agence juive pour Israël.

Il a révélé qu’en moyenne plus de 10 incidents antisémites se sont produits dans le monde chaque jour en 2021, un sommet en 10 ans. Malgré cela, il a été noté qu' »aucun Juif dans le monde n’a été assassiné pour des motifs antisémites » au cours de cette période d’un an, selon le rapport.

La plupart des incidents antisémites étaient « du vandalisme et des destructions, des graffitis et des profanations de monuments, ainsi que de la propagande », indique le rapport.

« Les incidents de violence physique et verbale représentaient moins d’un tiers de tous les incidents antisémites. »

Ces épisodes et attaques ont culminé en mai, lorsque des fêtes juives et musulmanes ont conduit à des affrontements en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, et à une guerre avec le Hamas, le mouvement islamiste qui dirige Gaza, selon le rapport.

En outre, de nombreux pays européens ont levé leurs blocages pandémiques ce mois-là, ce qui a permis à l’antisémitisme qui se propageait en ligne « de se déplacer à nouveau dans l’espace public ».

« De nombreuses manifestations contre les vaccins et les restrictions Covid comprenaient des motifs de l’Holocauste, tels que l’étoile jaune, ainsi que des théories du complot antisémites accusant les Juifs de propager la pandémie pour contrôler le monde », indique le rapport, exprimant sa préoccupation face à la « banalisation de l’Holocauste ».

Laisser un commentaire