« La France d’abord », une formule qui peut attirer les électeurs ?, par Benoît Bréville (Le Monde diplomatique


JPEG - 663,6 ko

La candidate à la présidentielle 2022 Valérie Pécresse sur un canot de sauvetage de la SNSM, août 2021

Eric Hadj · Paris Match · Getty

La « préférence nationale » est la solution miracle mise en place à l’approche de chaque élection. C’est au cœur de tout manifeste d’extrême droite : la clé pour restaurer la gloire d’antan du pays, et la solution à tout, du chômage au déficit public, des logements insalubres à la crise migratoire, de la criminalité aux retraites.

Ce concept concis s’adapte à une variété de contextes sans avoir besoin de longues explications, en jouant sur le chauvinisme réflexif qui surgit en temps de crise, lorsque les ressources sont rares.

Logement social? « Comme les Français paient pour cela, il est raisonnable que les Français soient prioritaires dans son attribution », estime Marine Le Pen, candidate à la présidentielle du Rassemblement national (RN, ancien Front national, FN) en 2022. Allocations familiales ? « Quarante-trois pour cent des allocataires de la CAF – allocations familiales et logement – ​​sont nés à l’étranger », précise le journaliste et candidat à la présidentielle Éric Zemmour ; il prône la « préférence nationale » pour arrêter ce qu’il appelle cette « folie française ». Travaux? Il faut « faire travailler les Français en France pour fabriquer des produits français », dit Florian Philippot, ancien vice-président du Front national et aujourd’hui leader du parti nationaliste des Patriotes.

Nostalgique des « heures les plus sombres de l’histoire »

Parce qu’elle est simple et flexible, la préférence nationale a été facilement traduite dans les slogans de campagne du Front National (et maintenant du Rassemblement National). Il a été déployé lors des élections présidentielles : « Défendre les Français » (1974) ; parlementaires : « Le français d’abord. Un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés de trop » (1978) ; le référendum de 1992 sur le traité de Maastricht : « Make it French with French Workers » (1992) ; aux élections européennes : « Formation, travail, logement : priorité pour vous chez vous » (2009) ; et municipales : ‘Les Français ont d’abord servi’ (2010)…

Article complet : 2 155 mots.

(1) Agence France-Presse, 23 septembre 2021.

(2) CNews, 23 octobre 2020.

(4) Conférence de presse, 5 octobre 2021.

(6) Claudine Pierre, ‘Les socialistes, les communistes et la protection de la main-d’œuvre française (1931-1932)’ (Les socialistes, les communistes et la protection du travail français (1931-32), Revue européenne des migrations internationales, vol 15, n° 3, Poitiers, 1999.

(7) Gérard Noiriel, Immigrés et prolétaires : Longwy, 1880-1980 (Immigrés et prolétariat : Longwy, 1880-1980), Agone, Marseille, 2019.

(8) Voir notamment Jean-Yves Le Gallou, Européen d’abord : Essai sur la préférence européenne (L’Europe d’abord : essai sur la préférence européenne), Via Romana, Versailles, 2018.

(9) Discours de clôture de la conférence 2016 : Face à l’Assaut Migratoire, le Réveil de la Conscience Européenne (2016 : Face à l’assaut migratoire, l’éveil de la conscience européenne), Iliade — Institut Pour la Longue Mémoire Européenne, Paris, 9 avril 2016 .

Laisser un commentaire