La Cour suprême brésilienne confirme l’annulation des condamnations au pénal contre Lula


L'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva a donné une conférence de presse à Sao Bernardo do Campo, le 10 mars.

La Cour suprême brésilienne a tranché: elle a confirmé, jeudi 15 avril, l’annulation des condamnations pour corruption de l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. Par une grande majorité de huit contre trois, les juges réunis en séance plénière ont confirmé la décision du juge Edson Fachin, qui avait estimé au début de mars que le tribunal de Curitiba (Sud) ayant condamné Lula dans deux procès n’était «Pas compétent».

Le Parquet général du Brésil avait fait appel le mois dernier de la décision de la Cour suprême, estimant que la condamnation de Lula devait être confirmée pour préserver «La stabilité procédurale et la certitude juridique».

«C’était un très gros mensonge. Mais mes avocats ont prouvé que c’était une imposture. Le juge à menti, les avocats ont menti, la police fédérale à menti, pour m’éloigner de la campagne électorale. Maintenant je suis prêt pour le combat », a réagi l’ancien président (2003-2010) dans un entretien à la chaîne de télévision argentine C5N.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Brésil, Lula recouvre ses droits politiques et la gauche rêve de victoire contre Bolsonaro en 2022

«La Cour suprême a confirmé les droits [politiques] de Lula. C’est un jour historique. Ça a pris du temps, mais c’est arrivé », a tweeté dans la foulée du jugement Gleisi Hoffmann, présidente du Parti des travailleurs, cofondé par Lula en 1980.

Un futur candidat

«Avec cette décision de la Cour suprême, Lula est candidat», a réagi immédiatement le président extrême droite, Jair Bolsonaro, acceptant d’entendre que la population devrait s’inquiéter pour l ‘«Avenir du Brésil» si l’icône de la gauche revenait au pouvoir.

En effet, Lula devient éligible pour l’élection présidentielle de 2022. Il n’a pas encore confirmé qu’il serait candidat, même s’il a déclaré à plusieurs reprises qu’il se tenait prêt à revenir dans l’arène politique le moment venu.

Mais le combat contre Jair Bolsonaro a déjà commencé, Lula tirant à boulets rouges sur le président extrêmeême droite, qu’il qualifie de «Génocidaire» en raison de sa gestion chaotique de l’épidémie de Covid-19, qui a fait plus de 365 000 morts au Brésil.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Luiz Inacio Lula da Silva: «Je ne verrai aucun problème à être candidat»

«Si Lula revient par le vote, tout va bien. Mais imaginez quel sera l’avenir du Brésil avec le type de personnes qu’il amènera avec lui au gouvernement », a persiflé le président Bolsonaro lors de son direct hebdomadaire sur Facebook.

Plusieurs condamnations à son actif

La décision de la Cour suprême n’innocente cependant pas l’ancien syndicaliste sur le fond. Lors d’une prochaine séance, les juges doivent décider s’ils ordonnent le transfert du dossier à un tribunal de Brasilia ou de Sao Paulo.

Les onze magistrats devraient aussi ultérieurement décider si le juge Sergio Moro, qui avait condamné Lula à la prison en 2017, était  » partiel «  et un agi au détriment de l’ex-président de gauche. La deuxième chambre de la Cour suprême avait déjà penché dans ce sens le 23 mars.

Lula a notamment été accusé d’avoir perçu des pots-de-vin pour favoriser les entreprises du bâtiment dans l’octroi de marchés publics, liés à la compagnie pétrolière d’État Petrobras, dans le cadre de l’enquête «Lava Jato» («Lavage express»). Mais il a toujours clamé son innocence et crié au complot politique pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle de 2018, finalement remportée par Jair Bolsonaro.

Lire l’enquête: Au Brésil, une opération anticorruption aux méthodes contestables

Après avoir été condamné en deuxième instance, en 2018, il avait été emprisonné dix-huit mois et obligé de renoncer à la présidentielle dont il était le grand favori, selon les sondages. L’ancien tourneur-fraiseur, auquel M. Bolsonaro avait souhaité de «Pourrir en prison», avait été finalement libéré en novembre 2019. La Cour suprême avait jugé que l’exécution d’une peine n’était pas possible qu’une fois que les personnes condamnées avaient épuisé tous les recours.

La même année, Lula avait été condamné à dix-sept ans de prison en deuxième instance dans une autre affaire: il avait été accusé d’avoir bénéficié de travaux sur le site d’une propriété rurale à Atibaia, dans l’Etat de Sao Paulo, en échange de contrats avec une entreprise du BTP.

Le Monde avec AFP

Laisser un commentaire