Finances

La COP26 ne doit pas oublier la tarification du carbone


Il n’y a pas d’options à faible coût pour lutter contre le changement climatique. L’énergie renouvelable n’est pas moins chère que l’énergie fossile une fois que le prix de l’investissement et du stockage sont pris en compte. L’énergie à faible émission de carbone coûtera plus cher.

La seule façon d’inciter le monde à passer à cet avenir plus coûteux à faible émission de carbone est de rendre les combustibles fossiles plus coûteux, ce qui signifie une tarification du carbone plus élevée.

Ces programmes prennent généralement la forme de taxes sur les émissions des pollueurs ou de systèmes de « plafond et d’échange » qui limitent la quantité d’émissions que les entreprises peuvent émettre avant d’avoir à payer plus.

Convaincre l’électorat que la tarification du carbone est la bonne chose à faire ne sera pas facile. La société dans son ensemble devra supporter ces coûts supplémentaires.

Le rapport sur les écarts d’émissions 2021 publié par l’ONU en octobre était un rappel opportun de ce que nous avons accompli et de ce qu’il reste à faire pour contenir l’augmentation des températures mondiales à 1,5°C.

La bonne nouvelle, c’est que des objectifs plus ambitieux en matière de changement climatique lancés depuis l’Accord de Paris en 2015 nous ont rapprochés de l’objectif 1,5C. L’écart sera encore plus petit suite à l’engagement de l’Inde lors du sommet COP26 de fixer des objectifs climatiques plus ambitieux pour 2030 et d’atteindre le zéro net d’ici 2070.

Les grands émetteurs commencent également à associer leur ambition à l’action. La Chine s’est engagée à arrêter les investissements dans le charbon à l’étranger, tandis que Joe Biden, le président américain, prévoit de dépenser plus de 500 milliards de dollars pour des mesures climatiques. En Europe, le paquet Fit for 55 de l’UE propose une législation pour répondre aux ambitions climatiques du continent.

La mauvaise nouvelle est que les engagements et les actions actuels ne sont clairement pas suffisants. Une action plus décisive est requise de toute urgence. Le monde est toujours sur une trajectoire proche de 2,7°C de réchauffement climatique d’ici la fin de ce siècle.

Alors, qu’est-ce qui peut nous amener sur la route du 1.5C vers le zéro net ?

Les politiques gouvernementales joueront un rôle clé, qu’il s’agisse de la tarification du carbone ou des subventions pour les énergies renouvelables et d’autres technologies de transition. La courbe de réduction du carbone de CRU suggère que les entreprises européennes devraient se préparer à des prix du CO2 de près de 200 $ la tonne d’ici 2030 si l’UE prend au sérieux ses objectifs en matière de changement climatique.

Le passage aux énergies renouvelables est l’un des moyens relativement moins chers de réduire les émissions, même avec stockage. Mais ne vous y trompez pas : les énergies renouvelables ne sont pas moins chères que les énergies fossiles une fois le coût de l’investissement initial et stockage sont pris en compte.

Si nous pensons à d’autres sources d’émissions dans les matières premières — le charbon dans l’acier, le gaz naturel dans l’ammoniac — ces secteurs ne peuvent pas simplement électrifier. Ils ont besoin de nouvelles matières premières et de nouveaux procédés de production. L’hydrogène est souvent considéré comme la solution miracle, mais nous prévoyons que les prix du carbone devraient atteindre bien plus de 200 $ la tonne pour inciter à une adoption généralisée dans l’acier, et encore plus haut pour les engrais.

L’industrie des matières premières est à forte intensité de capital. Le passage à l’énergie renouvelable et aux opérations d’électrification est extrêmement coûteux et prend des années, voire des décennies, à réaliser. C’est pourquoi les entreprises bénéficient d’un environnement politique prévisible. Ils ont besoin de clarté autour de la réglementation, des taxes et des objectifs intermédiaires pour atteindre le zéro net. En réalité, une telle stabilité est susceptible de rester insaisissable. La crise énergétique actuelle en est un exemple.

Les marchés financiers et privés seront également le moteur de la transition énergétique. La COP26 a été le premier sommet COP où la finance a joué un rôle de premier plan. Des preuves anecdotiques suggèrent qu’il devient de plus en plus difficile d’assurer une mine de charbon en Afrique du Sud et plus délicat de lever des fonds pour un nouvel oléoduc aux États-Unis.

Pourtant, il y a encore beaucoup de financement disponible pour les projets de combustibles fossiles. Cela suggère que les considérations climatiques ne sont toujours pas au centre de la finance – mais, sur les trajectoires actuelles, elles pourraient rapidement devenir dominantes.

Le manque de financement pour les combustibles fossiles augmentera le coût du financement et, en fin de compte, les prix. Essentiellement, cela fait le travail d’un prix du carbone. En augmentant le prix des combustibles fossiles, il rend les énergies renouvelables et d’autres options à faible émission de carbone plus viables.

Jumana Saleheen est économiste en chef et responsable du développement durable au cabinet de conseil CRU et Paul Butterworth est son directeur de recherche

La Commodities Note est un commentaire sur l’industrie du Financial Times

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