La chaîne internationale Euronews taille dans ses effectifs


La rédaction d'Euronews, à Lyon, en novembre 2018.

Une profonde inquiétude parcourt la rédaction d’Euronews, après l’annonce d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE, plan de licence) prévoyant une quarantaine de départs nets de la télévision d’information en continu, sur un effectif total de 500 employés réguliers, rassemblés au siège basé à Lyon. Dans le détail, 68 collaborateurs seront licenciés, tandis qu’une trentaine de recrutements sur de nouveaux postes sont prévus.

«Ce plan identifie l’identité de la chaîne, pour la première fois la notion d’information en continu dans la pluralité des langues est mise en cause, alors que l’Europe a plus que jamais besoin d’une information indépendante», redoute un des plus anciens journalistes, qui préfère ne pas être cité, comme la plupart de ses collègues interrogés. Les professionnels craignent l’abandon progressif de la fabrique multilinguistique de l’information, au profit d’une reconversion numérique uniformisée, répondant uniquement à une logique commerciale.

Problèmes récurrents

Le plan social se complète d’une réorganisation de la rédaction renforçant les plates-formes numériques, consistant à produire une offre complète d’information numérique, par thèmes nommés «Verticales». Art de vivre, voyage, culture, affaires, technologie, figurent parmi les thèmes du nouveau plan d’affaires, proposé aux syndicats.

Ce projet prévoit aussi l’arrêt du service italien d’info télévisuelle continue, avec sa conversion complète sur le Web. La réduction envisagée de l’équipe italienne de 17 à 11 journalistes a fortement choisi la rédaction, qui a vu dans ce choix une atteinte aux origines historiques d’Euronews.

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Lancée en 1993 par une vingtaine de chaînes européennes, en espérant concurrencer l’américaine CNN, Euronews appartient désormais à hauteur de 88% à la holding Media Globe Networks (MGN), détenue par le magnant égyptien Naguib Sawiris. Les principales chaînes publiques européennes, et plusieurs collectivités, détiennent le reste du capital. Confrontée à des problèmes récurrents de financement, la chaîne a dû utiliser à un premier plan social en 2017, avec la suppression de 90 postes, et l’abandon de son multiplexe au profit de douze chaînes linguistiques, juridiquement créé comme autant de franchises.

La suppression annoncée du service turc est aussi très mal vécue par la rédaction

«La situation est fragile structurellement, le marché publicitaire paneuropéen est devenu extrêmement concurrentiel, aucun média international ne s’en sort réellement», résume un membre de la direction, pour qui le déploiement sur Internet constitue «La seule solution pour construire un nouveau modèle de développement. » Après une perte de 21,5 millions d’euros en 2019, la chaîne espère retrouver un résultat positif en 2023 en combinant baisse des coûts et recherche de nouvelles recettes publicitaires.

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