« Je m’entraîne depuis tout petit pour ça »


Il y a des shoots qui resteront gravés. À peine une nuit plus tard, celui de Rob Gray est déjà assuré de trôner en belle place dans les moments de gloire historique de l’AS Monaco Basket. Isolé dans le coin droit face à John Shurna, le sniper de la Roca Team, pourtant pas spécialement en réussite jusque-là (9 points à 2/8 en 17 minutes au final), s’est élevé plus haut que l’intérieur de Gran Canaria et a envoyé l’équipe de la Principauté en finale de l’EuroCup (76-74). Le type de buzzer batteur que tous les jeunes basketteurs ont un jour imaginé, à shooter seul dans leur jardin ou sur un terrain de jeu. Ou sur le panier de leur garage de Forest City (Caroline du Nord), dans le cas de Rob Gray …

«Nous jouons tous au panier pour vivre de tels moments», savourait-il sur le site officiel de son club. «Notre équipe est vraiment spéciale parce que tout le monde joue sur et chacun joue pour l’autre. Ce dernier tournage? Je m’entraîne depuis tout petit pour être capable de répondre à ça. On rêve tous que cela arrive un jour, donner la victoire à son équipe dans un grand match. Je suis tellement heureux pour tous les gars. »

Un tir au buzzer en demi-finale retour d’EuroCup, un fait d’armes prestigieux pour un joueur qui a connu une ascension exponentielle depuis ses premiers pas sur le sol européen. Débarqué à Bourg-en-Bresse en mars 2019, en tant que pigiste médical de Zack Wright, Robert Dejuan Gray Jr.a laissé entrevoir quelques flashs sur la fin de sa saison rookie mais son style de jeu lassait les cadres du vestiaire burgien. Parti à Boulogne-Levallois l’été suivant, l’ancien arrière de l’université de Houston a pris de l’envergure, est devenu All-Star, a prolongé son contrat et aurait dû être un cadre des métropolitains cette saison sans une incompréhension chronique avec Jurij Zdovc. Une incompatibilité avec le technicien slovène en forme d’aubaine pour la Roca Team. Un cadeau tombé du ciel qui a fait franchir un cap à l’effectif monégasque. Utilisé en sortie de banc par Zvezdan Mitrovic, Rob Gray est désormais l’un des plus beaux attaquants de Jeep ÉLITE, tout en s’investissant beaucoup plus dans le domaine défensif. Des efforts récompensés par un tournage pour la postérité vendredi soir au cœur de l’archipel des Canaries.

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25 points lors du match aller et le vainqueur au retour: Rob Gray, héros de la demi-finale!
(photo: Sébastien Grasset)

Un tir qui contribue aussi à renforcer la légende de Zvezdan Mitrovic. Arrivé de manière anonyme sur le Rocher en 2015 à l’époque de la Pro B, en plein milieu d’une controverse entourant l’éviction surprise de Savo Vucevic, le technicien monténégrin s’est vite imposé comme le meilleur entraîneur de LNB. Alors qu’il a déjà tout gagné en France (la Pro B en 2015, la Leaders Cup à trois reprises, la Coupe de France en 2019 et la Jeep ÉLITE la même année), son nom commence progressivement à apparaître parmi ceux qui comptent sur le continent, grâce aux quelques victoires de prestige décrochées en EuroLeague la saison dernière avec l’ASVEL et ce statut de finaliste de l’EuroCup avec Monaco.

«Félicitations à mon équipe pour ce match et pour la qualification en finale», at-il déclaré en conférence de presse. «C’est incroyable pour nous. Nous avons démarré la saison sans ambitions particulières. Bien sûr, aller au Top 16 représentait notre niveau mais ensuite, nous avons monté les marches les après les autres et nous voici en finale. Ce soir, c’était un match incroyable. C’était fou, j’ai frôlé l’attaque cardiaque mais je suis extrêmement heureux! Je pense que mon équipe n’a pas produit un match de grande qualité mais nous avons montré énormément beaucoup de cœur. Le dernier tir de Rob Gray est magnifique. Il n’avait pas beaucoup joué avant mais c’est le type de joueur à qui vous pouvez donner le ballon dans ces moments-là, il a beaucoup de sang froid. Maintenant, que ce soit la Virtus Bologne ou l’UNICS Kazan, ça nous importe peu. Nous sommes heureux d’être en finale. Peut-être qu’il y aura un ticket en jeu pour l’EuroLeague, ça dépendra du Zénith, c’est génial. »

L’an dernier, après avoir tomber le CSKA Moscou champion d’Europe sur un dernier tir de Jordan Taylor à l’Astroballe (67-66), Zvezdan Mitrovic nous avions confié qu’il était de la plus grande victoire de sa carrière. Deux succès face à Bologne ou Kazan (du 27 avril au 5 mai), et ce statut pourrait être bien vite mis en danger …

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Zvezdan Mitrovic, ici avec Rob Gray, lors du match aller passer 82-77
(photo: Sébastien Grasset)

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