Iliad-Free concrétise ses ambitions à l’international


marque / free_1589 / « target = » _ blank « > Gratuit, va bientôt débarquer en Pologne, après des incursions en Irlande et en Italie. En septembre dernier, le groupe français a racheté 40% de Play, le premier opérateur mobile du pays, et lancé une offre publique d’achat pour le solde qui sera clôturée à la mi-novembre. Avec cette opération, Iliad s’impose comme le sixième opérateur européen en nombre d’abonnés mobiles. les acteurs ont engagé des investissements importants dans la fibre et la 5G « , explique Thomas Coudry, analyste chez Bryan Garnier. » Il est donc naturel de se lancer à l’international pour retrouver des perspectives de croissance.  »

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Iliade part à l’offensive sur des marchés mûrit aussi que différents. « Ces pays offrent de très belles perspectives de croissance, explique le directeur général du groupe, Thomas Reynaud. Nous saisissons les opportunités où elles se trouvent. » En Pologne, Play, lui aussi « challenger venu casser les monopoles », était un camarade de lobbying avec lequel Free s’est allié au sein de l’association des opérateurs alternatifs européens (Ecta).

Trois incursions à l  'étranger en passe de réussir

Grandir pour négocier les prix

Passer à grande échelle souhaite au groupe de réaliser des économies. Il est plus facile de négocier les prix auprès des équipements télécoms et de Netflix quand on pèse 43 millions d’abonnés. Pour un analyste, « Free n’a pas de master plan pour son développement à l’étranger. C’est un opportuniste qui suit les avis des consultants. »

Les divers scénarios ont des similitudes: « Le groupe débarque dans un marché gangrené par des acteurs historiques et réplique sa stratégie de prix agressifs, puis passe à la phase de développement du fixe et de la convergence », ajoute un bon connaisseur du secteur.

Les équipes de Xavier Niel entretiennent de longue date des ambitions internationales. Elles avaient tenté un rachat de T-Mobile aux Etats-Unis en 2014. Sans succès. Puis ont failli prendre pied au Royaume-Uni. Encore raté. L’Irlande est leur première incursion réussie à l’étranger. En 2017, Iliad a investi dans 31,6% des parts de marché Eir. « Cette opération est d’abord un investissement financier, expliquait à l’époque Thomas Reynaud. Nous allons participer à la création de la valeur d’Eir et nous avons la possibilité de le transformer en investissement industriel à terme. » Un scénario de voiture envisageable Iliade une option d’achat pour 2024 sur 33% des pièces, rachetées en 2017 par… NJJ, le holding personnel de Xavier Niel. « Il utilise parfois sa société pour réaliser des investissements qui pourraient être perçus comme trop osés par le marché et faire chuter l’action d’Iliad en Bourse », décrypte un analyste qui a travaillé avec Free. Eir est cependant un opérateur très différent, propriétaire du plus grand réseau fibre d’Irlande. Mais il est un challenger sur le mobile avec moins de 20% des parts de marché.

Plutôt risqué, le pari italien est en passe de réussir. Encouragé par l’Agcom, autorité transalpine de régulation des télécoms, Iliad se lance comme opérateur en 2018, en sous-louant le réseau de Wind Tre, avec des forfaits simples au prix modique de 5,99 euros par mois. La marque, pratiquement inconnue, voit son nombre d’abonnés monter en flèche, l’Italie étant le seul pays européen disposant d’un marché du prépayé moins taxé que celui du forfait. « L’opération a été compliquée sur le plan financier. Il a fallu beaucoup dépenser pour concurrencer les autres opérateurs, bien installé dans le mobile, mais c’est un succès commercial avec 8% de part de marché et 7 millions d’abonnés » , rappelle Thomas Coudry. La marge brute reste négative mais la situation devrait bientôt s’améliorer.

Passer à la convergence

« Iliade a construit 6 000 antennes dans les grandes villes du pays et devrait pouvoir diminuer drastiquement ses frais d’itinérance dans les prochaines années, explique un connaisseur des télécoms italiens. Il a déjà commencé à proposer une offre à 9,99 euros pour remonter son revenu par utilisateur.  » En prime, le groupe s’est lancé dans la deuxième phase de sa stratégie: la convergence. Il a signé en juin dernier un accord pour proposer une offre Internet fixe en utilisant le réseau d’Open Fiber et a choisi l’Apple TV en guise de box.

Le rachat du polonais Play a, en revanche, fait douter les investisseurs, qui ont sanctionné l’action Iliad lors de son annonce. L’opérateur est pourtant un acteur agressif aux prix modiques, leader en Pologne avec 29% de part de marché. Ce pays de 38 millions d’habitants bénéficie d’un taux de pénétration du mobile très important de 130%, mais son réseau fibre est très peu développé avec seulement 63% de foyers équipés en raison de la présence de nombreux petits câblo-opérateurs, et aussi parce que ce pays rural devra peut-être utiliser des technologies 4G et 5G sans fil.

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Fait amusant, Iliad vient concurrencer Orange en terre inconnu: le numéro un français des télécoms et possède un capital historique du pays. « La situation ne ressemble pas à celle de la France à l’arrivée de Free, explique Mari-Noëlle Jégo-Laveissière, vice-présidente d’Orange en charge de l’Europe. part de marché, nous sommes leaders sur le fixe. Cela ne modifie pas notre stratégie de convergence entre fixe et mobile. « 

C’est bien au chantier de la convergence qu’Iliad s’attelle. « Grâce à notre savoir-faire en termes de boîte, de déploiement de la fibre et de distribution numérique, nous allons entrer en force sur le marché du très haut débit en Pologne », avance Thomas Reynaud. Le marché européen devient-il le seul horizon? « C’est un tout! », S’exclame le directeur général d’Iliad. Car, en France, il conserve de grandes ambitions sur la fibre et le marché entreprises, très prometteur.

Son holding personnel, l’autre arme de Xavier Niel

Depuis une dizaine d’années, Xavier Niel multiplie les rachats ou prises de participations minoritaires dans des opérateurs partout dans le monde. Le milliardaire passe par NJJ, son holding personnel et patrimonial, et s’associe souvent à Michaël Golan, son ex-bras droit.

Il a racheté un opérateur à Orange en Suisse, renommé Salt. Il s’est emparé de Monaco Telecom, hub international avec un revenu par abonné très élevé. Il a également investi dans MyRepublic à Singapour et dans l’Océan indien, MTN Chypre, un opérateur à Malte. Au Sénégal, il a racheté Tigo en partenariat avec le groupe Axian, géré par le roi des télécoms malgaches Hassanein Hiridjee. Tous deux sont associés pour le rachat d’Outremer Telecom à SFR.

Dans certains pays dont le Sénégal, Free et NJJ passent des accords d’exploitation de marque. Mais cela rend encore moins lisible la toile d’araignée tissée complexe par Xavier Niel dans les télécoms.

Xavier Niel.  Prendre des participations via NJJ lui permet de ménager le cours de Bourse d  'Iliad.

Xavier Niel. Prendre des participations via NJJ lui permet de ménager le cours de Bourse d’Iliad. (Eliot Blondet / Abaca)

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