Hommage national au célèbre peintre français et maître du noir Pierre Soulages


Un hommage national aura lieu mercredi à l’occasion du décès du peintre français Pierre Soulages, décédé vendredi à l’âge de 102 ans.

La cérémonie, organisée par le Palais de l’Élysée, aura lieu dans la Cour Carrée du Louvre pour l’artiste originaire de Rodez dans le sud-ouest de la France.

Elle sera ouverte au public et sera présidée par le président Emmanuel Macron en compagnie de la famille de l’artiste.

Il sera inhumé à Paris le vendredi 4 novembre sur les coups de 14 heures et parallèlement une messe sera célébrée à l’abbaye Sainte-Foy de Conques en Aveyron.

La cérémonie fait suite à une demande de Collette, son épouse depuis 80 ans puisque Soulages a joué un rôle déterminant dans les 104 vitraux de l’abbaye.

Lors de son inauguration en 1994, Soulages, le maître du noir, a suscité la polémique en dévoilant des vitraux translucides et incolores. Mais peu de temps après, ils ont été reconnus et célébrés pour avoir « capté » la lumière du jour et baigné l’église abbatiale d’une clarté naturelle avec des variations de tons, du bleu au gris, selon les heures et les saisons.

Soulages a gagné son soubriquet en accédant à la gloire avec ses toiles reflétant les différents usages de la couleur noire. Pour lui, il n’y avait qu’une seule couleur : le noir. Il a passé sa vie à explorer la lumière qu’il contenait.

« J’aime l’autorité du noir, sa sévérité, son évidence, sa radicalité », a déclaré le peintre lui-même toujours vêtu de noir.

« C’est une couleur très active. Elle s’illumine quand on la met à côté d’une couleur sombre », a-t-il déclaré à l’AFP dans une interview en février 2019.

Les œuvres de l’artiste français le plus vendu ont coûté des sommes à sept chiffres, avec une toile de 1960 à rayures noires épaisses vendue aux enchères au Louvre pour 10,5 millions de dollars (environ 10,4 millions d’euros).

Un nom familier en France mais moins connu à l’international, ses peintures sont exposées dans plus de 110 musées à travers le monde, dont le Guggenheim de New York et la Tate Gallery de Londres, avec des centaines d’autres au Musée Soulages, qui a ouvert ses portes en 2014.

Pour ses 100 ans en décembre 2019, il a eu droit à une rétrospective au Louvre – un honneur rare pour un artiste vivant.

Au-delà du noir

Soulages a intitulé toutes ses pièces « Peinture » (« Peinture »), les distinguant ensuite par leur taille et leur date de production.

Vers 60 ans, il est passé du noir à la réflexion de la lumière à partir du noir – une technique qu’il a appelée « outrenoir » (« au-delà du noir »). Cela impliquait de gratter, creuser et graver d’épaisses couches de peinture avec du caoutchouc, des cuillères ou de minuscules râteaux pour créer différentes textures qui absorbent ou rejettent la lumière, l’emmenant dans ce qu’il appelait un « pays différent » du noir uni.

Des célébrités hollywoodiennes, dont Alfred Hitchcock, auraient récupéré ses œuvres.

Perfectionniste jusqu’au bout des ongles

Né le 24 décembre 1919, il était même, enfant, obsédé par l’éclat sombre de l’encre.

Avec toutes ses « marques noires sur le papier », sa mère le taquinait en lui disant qu’il « pleurait déjà sa mort », a-t-il déclaré dans l’interview à l’AFP.

Il est admis à l’école des Beaux-Arts de Paris juste avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Il expose ses premières œuvres en 1947.

Alors que ses contemporains et amis, comme Hans Hartung et Francis Picabia, s’adonnent à la couleur, il opte pour le brou de noix utilisé sur les meubles pour créer des œuvres géométriques sur papier ou sur toile. Pendant un certain temps, il a même essayé des barbouillages de goudron noir sur du verre.

À 33 ans, Soulages expose à la prestigieuse Biennale de Venise en 1954 et tient sa première exposition solo à New York deux ans plus tard.

Soulages était aussi connu pour son perfectionnisme : s’il n’était pas satisfait à 100 % d’un tableau, « je brûle la toile dehors. Si c’est médiocre, ça s’en va ».

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