GPLM: Un premier test «encourageant mais perfectible» – Actualité


Pour la première fois de son histoire, le Grand Prix La Marseillaise a été retransmis en direct à la télévision ce dimanche. L’occasion de mettre en lumière et de valoriser cette première course française de la saison, toujours très attendue par les amoureux de cyclisme qui ont patienté durant toute la trêve hivernale. This retransmission a notamment permis d’offrir de magnifiques panoramas des routes provençales et de voir différents noms du cyclisme tricolore ou étrangers sous leurs nouvelles couleurs. Mais ce «GPLM» était aussi et surtout l’occasion d’un premier test grandeur nature en cette période où plane la menace d’un troisième confinement, et où l’on se demande si la saison cycliste pourra se poursuivre dans les semaines à venir, alors que plusieurs épreuves ont d’ores-et-déjà été reportées ou annulées. Le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, a d’ailleurs envoyé un message personnel à Pierre Guille, l’organisateur de l’épreuve, pour lui apporter son soutien, sans manquer de lui rappeler l’enjeu. «Samedi soir, il m’a dit que tous les yeux seraient rivés sur nous pendant la course. Quand tu reçois ce message là de Christian Prudhomme, tu ne dors pas beaucoup derrière », rigole l’homme à la tête du comité d’organisation.

Les toutes premières équipes sont arrivées sur place vers 9h30, pour un départ fictif donné à 11h40 sur la place du Conseil général des Bouches-du-Rhône et du Dôme de Marseille. Le public était bien moins nombreux à l’accoutumée, mais quelques curieux – des cyclos sur leurs vélos ou des pères de famille accompagnant leurs enfants, ont tout de même essayer d’approcher – voire de pénétrer – la zone réservée aux bus des équipes. Les plus téméraires ont obtenu une photo avec leurs idoles, quelques rares imprudents se permettant même de toucher les athlètes, comme cet homme tout heureux d’échanger quelques mots avec la tête d’affiche N ° 1 de la course, Philippe Gilbert (Lotto- Soudal), peu avant le départ. Des événements à la marge, malgré tout.

«C’EST LE CHARME DU CYCLISME»

L’ambiance d’un huis clos presque total s’est bel et bien fait sentir dans les rues de Marseille. Au sein des équipes, la mécanique était bien huilée. Tous connaissent désormais parfaitement la marche à suivre s’ils veulent espérer avoir un calendrier digne de ce nom ces prochaines semaines. Au sein de chaque collectif, les coureurs sont sortis de leurs bus directement masqués, pour un aller-retour très rapide au niveau du podium de signature, avec une présentation des équipes étalées dans le temps pour éviter que les formations ne se croisent. Une fois devant ce podium, les coureurs n’ont pas eu à signer de feuille de départ, comme cela se faisait déjà sur les cours l’été dernier. Une membre de l’organisation s’est chargée de cocher les affaires elle-même en se contentant d’interroger les coureurs sur leur identité. À la montée des marches du podium protocolaire où Daniel Mangeas les attendait, les coureurs peuvent se servir sur une borne délivrant du gel hydroalcoolique. Avant de vite retourner aux bus, à l’abri du moindre contact extérieur.

Sept ou huit minutes avant le départ fictif, pratiquement aucun coureur n’était encore présent sur la ligne de départ. Tous se sont réunis au dernier moment, masques sur le visage, toujours. Peu d’assistants sont ensuite venus récupérer ces mêmes masques. De nombreux coureurs ont ainsi proposé eux-mêmes leurs masques dans des poubelles se trouvent tout près de la ligne de départ. «J’étais sûr qu’ils n’allaient pas venir récupérer les masques. Où sont les assistants? », s’amusent quelques athlètes dans une ambiance bon enfant. La course s’est déroulée sans gros accroc pour le peloton, avec un peu de monde dans les traversées de villages. « Bernard Thévenet l’a dit lui même: c’est le charme du cyclisme, c’est tellement populaire, au sens noble du terme… Tu ne peux pas totalement empêcher les gens d’être sur le bord de la route », souligne Pierre Guille pour DirectVelo.

«SUR NE POUVAIT PAS CONTRÔLER LE MOINDRE MOUVEMENT»

La situation aux abords de la ligne d’arrivée, juste devant le Stade Vélodrome, s’est en revanche révélée légèrement plus problématique puisqu’une bonne centaine de personnes non accréditées s’est retrouvée sur la ligne d’arrivée puis en face du podium protocolaire après le succès d’Aurélien Paret-Peintre (voir classement). La première manche de la Coupe de France FDJ devait pourtant se tenir à huis clos. « C’est à l’image de ce qui s’est fait sur les autres cours y compris le Tour de France. C’est compliqué. Sur un tout barriéré, sur un mis des rubalises de partout. Mais après, que faire de plus? On ne va pas leur tirer dessus, lâche l’organisateur ce lundi matin, après coup. On a tout ce que l’on pouvait. Je pense qu’il y avait une cinquantaine de personnes à tout casser. Globalement, je pense pouvoir dire que ça s’est bien passé. C’est encourageant mais perfectible, oui, bien sûr. On le reconnaît».

Maurice Caumel, responsable de la ligne d’arrivée, tient considérablement le même discours que Pierre Guille. «La bulle a été créée. Il y avait un double barriérage sur la zone d’arrivée, alors que ce n’est même pas demandé par la charte de l’UCI. En plus de ce double barriérage, il y avait encore des rubans de signalisation. Les gens fonctionnent pas directement sur les barrières qui séparent de la course. On a tout fait au maximum, des gens étaient là pour empêcher que le public ne s’approche de trop. Les consignes de sécurité étaient régulièrement répétées au micro et on a même distribué des masques », explique-t-il tout en concédant avoir été impuissant face à la salle de certains curieux. «Les gens doivent aussi prendre leurs responsabilités. On les a vraiment canalisés pour qu’ils ne s’approchent pas trop des coureurs. Pour le reste… On n’est pas policiers. Que voulez-vous que je fasse de plus? Que je sorte un bâton et que je tape sur les gens? On est en plein Marseille, on ne pouvait pas contrôler le moindre mouvement de tous les côtés ».

DES BÉNÉVOLES SUPPLÉMENTAIRES POUR L ‘ÉTOILE DE BESSÈGES

Claudine Fangille, qui organisera l’Étoile de Bessèges à partir de mercredi, était présente sur place ce dimanche et en a profité pour rappeler les choses mises en place par son équipe pour les jours à venir. «Les coureurs seront dans de vraies bulles. On a tout mis en place pour ça, on a même demandé des bénévoles supplémentaires pour tout verrouiller. Sur les podiums, personne ne doit toucher les coupes. On va s’assurer qu’il n’y a pratiquement personne sur le podium protocolaire. Les coureurs enfileront leurs maillots distinctifs eux-mêmes. On va faire les choses correctement, on va respecter toutes les consignes, j’espère que les autorités ne vont pas en douter ». Les organisateurs de l’Etoile de Bessèges ont même pris le temps, au moment de prendre deux équipes supplémentaires sur leur épreuve, de vérifier les zones de départ et d’arrivée de chaque étape pour s’assurer qu’il y aurait assez d ‘ espace pour tout le monde. «Des bénévoles vont verrouiller ces zones. Il y aura des barrières tout le long de certaines routes et à partir de là, les spectateurs ne pourront pas passer. Tout simplement ».

Au moment de faire le bilan de cette journée de cours, Pierre Guille tient avant tout à se montrer satisfait d’avoir pu organiser malgré le contexte actuel. «J’ai été épaulé par des gens et par des institutions formidables. Sur un ténu bon. On parle souvent en mal de Marseille. Sur le fait du dénigrement de Marseille. Mais on a fait en sorte de redorer l’image de Marseille et d’en refaire une terre de cyclisme. Globalement, je pense que le pari a été tenu ».



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