Gonet: l’actualité des marchés au 19 mars


Nasdaq -3,02%, Dow -0,46%, SPX -1,48%, Russell -2,94%, SOX -4,2%, Eurostoxx + 0,46%, SMI + 0,47%.

Wall Street est le prix en otage par le bras de fer engagé entre Jerome Powell et le marché obligataire. À ma droite, le patron de la Fed, qui reste droit dans ses bottes et ne prévoit aucune hausse de taux de cours avant 2024, tout en affirmant être à l’aise avec un retour de l’inflation au-dessus des 2%, qu ‘il prédit temporaire. À ma gauche, le marché obligataire, qui s’inquiète de cette approche tellement dovish (colombe) et tente de prendre le contrôle de la courbe des taux. Le débat sur l’inflation prend des proportions plus observées depuis bien longtemps, comme l’illustrent d’ailleurs les statistiques de Google, qui décrit que le mot «inflation» n’avait pas été autant utilisé dans les recherches depuis au moins 2008. Les sondages conduits auprès de la population sont également intéressantes, qui ont fait que la tranche la plus âgée s’attend à un retour marqué de l’inflation, ce qui n’est pas si étonnant, nos anciens ont connu la période tendue de 1965 à 1982 dans ce domaine, ils concluent donc logiquement que les prix ne peuvent que monter, au vu des aides actuelles fiscales et monétaires. À l’opposé de la courbe démographique, les plus jeunes n’attendent pas d’inflation, ils ne savent pas ce que c’est pour ne l’avoir jamais vécu. Et si l’on se tourne du côté des indicateurs macro-économiques, on remarque que le dernier rapport de l’université du Michigan consacré à l’inflation voit cette dernière à 2,7% contre 2,3% il y a un an. Pour en revenir à la Fed, elle se réveille un peu moins une seule ce matin, la Banque d’Angleterre adopte la même approche qu’elle. Nous voici donc face à des banques centrales prêtes à laisser filer l’inflation «momentanément». Le vieil adage «ne combattez pas la Fed» a toujours fonctionné depuis des décennies, quid d’aujourd’hui?

Mais toutes les banques centrales ne sont pas au diapason, au Brésil et en Turquie, sur resserre la politique monétaire pour combattre la hausse du niveau général des prix. Et au Japon, la BoJ augmente légèrement la marge de fluctuation des taux longs afin de rendre sa politique monétaire plus adaptée aux circonstances. La banque centrale japonaise annonce aussi qu’elle cesse de racheter des ETFs tous azimuts pour se concentrer sur ceux répliquant l’indice Topix, un indice élargi des actions cotées à la bourse de Tokyo. Et elle cessera de le faire automatiquement. L’air de rien, cela constitue un premier pas vers un ralentissement de l’aide monétaire à l’économie du pays.

Pour en revenir à Wall Street, le marché obligataire est dans tous ses états, qui décoller le rendement de l’emprunt US à 10 ans à 1,75% hier, pour le ramener ce matin à 1,68%. Mais le mal est fait et les actions technologiques se prennent un bel uppercut dans les gencives hier soir, le Nasdaq100 (NDX) revenant en-dessous des 13’000 points et regardant sa moyenne mobile à 100 jours comme prochain support. Le S & P500 (SPX), qui avait caressé l’idée de chatouiller les 4’000 points hier, revient près des 3900. Le bon vieux Dow Jones passe une journée nettement plus tranquille que ses jeunes cousins, aidé par ses valeurs bancaires, qui applaudissent des deux mains la hausse des taux obligataires. Les volumes d’échanges restent faibles à un peu moins de 13 milliards de titres traités sur le NYSE. Côté volatilité, ça repart logiquement à la hausse avec un VIX en progression de 12,2% à 21,58 et un VXN (volatilité du NDX) qui ne gagne que 10%. Le MOVE Index clôture une nouvelle fois en hausse et continue de nous dire que les taux obligataires vont encore plus haut. À ce propos, nul besoin d’avoir un master technique d’analyse en poche pour voir que le prochain gros niveau de résistance du rendement du 10 ans US se situe dans la zone de 1,98 – 2,02%.

Le pétrole se casse la figure. Le baril de WTI Light Crude Chute de 7% à 60 dollars, sans raison évidente. On peut citer le rebond du dollar, qui avait chuté mercredi, mais c’est un peu léger pour un tel mouvement. On peut aussi observer l’exaspérante lenteur du processus de vaccination en Europe, le Royaume-Uni mis à part, ou encore un rapport du département américain de l’énergie signalé que la demande en diesel et en essence est faible. Finalement, la chute d’hier n’est peut-être qu’un prix de bénéfices, d’ailleurs le Crude vient se poser juste sur sa moyenne mobile à 50 jours hier, pour en rebondir ensuite, à suivre.

La première réunion entre les hauts responsables américains et chinois depuis l’entrée en fonction de Joe Biden connait un début difficile, les deux parties s’échangeant des injures sur les droits de l’homme, le commerce et les alliances internationales. Le conseiller d’État Yang Jiechi répond à la référence d’Antony Blinken aux cyberattaques en qualifiant les États-Unis de «champion» de ces attaques, et il laisse entendre que les États-Unis ne sont pas en phase avec l’opinion mondiale . Les «discussions» se poursuivent aujourd’hui.

Les États-Unis envisagent de prendre de nouvelles sanctions pour bloquer la construction du gazoduc Nord Stream 2, presque achevé, qui soulage la Russie à l’Allemagne, augmentant ainsi la pression sur le Kremlin tout en compliquant les liens avec Berlin. Les nouvelles restrictions prennentraient la forme d’un rapport intérimaire qui pourrait viser les entreprises réalisées des navires de soutien et des matériaux pour le projet, selon des personnes bien informées. Cette décision intervient dans un contexte d’animosité accrue entre M. Biden et Vladimir Poutine, qui a insisté sur le fait que Washington devra respecter les intérêts de la Russie.

L’Allemagne, l’Italie et la France vont reprendre les injections du vaccin d’AstraZeneca après que l’EMA l’ait jugé sûr. Le Danemark assouplira certaines restrictions le 22 mars. La France verrouille 16 départements, dont la région parisienne, une forme de confinement light, qui fait dire à la presse anglaise que «la France marque le coup pour l’anniversaire de son premier confinement»… ça pique mais cela met en évidence le retard du vieux continent sur la perfide Albion en termes de vaccinations. Les Philippines ont autorisé l’utilisation d’urgence du vaccin russe Sputnik V. Joe Biden va atteindre son objectif d’administrateur 100 millions de vaccins aujourd’hui.

Peu d’indicateurs aujourd’hui, hormis les prix à la production allemandes (sortis légèrement en-dessous des attentes) et les salaires français en données trimestrielles (inchangés).

Nike perd 4% hors séance après avoir publié des trimestriels décevants. Fedex gagne 4% après des chiffres solides. La NFL a reçu des engagements de 110 milliards de dollars sur 11 ans pour diffuser ses matchs, de la part de CBS, ESPN, Fox Corporation, NBC et Amazon. Geely va lancer une nouvelle marque électrique haut de gamme avec pour objectif de concurrencer Tesla. Chubb propose de racheter The Hartford Financial Services à 65 dollars par action. Le consortium dirigé par Implenia se voit attribuer le marché pour la galerie d’accès Nord au Saint-Gothard.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le rouge, Wall Street est passée par là. Tokyo recule de 1,41% à la cloche, Hong Kong perd 1,77%, Shanghai abandonne 1,69% et Séoul se replie de 0,86%. Le futur SPX récupère 8 petits points alors que l’Europe est indiquée en retrait de 0,7% à l’ouverture de 9 heures, là encore en sympathie avec Wall Street. Aujourd’hui c’est la journée des quatre sorcières (expiration des futures sur indices, des options sur indices, des options sur actions et des futures sur actions). Attendez-vous donc à un retour de la volatilité.

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