Fonctionnement. Quels intérêts de courir lentement? . sport


Les séances d’entraînement à l’allure lente sont parfois jugés ennuyantes. Les coureurs peuvent avoir l’impression de perdre leur temps. Surtout quand ils n’ont pas le loisir d’enchaîner trois, quatre, cinq séances par semaine.

Fred Belouze est entraîneur du groupe élite du Stade Français athlétisme. Et il a bien conscience que tout le monde n’est pas friand de ce genre de séances. «Le problème, c’est que les gens prennent souvent des mauvaises habitudes en commencement: ils courent trop vite. Quand tu hérites de ces athlètes-là, qui peuvent avoir un bon niveau – et j’en ai dans mon groupe au Stade Français -, c’est très difficile de les faire courir lentement. »

Contrairement aux athlètes Élite. «Eux, ils n’ont pas de souci, ils ne trouvent pas ça embêtant mais régénérant, relaxant. Ils ont conscience du travail qu’ils sont en train de suivre. »

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Courir lentement permet d’augmenter le volume du cœur

Après avoir évoqué le livre du Canadien Denis Boucher, «Courir lentement afin de courir plus vite et plus longtemps», Fred Belouze se développer: «Dans l’ensemble des sorties, il faut qu’une part des entrainements se fassent à allure lente. L’auteur est sur une idée de polarisation de l’entraînement. Il y a différentes zones de travail, et il s’agit de les connaitre et d’accorder du temps à chaque zone. »

«Mais si tu passes ta semaine à faire des footings à 60% de ta VMA, personne n’est dupe, tu n’apprends pas à courir vite, reprend le co-animateur du podcast Dans la tête d’un coureur. Si tu t’entraînes parfois à moyenne et haute intensité, l’endurance fondamentale aura un réel intérêt. Tu seras autour de 60-65% de VMA, et à 65-70% de ta fréquence cardiaque maximale, c’est donc une allure où tu vas renforcer le muscle cardiaque. Et c’est fondamental car c’est la pompe cardiaque qui envoie le sang dans l’organisme. Plus elle va être musclée, plus elle va grossir et ainsi augmenter sa capacité de contenance. Ainsi, le cœur augmente sa capacité de flux sanguin qu’il peut envoyer dans l’organisme, donc le coureur gagne en oxygénation des muscles. »

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Courir lentement permet d’améliorer la capacité d’apports sanguins dans les muscles

En endurance fondamentale, non seulement le cœur prend du volume, mais le coureur renforcé dans le même la capillarisation des muscles. «Les capillaires, c’est le petit réseau qui va dans les muscles. Une force exercée à différentes intensités, les capillaires sanguins vont irriguer profondément l’ensemble des muscles. Cela se fait de manière privilégiée en endurance fondamentale. Tu améliores ta capacité d’apports sanguins (oxygène, nutriments) dans les muscles. »

Le muscle cardiaque est, bien sûr, sollicité lors des séances à intensité (seuil, VMA, fractionné, etc.). Mais pas dans les mêmes dimensions qu’en allure lente. «La résistance et la puissance du cœur sont sollicitées lors des séances à intensité. Mais pas son développement », par Fred Belouze.

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L’impression de pouvoir courir des heures sans être fatigué

Un autre aspect du footing prêté, c’est que le coureur aura l’impression qu’il ne se fatigue pas. «En fait, passons court à très faible intensité, on est sur la filière lipidique. C’est beaucoup moins énergivore que la filière glycogène. Les lipides, c’est une ressource illimitée chez l’être humain. C’est pour ça que certains pensent qu’ils pourraient courir des heures sans être fatigué. »

Mais l’erreur à ne pas commettre, c’est justement de ne pas courir trop longtemps à cette faible allure, selon le coach du Stade Français athlé. «L’endurance fondamentale doit trouver sa place dans l’entrainement. Il faut aussi faire de l’endurance active, un peu plus soutenue. C’est ma vision d’entraîneur: plus sur un panel large de maîtrise d’allures, mieux c’est. C’est un peu l’inverse de l’entraînement polarisé, où on fait beaucoup de très lent et beaucoup de très haute intensité. Les athlètes qui ont moins le temps de s’entraîner ont un avantage à faire ça. Mais quand tu en as qui s’entraînent 5, 6, 10 fois par semaine, sur le temps de balayer toutes les allures. »

Et Fred Belouze doit le mot de la fin: «Courir lentement pour courir vite, c’est trompeur. Pour moi, pour savoir courir vite, il faut savoir courir lentement. »



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