Faire bouger les lignes des compétences des soignants aux urgences ?


La crise hospitalière qui frappe de plein fouet les urgences oblige les acteurs du monde de la santé à imaginer des solutions pour éviter que l’offre de soins disponible ne se dégrade encore plus.

© ricochet64 / ShutterStock

La crise des urgences, qui augure un été difficile dans la gestion des soins non programmés, inquiète tous les acteurs du système de santé et l’Ordre national des infirmiers (Oni) y a été attribuée sa dernière « matinale » la semaine dernière.

Elle s’est tenue alors que les mesures préconisées par le rapport de la mission flash sur le sujet commençaient à être révélées et ses participants ont émis leurs propres propositions, parfois concordantes avec celles du rapporteur, François Braun (à présent ministre de la santé, ndlr).

Les fermetures ou la réduction de la voile de certains services d’urgences par manque de médecins mais aussi de soignants dépassent la problématique des seules urgences, a souligné Olivier Boyer, directeur général du CHR d’Orléans, car une des raisons de l’engorgement des urgences résident dans le manque de lits d’aval. Deux-mêmes fermés notamment par manque de personnel.

La menace d’une aggravation de cette situation plane avec le fait que 15 % des infirmiers qui ont répondu à une enquête de l’Oni envisagent de quitter la profession dans les années à venir, comme l’a rappelé le président de l’Ordre , Patrick Chamborédon.

Confiance

L’extension du champ de compétences des soignants, notamment des infirmiers, est apparue aux participants de cette « matinale » comme une solution pertinente pour libérer le temps médical.

Gaétan Casanova, président de l’Intersyndicale nationale des internes (ISNI), estime lui aussi nécessaire de « Rebattre les cartes sur les rôles de chacun ». Il en appelle à avoir confiance dans les professionnels qui se disent capables de réaliser tel ou tel acte, quitte à ce que cette capacité soit validée par la formation ou la certification. « Le premier levier à enclencher »at-il déclaré, c’est de cesser de croire qu’un parcours de soin qui  » ne passe pas par le médecin, c’est la mort assurée. »

Le président de l’ISNI a également souligné l’importance de reconnaître le besoin qu’ont les professionnels engagés dans une profession de soin de trouver du sens à leur métier, et de leur donner les moyens d’employeur le maximum de leur temps à leurs missions. Par exemple en faisant revenir à l’hôpital les secrétaires que la numérisation n’a pas permis de remplacer.

Le sujet de la confiance a aussi été porté par Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs pompiers. Il a appelé de ses vœux une plus grande collaboration entre professionnels de santé et sapeurs pompiers dans la gestion des urgences. Via un numéro unique, par exemple, ou la formation des pompiers à certains soins de première urgence, afin qu’ils soient « de vrais acteurs de santé » au niveau préhospitalier.

Pour le directeur de l’hôpital d’Orléans, aussi, il faut dépasser l’organisation en silos » professionnels et que les acteurs du système de soins réfléchissent ensemble pour « faire bouger les lignes » des compétences des médecins vers les professionnels paramédicaux. Et pour faire sauter un point de blocage qu’il estime majeur : la différence de rémunération des uns à l’acte et des autres en salaires.

Haro sur les silos

Bertrand Sommier, secrétaire général de la Fédération de l’hospitalisation privée, intimé de ses vœux plus de souplesse administrative pour favoriser les coopérations territoriales entre établissements des secteurs privés et publics ainsi que les coopérations interprofessionnelles, notamment en matière de permanence des soins. Selon lui, il faut aussi former davantage de soignants, valoriser leur expérience, enrichir leurs parcours professionnels, créer des passerelles entre les métiers…

Patrick Chamboredon a rappelé que la pratique infirmière avancée vise à répondre à certains de ces besoins notamment aux urgences. Il s’est « inscrit en faux » contre l’idée selon laquelle les IPA exerceraient une « medecine pas cher ».

Lorsque les IPA urgences arriveront dans les services (en plus grand nombre que les cinq premières IPA de cette mention diplômées en juin), elles rendront « un très grand service » aux urgences, a ajouté le président de l’Ordre. Selon lui, l’accès direct à ces IPA, et même « de façon plus large, aux professionnels paramédicaux » des professions réglementées doivent être soumises. Il est aussi appelé à ce que les infirmiers puissent accéder plus largement à une profession intermédiaire, médicale ou via la pratique avancée.


Certaines de ces idées décrites dans le rapport de la mission flash sur les urgences, d’autres non. Pour ce qui concerne les infirmières, outre le développement de la pratique avancée aux urgences, elle préconise surtout le développement et la simplification des protocoles de coopération, y compris de manière transitoire et temporaire juste durant l’été.

Dans les services mais aussi en ville et en préhospitalier avec l’expérimentation d’équipes paramédicales de médecine d’urgence (EPMU) là où les Smur ne disposent pas d’effectifs suffisants. La mission propose également de développer la télémédecine assistée par des infirmiers, y compris en mobilité à la demande des Smur, au chevet des malades dépendants.

Et de prendre des mesures rapides pour améliorer la qualité de vie au travail et l’attractivité de l’exercice infirmier à l’hôpital.

Géraldine Langlois

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