En Ile-de-France, le Covid-19 a mis le sport au tapis


Un constat alarmant. Certaines associations sportives franciliennes ont perdu plus de la moitié de leurs licenciés depuis le début de la pandémie. Au niveau régional, les ligues des différentes disciplines tiennent les comptes. Et si, en Ile-de-France, les sports d’extérieur parviennent à limiter la casse, à l’image du rugby (-6,5%) ou du tennis et du football (près de 9%), ce n ‘ est pas le cas des sports de combat ou en salle, comme la natation (-40%), le handball (-25%) ou la boxe française dont le nombre d’adhérents a été divisé par deux en un an (-56% )!

Au 1er janvier 2021, malgré la reprise progressive des entraînements en visio ou en extérieur pour de nombreuses disciplines, les clubs n’ont pas vu revenir leurs licenciés.

En Ile-de-France, le Covid-19 a mis le sport au tapis

«Pire, on nous demande souvent des remboursements de licence car il n’y a plus de matchs, soupire le président d’un club de football de l’Essonne. On doit expliquer que la majeure partie de la cotisation est reversée à nos instances départementales, régionales et à la fédération. On n’en garde qu’une petite partie. Et on n’a pas eu les rentrées financières habituelles de la buvette, des tournois ou de nos sponsors … On va avoir besoin d’aides. Mais toutes les collectivités sont, elles aussi, exsangues. »

«Il est inévitable que certains continuent clandestinement»

«Et encore, en football, ce n’est rien par rapport à certains sports où on paye d’avance des cours, les clubs ont fait des avoirs, car les cours n’ont pas pu se tenir et ils vont se retrouver dans le rouge quand il faudra reprendre l’activité et payer les entraîneurs », souligne Patrick Karam, l’élu (Libres!) aux sports de la région Ile-de-France qui a débloqué 7 millions d’euros à destination des clubs en 2021.

Dans certaines disciplines, les frais fixes restent très élevés. «En équitation par exemple, on ne peut pas mettre tout le monde au chômage partiel ni arrêter d’entretenir les lieux ou les animaux, reprend Patrick Karam. L’arrêt du sport va entraîner une catastrophe économique. Sans compter qu’il vaut mieux encadrer une pratique que l’interdire car il est inévitable que certains continuent clandestinement, comme c’était le cas avec le MMA (NDLR: sport de combat) quand il n’était pas autorisé en France. »

Ce qui est arrivé à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), avec des cours de boxe et un match de futsal sans masque, dans un gymnase municipal, sans autorisation de la mairie. Une vingtaine de personnes ont été verbalisées et un homme placé en garde à vue pour la mise en danger de la vie d’autrui. «Mais des cours de boxe ou de fitness, on sait qu’il y en a un peu partout», affirme le gérant d’un club de boxe de Paris qui montre des vidéos pour appuyer ses propos.

Bulletin L’essentiel du 91

Un tour de l’actualité de l’Essonne et de l’Île-de-France

Les sportifs de haut niveau, inscrits sur une liste par leur fédération, ainsi que certains pratiquants bénéficiant d’une autorisation médicale peuvent pratiquer en intérieur, avec leur partenaire habituel. «Mais j’ai pris de nombreux jeunes dans une salle de ma ville dont j’ai les clés, ils avaient besoin de se défouler, admet un coach de boxe dans le Val-de-Marne. On fait ça régulièrement. »

Les salles de sport étant fermées, un cours est organisé sur les quais de Seine, à Paris.  LP / Valentin Cebron
Les salles de sport étant fermées, un cours est organisé sur les quais de Seine, à Paris. LP / Valentin Cebron

Patrick Karam appelle donc la ministre déléguée au Sport, Roxana Maracineanu, à «faire reprendre le sport, de manière raisonnée. Il en va de la survie de nombreuses associations. »A la ligue de l’Essonne de judo, on ne dit pas autre chose. «J’ai peur que certains arrêtent le sport ou s’inscrivent à des activités de plein air et ne reviennent pas sur le tatami», souffle Fabrice Guilley, le président de la ligue de l’Essonne, qui a perdu 4290 licenciés et ne compte plus que 8504 judokas dans son département.

«Les chiffres de la sédentarité sont alarmants»

«On laisse aujourd’hui des gymnases ouverts pour un public restreint, ce qui a un coût énorme, on a fait un plan d’aide immédiate au sport de proximité pour les aider à se maintenir à flot mais sur un besoin que l’Etat nous accompagne sur le plan de relance », tonne Pierre Rabadan, l’adjoint au sport de la Ville de Paris, qui a fait voter 6 millions d’euros pour le sport lors du Conseil de Paris de décembre dernier. «Les chiffres de la sédentarité sont alarmants, notamment chez les jeunes. Il faut impérativement anticiper la reprise. »

«Nous sommes mobilisés depuis le début pour soutenir les associations en détresse, rappelle-t-on au ministère des Sports. Toutes les associations qui disposent d’au moins un salaire sont éligibles au fonds de solidarité. Et pour les petits clubs qui n’ont que des bénévoles, nous avons un dispositif d’aide d’urgence. »15 millions d’euros en 2020 et 15 autres millions d’euros en 2021 sont dévolus à cet effet.

Enfin, à partir de septembre, 100 millions d’euros sont prévus pour aider à financer les licences de près d’1,8 millions de sportifs (50 à 80 euros par personne).

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