Émilien Jacquelin a retrouvé des couleurs
Avant l’enchaînement sprint-poursuite-mass start programmé dans les Alpes suisses ce week-end pour la 3e étape de la Coupe du monde de biathlon, Émilien Jacquelin (28 ans) reste sur son premier top 10 depuis son retour sur le circuit principal : il s’est classé sixième de la poursuite à Hochfilzen (Autriche) samedi dernier. Un résultat accueilli avec une émotion visible.
Quand il avait décidé de dire stop dès fin février l’hiver dernier, immédiatement après les Mondiaux-2023, le double champion du monde de poursuite (2021 et 2022), atteint mentalement, ne s’interdisait pas de longs mois de break. « Je ne vais pas vous dire tout ce qui se passe dans ma tête, ça va vous faire peur ! », avait-il lâché au cours des Mondiaux à Oberhof (Allemagne). « Il y a une fatigue globale. A un moment donné, il faut se poser les bonnes questions, avait-il ajouté. Ça fait deux ans que je sens le besoin (de faire une pause), que je n’ai jamais pris le temps. »
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« Assez vite apaisé »
Deux mois plus tard, début mai, le biathlète de Villard-de-Lans a finalement entamé une préparation estivale normale, sous la houlette du nouveau duo d’entraîneurs des Bleus, Simon Fourcade et Jean-Pierre Amat.
« Très vite, l’idée de reprendre m’est venue en tête. Ça m’a assez vite apaisé. Je me rappelle être aux Strade Bianche en Italie (une course cycliste début mars, NDLR), regarder (la Coupe du monde de biathlon à) Nove Mesto, et me dire : « Bon, c’est à prendre en compte quand même » » , racontait-il début novembre.
« Et j’avais des projets extra-sportifs, mais il ya eu cette prise de conscience, quand je me suis dit : « Attends, ça j’ai envie de le faire plus tard, pas aujourd’hui » Aujourd’hui, je veux m’exprimer dans le sport que j’aime », poursuivait-il.
De la nécessité d’être « patient »
Au fil de l’étape d’ouverture de la Coupe du monde à Östersund (Suède), Jacquelin a navigué autour de la 25e lieu, succession 27e de l’individuel de rentrée, 24e du sprint et 23e de la poursuite, avec entre trois et cinq cibles manquées sur le pas de tir. Et, cours après cours, il s’est répété tout haut la nécessité d’être « patient » et « bienveillant » envers lui-même.
« Même si la préparation s’est bien passée, les coachs m’avaient prévenu que ça pouvait prendre du temps, que j’aurais besoin de retrouver des repères. C’est un discours qui pouvait être frustrant quand on en parlait. J’avais presque à cœur de leur prouver qu’ils avaient tort. Mais il s’avère que c’est une réalité », at-il constaté. « Pour l’instant, tout n’est pas réuni » mais « à chaque cours, j’ai l’impression de gratter un tout petit peu, sur de l’engagement, de la confiance… », at-il positivé .
Aux portes du top 5 en Autriche
« J’ai travaillé fort, l’état d’esprit est le bon : j’aborde les cours avec envie, motivation, sans peur. J’y mets de l’énergie », a encore assuré Jacquelin. « Je sais, du moins j’espère, que ça va payer à un moment donné. En ce moment, ce n’est pas mon tour, mais j’y crois, je ne perds pas espoir, et je me bats. »
Son retour à Hochfilzen dans le top 15, 13e du sprint, puis aux portes du top 5, sixième de la poursuite avec un 18 sur 20 au tir – jusque-là le meilleur résultat individuel des Bleus depuis le début de la saison -, incitent à l’optimisme. A lui, coutumier des montagnes russes, de confirmer son renouveau avant de tourner la page de 2023.