Dow et Mura Technology misent sur l’eau supercritique pour recycler les complexes plastiques


Tirées par de nouvelles contraintes réglementaires en Europe et dans le monde, les technologies de recyclage des plastiques se réinventent. Le spécialiste de la chimie des équipements Dow a annoncé le 22 avril avoir conclu un partenariat avec la société Mura Technology (Mura), jeune pousse spécialisée dans le recyclage chimique des complexes plastiques. Cette collaboration vise à accélérer le déploiement de la technologie portée par cette dernière qui permet de convertir les plastiques en nouvelles matières premières – des composés chimiques et des huiles d’hydrocarbures. L’accord signé avec Dow prévoit que le chimiste s’approvisionnera en matières premières recyclées, issues de déchets plastiques transformés par l’usine de Mura actuellement en cours de construction à Teesside (Royaume-Uni), pour produire de nouveaux plastiques hautes performances.

Un solvant à base d’eau supercritique

Contrairement au procédé de pyrolyse qui permet également de décomposer les déchets plastiques en hydrocarbures, la solution, baptisée HydroPRS (Hydrothermal Plastic Recycling Solution), utilise de l’eau supercritique pour les chaînes moléculaires des polymères. L’eau est en effet maintenue à des conditions de températures et de pressions (au-delà de 374 ° C et 221 bar) qui lui confèrent un état intermédiaire aux liquides et aux gaz.

Le fluide devient alors un solvant organique efficace. L’eau apporte également une source d’hydrogène qui permet de compléter certaines chaînes chimiques lors du procédé pour améliorer le rendement. Mura indique que plus de 85% de la masse des plastiques traités est transformée en hydrocarbure avec différents teneurs en carbone: du naphta, des gasoils lourds et distillés, ainsi que des résidus plus lourds (cires). Ces éléments peuvent être utilisés dans la production de nouvelles matières plastiques vierges. Le procédé est rapide et s’effectue entre 20 et 25 minutes.

Un traitement ne s’est produit pas un tri des plastiques

Autre bénéfice de cette technologie, conçu par Licella sous le nom de Cat-HTR et développé par Mura: les plastiques peuvent être traités en même sans nécessiter de phase de séparation préalable. Cette étape est souvent considérée comme l’un des points faibles des procédés de recyclage actuels. Les produits et emballages incluant des complexes plastiques, c’est-à-dire comportant des couches de plastiques et des mêlées, sont souvent incinérés ou mis en décharge.

Le procédé permet donc de traiter, après une phase de broyage, des plastiques post consommation très divers, comme des polypropylènes (PP), des polyéhtylènes haute et basse densité (PEhd et PEbd), des polyéthylènes téréphtalates (PET), ainsi que des polystyrènes (PS).

Une capacité de recyclage d’un million de tonnes d’ici 2025

L’usine de Teesside, qui démarrera son activité en 2022, sera la première unité mondiale à utiliser cette technologie. Sa première ligne de production recyclera 20 000 tonnes de plastiques par an. Le projet prévoit quatre chaînes de production qui, une fois terminées, doivent recycler jusqu’à 80 000 tonnes de déchets plastiques par an, réalisés à Dow les matériaux générés par le processus.

Outre sa première usine au Royaume-Uni, Mura envisage également de se développer en Allemagne et aux États-Unis, où elle implantera de nouvelles unités de recyclage au cours des cinq prochaines années. Le partenariat avec Dow, mais aussi avec d’autres groupes comme le leader des plastiques industriels Igus, devrait permettre à Mura de sécuriser ses débouchés, ce qui lui permettrait de déployer une capacité de recyclage million de tonnes de plastiques dans le monde d’ici 2025.

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