Des experts des droits de l’homme demandent à Singapour de mettre un terme à l’exécution d’un homme handicapé mental |


Nagaenthran K. Dharmalingam, connu sous le nom de Naga, devait initialement être pendu mercredi pour délit de drogue après avoir passé plus d’une décennie dans le couloir de la mort.

«Nous notons qu’une suspension temporaire a été accordée aujourd’hui jusqu’à ce qu’un dernier appel puisse être entendu demain. Cependant, nous craignons sérieusement que, si l’appel est rejeté, il puisse toujours être exécuté de manière imminente », ont déclaré les experts dans un communiqué.

Incapable de comprendre

M. Dharmalingam, 33 ans, a été appréhendé en 2009 après avoir traversé la frontière avec près de 43 grammes de diamorphine, un analgésique narcotique utilisé pour traiter les douleurs intenses. Il a été condamné à mort en 2010.

Ses avocats ont fait valoir que M. Dharmalingam n’aurait pas dû être condamné à mort parce qu’il était incapable de comprendre ses actes. Au cours du procès, il a été révélé qu’il avait un QI de 69, ce qui est reconnu comme représentant une déficience intellectuelle.

« Nous sommes préoccupés par le fait que M. Nagaenthran a/l K Dharmalingam n’ait pas eu accès à des aménagements procéduraux pour son handicap lors de son interrogatoire. Nous soulignons en outre que les condamnations à mort ne doivent pas être exécutées contre des personnes souffrant de graves handicaps psychosociaux et intellectuels », ont déclaré les experts de l’ONU.

« Nous sommes également préoccupés par le fait que ses 11 dernières années dans le couloir de la mort auraient causé une nouvelle détérioration de sa santé mentale. »

Illégal et inefficace

Ils ont ajouté qu’en vertu du droit international, les pays qui ont maintenu la peine capitale ne peuvent l’imposer que pour les crimes les plus graves, à savoir ceux impliquant l’homicide intentionnel.

« Les infractions liées à la drogue n’atteignent pas ce seuil », ont-ils déclaré. « Le recours à ce type de sanction pour empêcher le trafic de drogue n’est pas seulement illégal au regard du droit international, il est également inefficace. Il n’y a aucune preuve convaincante que la peine de mort contribue plus que toute autre peine à éradiquer le trafic de drogue.

Les experts de l’ONU ont appelé Singapour à commuer la peine de mort prononcée contre M. Dharmalingam, conformément au droit international des droits de l’homme.

Ils ont rappelé que le pays avait modifié sa législation en matière de drogue en 2012, qui permettait aux passeurs de drogue d’être condamnés à perpétuité derrière les barreaux s’ils assistaient le procureur de la République, ou en cas d’« anormalité de l’esprit ». La peine de mort reste obligatoire dans les autres cas

« Nous exhortons Singapour à poursuivre la réforme de sa législation pour garantir que la peine de mort ne soit jamais obligatoire, car les condamnations à mort obligatoires sont intrinsèquement trop inclusives et violent inévitablement le droit des droits humains », ont déclaré les experts.

Points de vue indépendants

Les cinq experts qui ont publié la déclaration ont tous été nommés par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève.

En tant que rapporteurs spéciaux, ils sont mandatés pour faire rapport au Conseil sur des questions thématiques qui incluent les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ; les droits humains des migrants et les droits des personnes handicapées.

Les experts sont indépendants de tout gouvernement et siègent à titre individuel. Ce ne sont pas du personnel de l’ONU et ils ne sont pas non plus payés par l’Organisation.

Laisser un commentaire