Comment la France investit dans le sport africain


Des rassemblements en Afrique et pour s’y bâtir un avenir! Le directeur de l’Agence française de développement, Rémy Rioux, inaugure ce lundi au Rwanda un nouveau volet de la coopération avec le Rwanda. Le centre d’excellence sportive régional où il se rendra, à une soixantaine de kilomètres de Kigali, sera bénéficiaire d’une partie de l’enveloppe de 1,5 million d’euros consacrés à l’accélération du sport-étude dans le pays , la détection des talents, la promotion du sport chez les filles et le soutien aux programmes de santé publique et mentale au profit de la jeunesse.

Après avoir été complètement gelé pendant 25 ans, le montant total de la coopération franco-rwandaise pour les années 2019-2023 se monte maintenant à 500 millions d’euros.

Encourager l’éducation par le sport

L’AFD soutient financièrement de plus en plus en Afrique une plateforme nommée « Sport en commun », visant à faire de la pratique sportive un facteur de cohésion sociale et d’émancipation. Selon son responsable, Nelson Camara, « L’idée est de faire grandir ces jeunes dans une forme de discipline individuelle et collective pour éviter qu’ils sortent du système scolaire et voient dans le sport un tremplin, pas seulement pour la compétition mais aussi dans les métiers de cette industrie « .

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La plateforme est dirigée depuis Dakar par l’ONG Sport Impact qui a déjà obtenu des succès en Afrique de l’Ouest et au Maroc et dont de plus en plus de pays anglophones d’Afrique de l’Est tiennent à se rapprocher. Au Sénégal, une association soutenue par la plateforme a créé un programme d’éducation par l’escrime dans une prison pour mineurs et le taux de récidive est nul pour ses jeunes détenus.

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Le sport intéressé, tend à abolir les classes sociales et les différences d’origine

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Pour l’ancienne basketteuse franco-gabonaise Géraldine Robert, ambassadrice de Sport en Commun, « l’éducation par le sport permet vraiment de mettre l’accent sur les valeurs de partage, de confiance en soi, surtout au Rwanda où l’on sait ce qui s’est passé il y a vingt-sept ans « .

« Le sport intéressé, tend à abolir les classes sociales et les différences d’origine et ce n’est pas pour rien que Nelson Mandela a organisé la coupe du monde de rugby en Afrique du Sud juste après avoir été élu président, ajoute la basketteuse Parce qu’il savait que ce sport qui divisait son pays pourrait devenir un outil de cohésion et rassembler son peuple « . Le Rwanda est pleinement conscient de ce défi de la cohésion. Sa ministre des Sports a pour objectif d’être le pays d’Afrique avec le plus de licenciés en proportion de sa population. Et de viser le podium dans les dix principaux collectifs sportifs et les individuels populaires comme le panier ou le cyclisme.

L’engagement de Joakim Noah

L’Agence Française de Développement est également partenaire de la toute nouvelle Ligue africaine de basket (BAL) dont la première finale du championnat s’achève ce dimanche soir à Kigali. A l’origine, la BAL est née de la volonté de la NBA américaine d’investir dans les talents africains et de doper le sport-business en Afrique.

Quart de finales du premier championnat de la Basket African League opposant les Patriots du Rwanda contre le Ferroviario de Maputo

Quart de finales du premier championnat de la Basket African League opposant les Patriots du Rwanda contre le Ferroviario de Maputo

(François Clemenceau)

Pour Joakim Noah, présent à Kigali ces derniers jours et qui a investi une partie de sa fortune personnelle dans ce projet, cette nouvelle doctrine française d’aide au développement par le sport ne pouvait pas mieux tomber. « Je crois dans cette Afrique-là, nous confie-t-il, une Afrique où les jeunes Africains veulent rester pour réussir. C’est ce que m’ont appris mon père et mon grand-père et qui me permet de rendre à mon tour ce que je lui dois « .

Du haut de son immense taille, il voit venir ces jeunes Rwandais qui veulent faire un selfie avec lui. C’est la première fois qu’il vient au Rwanda pour y découvrir un pays réputé pour sa discipline et son dynamisme. Un creuset pour la compétition sportive? « Certainement, regardez déjà comment deux des dix meilleurs joueurs de la NBA sont africains, ce pays n’en est qu’à ses débuts et je lui prédis un grand avenir sportif, ce n’est qu’une question de temps ».

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Pour Nelson Camara, l’écosystème du sport africain, s’il est puissamment financé par les bailleurs de fonds traditionnels, les ONG et les banques du secteur privé, ne peut que grandir et créer de l’emploi. De quoi inciter les jeunes Africains à continuer de grandir dans leur pays ou sur leur continent sans avoir à se résoudre à franchir la Méditerranée. Selon lui, Sport en Commun et la BAL pourrait également parvenir, sur le plan de la performance, à faire en sorte qu’à terme la jeunesse d’Afrique cesse de vouloir imiter ses idoles recrutées pour jouer dans les pays riches et finisse par bâtir une génération de champions nés sur le sol africain pour y rester et servir de modèles.

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