Comment Bâle 1 a affecté les banques



De 1950 à 1981, il y a eu environ six faillites bancaires (ou faillites) par an aux États-Unis. Les faillites bancaires ont été particulièrement importantes au cours des années 1980, une époque souvent qualifiée de « crise de l’épargne et des prêts ». Les banques du monde entier prêtaient massivement, tandis que l’endettement extérieur des pays augmentait à un rythme insoutenable.

En conséquence, le potentiel de faillite des grandes banques internationales s’est accru en raison du faible niveau de sécurité. Afin de prévenir ce risque, le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire, composé des banques centrales et des autorités de surveillance de 10 pays, s’est réuni en 1987 à Bâle, en Suisse.

Le comité a rédigé un premier document pour établir un « montant minimum » international de capital que les banques devraient détenir. Ce minimum est un pourcentage du capital total d’une banque, également appelé adéquation minimale du capital en fonction du risque. En 1988, l’Accord de Bâle I sur les fonds propres a été créé. L’Accord de Bâle II sur les fonds propres s’inscrit dans le prolongement du premier et a été mis en œuvre en 2007. Après des retards de mise en œuvre dus à la pandémie, la mise en œuvre de Bâle III est entrée en vigueur le 1er janvier 2023.

Dans cet article, nous examinerons Bâle I et son impact sur le secteur bancaire.

Points clés à retenir

  • Bâle I est un ensemble de réglementations bancaires internationales qui établissent les exigences minimales en matière de capital pour les institutions financières dans le but de minimiser le risque de crédit et de promouvoir la stabilité financière,
  • Pour se conformer à Bâle I, les banques qui opèrent à l’international sont tenues de maintenir un montant minimum (8%) de capital basé sur un pourcentage des actifs pondérés en fonction des risques.
  • Bâle I était considéré comme trop simpliste et large, et a donc été suivi par Bâle II et III, et ensemble comme les Accords de Bâle.
  • Bâle I est connu pour avoir un pilier, tandis que Bâle II s’appuie sur le cadre et comporte trois piliers.
  • Bâle I a été critiqué pour la différenciation limitée du risque de crédit et une approche statique de la mesure du risque de défaut.

Le but de Bâle I

En 1988, l’Accord de Bâle I sur les fonds propres a été créé. L’objectif général était de :

  • Renforcer la stabilité du système bancaire international.
  • Mettre en place un système bancaire international équitable et cohérent afin de réduire les inégalités concurrentielles entre les banques internationales.

La réalisation fondamentale de Bâle I a été de définir le capital bancaire et ce que l’on appelle le ratio de capital bancaire. Afin de mettre en place une adéquation minimale du capital basée sur le risque applicable à toutes les banques et tous les gouvernements du monde, une définition générale du capital était nécessaire. En effet, avant cet accord international, il n’existait pas de définition unique du capital bancaire. La première étape de l’accord était donc de le définir.

Capital à deux niveaux

L’accord de Bâle I définit le capital selon deux niveaux :

  • Niveau 1 (fonds propres de base) : Le capital de catégorie 1 comprend les émissions d’actions (ou capitaux propres) et les réserves déclarées, telles que les réserves pour pertes sur prêts constituées pour amortir les pertes futures ou pour lisser les variations de revenus.
  • Niveau 2 (capital supplémentaire) : Le capital de catégorie 2 comprend tous les autres capitaux tels que les gains sur les actifs de placement, la dette à long terme avec une échéance supérieure à cinq ans et les réserves latentes (c’est-à-dire la provision excédentaire pour les pertes sur les prêts et les baux). Cependant, les dettes non garanties à court terme (ou dettes sans garanties) ne sont pas incluses dans la définition du capital.

Le risque de crédit est défini comme l’actif pondéré en fonction des risques, ou RWA, de la banque, qui sont les actifs d’une banque pondérés par rapport à leurs niveaux de risque de crédit relatifs. Selon Bâle I, le capital total doit représenter au moins 8% du risque de crédit de la banque (RWA). Par ailleurs, l’accord de Bâle identifie trois types de risques de crédit :

  • Le risque de bilan (voir Figure 1)
  • Le risque de trading hors bilan : Il s’agit des dérivés, à savoir taux d’intérêt, change, dérivés actions et matières premières.
  • Le risque de hors bilan hors négociation : il s’agit des garanties générales, telles que l’achat à terme d’actifs ou les actifs de dette liés à des transactions.

Examinons quelques calculs liés aux RWA et aux exigences de capital. La figure 1 présente des catégories prédéfinies d’expositions inscrites au bilan, telles que la vulnérabilité aux pertes dues à un événement imprévu, pondérées en fonction de quatre catégories de risque relatif.

Figure 1 : Classification de Bâle des pondérations de risque des actifs au bilan

Comme le montre la figure 2, il y a un prêt non garanti de 1 000 $ à une entreprise non bancaire, ce qui nécessite une pondération de risque de 100 %. Le RWA est donc calculé comme RWA = 1 000 $ × 100 % = 1 000 $. En utilisant la formule 2, une exigence de capital minimum de 8 % donne 8 % × RWA = 8 % × 1 000 $ = 80 $. En d’autres termes, la détention totale de capital de l’entreprise doit être de 80 $ par rapport au prêt non garanti de 1 000 $. Le calcul selon différentes pondérations de risque pour différents types d’actifs est également présenté dans le tableau 2.

Figure 2 : Calcul des RWA et des exigences de fonds propres à l’actif du bilan

Le risque de marché comprend le risque de marché général et le risque spécifique. Le risque général de marché fait référence aux variations des valeurs de marché dues à d’importants mouvements de marché. Le risque spécifique fait référence aux variations de la valeur d’un actif individuel en raison de facteurs liés à l’émetteur du titre.

Il existe quatre types de variables économiques qui génèrent un risque de marché. Ce sont les taux d’intérêt, les changes, les actions et les matières premières. Le risque de marché peut être calculé de deux manières différentes : soit avec le modèle bâlois standardisé, soit avec les modèles internes de valeur en risque (VaR) des banques.

Ces modèles internes ne peuvent être utilisés que par les plus grandes banques qui satisfont aux normes qualitatives et quantitatives imposées par l’accord de Bâle. De plus, la révision de 1996 ajoute également la possibilité d’un troisième niveau pour le capital total, qui comprend les dettes non garanties à court terme. C’est à la discrétion des banques centrales.

Les pièges de Bâle I

L’Accord de Bâle I sur les fonds propres a été critiqué pour plusieurs raisons. Les principales critiques portent sur les points suivants :

  • Différenciation limitée du risque de crédit : Il existe quatre grandes pondérations de risque (0 %, 20 %, 50 % et 100 %), comme le montre la figure 1, sur la base d’un ratio de capital minimum de 8 %.
  • Mesure statique du risque de défaut : L’hypothèse selon laquelle un ratio de capital minimum de 8 % est suffisant pour protéger les banques contre la faillite ne tient pas compte de la nature changeante du risque de défaut.
  • Pas de prise en compte de la structure par terme du risque de crédit : Les exigences de fonds propres sont fixées au même niveau quelle que soit l’échéance d’une exposition de crédit.
  • Calcul simplifié du risque de contrepartie potentiel futur : Les exigences actuelles en matière de fonds propres ignorent les différents niveaux de risques associés aux différentes devises et au risque macroéconomique. En d’autres termes, elle suppose un marché commun à tous les acteurs, ce qui n’est pas vrai dans la réalité.
  • Manque de reconnaissance des effets de diversification de portefeuille : En réalité, la somme des expositions individuelles au risque n’est pas la même que la réduction du risque par la diversification du portefeuille. Par conséquent, la somme de tous les risques pourrait fournir un jugement erroné du risque. Un remède serait de créer un modèle interne de risque de crédit, par exemple un modèle similaire au modèle développé par la banque pour calculer le risque de marché. Cette remarque est également valable pour toutes les autres faiblesses.

Ces critiques répertoriées ont conduit à la création d’un nouvel accord de Bâle sur les fonds propres, connu sous le nom de Bâle II, qui a ajouté le risque opérationnel et a également défini de nouveaux calculs du risque de crédit. Le risque opérationnel est le risque de perte résultant d’une erreur humaine ou d’une défaillance de la gestion. L’Accord de Bâle II sur les fonds propres a été mis en œuvre en 2007.

Quelle est la principale différence entre Bâle I et Bâle II ?

Bâle I avait une approche principale de la réglementation financière : les institutions financières devaient maintenir un montant minimum de capital requis et respecter des seuils d’adéquation. Bâle II s’est appuyé sur ces exigences en ayant trois plates-formes différentes : les exigences de fonds propres réglementaires, un processus de contrôle prudentiel et les informations sur le marché.

Les États-Unis suivent-ils Bâle ?

Oui. Les États-Unis sont membres participants du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire. En tant que membre participant, il suit Bâle I depuis son entrée en vigueur en 1988.

Quelle est la principale faiblesse de Bâle I ?

L’une des principales préoccupations concernant Bâle I était que les exigences minimales de fonds propres étaient déterminées en analysant uniquement le risque de crédit. Cela ne tenait compte que d’une partie des variables auxquelles les institutions pouvaient être confrontées. Par exemple, dans ce cadre, le risque opérationnel a été ignoré. Sur la base de ces limitations, une nouvelle législation a été élaborée pour remédier à ces faiblesses.

Qu’est-il arrivé à Bâle III ?

Bâle III a été finalisé en décembre 2017 et devrait être mis en place progressivement sur cinq ans. En mars 2020, Bâle III a été retardé d’un an en réponse aux contraintes de capacité dues au COVID-19. Les réformes de Bâle III sont entrées en vigueur le 1er janvier 2023.

L’essentiel

L’accord de Bâle I visait à évaluer le capital par rapport au risque de crédit, ou le risque qu’une perte se produise si une partie ne remplit pas ses obligations. Il a lancé la tendance à l’augmentation de la recherche sur la modélisation des risques, mais ses calculs et classifications trop simplifiés ont suscité des appels à sa révision, ouvrant la voie à Bâle II et à d’autres accords comme symbole du raffinement continu du risque et du capital. Néanmoins, Bâle I, en tant que premier instrument international évaluant l’importance du risque par rapport au capital, restera un jalon dans l’histoire de la finance et de la banque.

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