Bruxelles demande à l’Italie de freiner la croissance des dépenses publiques


Bruxelles a averti l’Italie de freiner la croissance des dépenses publiques et de poursuivre une politique budgétaire « prudente » l’année prochaine alors que la Commission européenne signale les risques budgétaires dans les économies fortement endettées.

Dans son examen annuel des plans budgétaires des États membres de l’UE, Bruxelles a constaté que Rome n’avait pas suffisamment limité la croissance de ses « dépenses courantes financées au niveau national » dans son budget 2022 et l’a exhortée à prendre les « mesures nécessaires » pour remédier au dépassement compte tenu de son ratio dette/PIB de plus de 150 %.

« Compte tenu du niveau de la dette publique italienne et des défis importants en matière de durabilité à moyen terme avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19. . . il est important de préserver une politique budgétaire prudente afin d’assurer des finances publiques viables », a déclaré la commission.

Le verdict est un revers pour le Premier ministre italien Mario Draghi, qui a pris ses fonctions cette année avec la promesse d’aider à réparer les relations tendues entre Bruxelles et Rome sur les objectifs budgétaires. L’ancien chef de la Banque centrale européenne a présenté un plan ambitieux pour relancer l’économie italienne en échange de milliards de prêts et de subventions du fonds de relance et de résilience (FRR) de l’UE.

Les avertissements recevront une attention accrue cette année alors que la commission examine la pertinence de son livre de règles sur la dette et le déficit connu sous le nom de Pacte de stabilité et de croissance (PSC) – un débat qui risque de raviver les vieilles divisions entre les économies frugales du nord de la zone euro et les pays les plus endettés. dans le Sud. Draghi a appelé à un «changement» des règles pour tenir compte des niveaux d’endettement plus élevés contractés par les gouvernements pendant la pandémie. Aucune proposition concrète de l’UE sur le PSC n’est attendue avant l’année prochaine.

Un responsable de la commission a déclaré mercredi que l’Italie avait été « invitée » à suivre les conseils de Bruxelles sur les dépenses, mais n’aurait pas besoin de soumettre un budget révisé. Les dépenses courantes financées au niveau national en Italie auraient un impact de 1,5% du PIB sur la situation budgétaire sous-jacente du pays, a indiqué la commission. Un responsable de l’UE a qualifié le dépassement de « significatif ».

L’évaluation de l’Italie s’accompagne d’un avertissement plus large selon lequel un certain nombre de pays fortement endettés augmenteront leurs dépenses courantes plus que leurs taux de croissance potentiels, « suggérant un poids croissant des dépenses courantes permanentes ou des réductions d’impôts non financées ».

Bruxelles souhaite que la politique budgétaire reste modérément favorable l’année prochaine dans la zone euro, mais que les mesures de politique budgétaire « pivotent » progressivement vers des investissements qui favorisent une reprise durable. Les États membres devraient puiser dans les milliards de fonds de relance fournis par l’instrument d’emprunt historique de 800 milliards d’euros de l’UE.

Environ un quart de toutes les mesures de soutien au redressement en 2022 seront financées par l’argent du RRF. L’Espagne dépensera le plus de liquidités dans le fonds de relance au cours de la période 2021-2022, à environ 3 % du PIB national. « Les dépenses du RRF seront très importantes dans un certain nombre d’États membres », a déclaré un responsable de l’UE.

Le projet d’évaluation budgétaire global de Bruxelles devra être approuvé par les ministres des Finances de l’UE le mois prochain, une négociation qui, selon les diplomates, sera un avant-goût de divisions plus larges sur l’avenir du PSC. Le livre de règles budgétaires de l’UE est suspendu depuis 2020 en raison de la pandémie et devrait être rétabli en 2023.

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