Boxe. Manon Autexier et Ingrid Brodu au poing mort…. sport


D’habitude, elles sont entre quinze et vingt à s’entraîner sous la direction Jacky Varnajot et Nicolas Métay, salle Jean-Moulin, siège du SBFY La Roche. Lors de la période de confinement, les boxeurs et boxeuses présentent que la rue et les parkings pour s’exprimer. Depuis le 1euh novembre, l’élite féminine de la boxe française et anglaise peut se préparer au Dojang (dojo en coréen). Un club privé d’arts martiaux, dirigé par le maître Samuel Dadié, 5e dan de taekwondo. Chaque semaine, sur des créneaux horaires précis, le club yonnais réserve la salle pendant huit heures.

Boxeuse dans l’âme

Ce mercredi soir, seules les boxeuses inscrites sur les listes ministérielles sont en tenue de combat. Manon Autexier (20 ans, -70 kg) a débuté en 2017. J’avais 16 ans. Après mes huit années de gym, j’ai fait deux ans de basket (intérieure). La boxe m’intéressait, mais mes parents ne voulaient pas, parce que c’était un sport de garçons et qu’ils avaient peur que je sois défigurée. Pourtant, c’était le seul sport que je voulais.

En 2017, Manon a commencé par faire du cardio-boxing – de l’air-boxe (mouvement de combat sans adversaire). J’en faisais avec ma mère, Nathalie. Juste après, il y avait le cours de boxe française. J’ai eu envie d’essayer, et après, je n’ai pas arrêté. C’est aussi physique que l’anglaise, que je pratique à l’entraînement, mais c’est plus technique.

Entre mai 2019 et janvier 2020, Manon a quatre de ses six combats en boxe française. Défaite en finale des championnats de France 2020, il ne lui a manqué qu’un seul point pour passer en élite. Où trouve-t-elle la motivation pour rester une combattante? En venant ici pour m’entraîner. C’est un petit cocon. J’aime bien. Cela fait une coupure dans notre train de vie », commente Manon, étudiante en droit à La Roche.

Dans la rue en tapant sur un arbre…

Les conditions d’entraînement actuelles n’ont rien à voir avec le premier confinement. On ne pouvait pas encore s’entraîner dans cette salle. Je n’avais pas de sac… Alors, je m’entraînais dans ma rue en tapant sur un arbre, avec des vieux gants. Et pour les jambes, j’avais scotché des palettes. Cela faisait un peu mal aux pieds, alors je ne le faisais pas tout le temps ou en mode assaut (sans contact) Reste que tous les arbres de l’allée Saint-François, à Luçon, sont encore debout! Pourtant, sur m’a traité de tronçonneuse », lâche Manon dans un grand rire…

Cavalière en loisir, puis basketteuse, Ingrid Brodu (30 ans, -64 kg) a commencé à boxe à Fontenay-le-Comte, cela fait dix ans maintenant. C’est au contact de Jacky Varnajot qu’elle a pris conscience de ses capacités. Il m’a fait progresser en français, où j’évolue en Élite, et découvrir l’anglaise. Plus le temps passe, mieux je m’exprime en anglaise. On bouge beaucoup, on est plus sur les appuis, ça frappe plus fort. C’est le même sport, car on a besoin de la boxe anglaise en français, mais on prend plus de coups en anglais…

photo ingrid et manon s'entraînent ensemble, deux fois par semaine ... © bruno poirier

Ensemble Ingrid et Manon s’entraînent, deux fois par semaine … © Bruno Poirier

L’adrénaline du combat

Hormis les combats, peu de choses ont changé pour Ingrid à l’entraînement. J’ai du matériel à la maison, plein de champs à côté de chez moi pour aller courir, mais c’est une chance de pouvoir s’entraîner dans une salle comme celle-ci, où nous ne sommes que deux avec un entraîneur que pour nous. On travaille nos défauts. Pour progresser, c’est le top. Ne pas combattre est frustrant, mais je pense que beaucoup de gens aimeraient avoir les mêmes conditions d’entraînement que nous avons…

Pour l’évaluation de la progression, il manque la compétition, le jugement du jury. Monter sur le ring nous manque,reconnaît Ingrid. Comme le stress qui peut tout faire basculer. La peur de monter sur le ring. C’est un petit peu «barge , parfois. Mais c’est l’adrénaline du combat… »

«Pour cette saison, on sait que c’est foutu …»

Depuis le début de l’année, les dates des combats ont été reportées ou annulées. «Pour cette saison, on sait que c’est foutu. Le travail que l’on fait actuellement, ce sera pour la saison prochaine », annonce Ingrid Brodu.

Actuellement, le programme de Manon Autexier, c’est deux séances en salle et une séance de fractionnée à domicile. D’habitude, c’est cinq entraînements avec le club (un total de huit heures), plus les séances gainage individuelles, le footing. «Je montais jusqu’à huit séances par semaine, lorsque je pouvais aller en salle de sport pour faire de la musculation (1 h 30) », explique Manon.

«On peut se défouler en faisant ce que l’on aime faire…»

Même si frapper un sac est «Sympa», résume Ingrid, il est plus plaisant de travailler à deux sur des thèmes précis et en opposition. «On peut se défouler en faisant ce que l’on aime faire…» «Même si ma jambe d’appui en fait les frais», lâche Manon. Et de poursuivre dans un rire. «Je suis sensible. J’ai des bleus partout. Je suis une petite nature… »« C’est vrai qu’elle marque vite », reconnaît Ingrid, en souriant.

Ingrid travaille au service expédition de la laiterie de Maillezais. «Mes horaires me permettent de m’entraîner le soir et j’ai mes week-ends», explique-t-elle. À ce jour, elle compte vingt-six combats en boxe française, et six, dont cinq victoires, en boxe anglaise. La dernière, c’était en mars 2020 avec une victoire au premier round.

photo c'est sous la direction de jacky varnajot qu'ingrid et manon s'entraînement à la roche-sur-yon.  © bruno poirier

C’est sous la direction de Jacky Varnajot qu’Ingrid et Manon s’entraînement à La Roche-sur-Yon. © Bruno Poirier

Professionnelle, l’aboutissement d’une carrière …

Si l’objectif de Manon est atteint les finales en Élite A et intégrer l’équipe de France de boxe française, Jacky Varnajot lui prédestine, aussi, une carrière en «Savate professionnelle ou kick boxing». Ingrid, elle, rêve d’un titre de championne de France en française et de boxer, au moins une fois, comme professionnelle en anglaise. «Ce serait un super truc, confie-t-elle. J’ai encore le temps et la possibilité de le faire. Avant 34 ans, ce serait bien. C’est l’ultimatum que m’a posé mon compagnon, Ludovic… »

Pour l’instant, en amateur, Ingrid n’a pas assez de combats. «Il lui en faudrait une vingtaine pour boxer en professionnel, annonce son entraîneur. S’il n’y avait pas eu le Covid, elle serait à douze ou quinze combats. On peut donc espérer qu’elle commence sa carrière pro dans deux ans. Elle a le potentiel. Un combat pour une ceinture de championne de France chez les professionnelles, c’est l’aboutissement d’une carrière. Ingrid en est capable. Il faut qu’elle soit prête. Il lui reste trois-quatre ans. Après, il y aura le désir d’être maman. C’est compréhensible. Dans une vie, il faut lier l ‘aspect professionnel, l’ aspect sportif et l ‘aspect social. »



Laisser un commentaire