« Boom Technology rêve de relancer l’épopée du supersonique civil, onze ans après la fin abrupte de l’aventure Concorde »


Blake Scholl devant une image de son projet supersonique, à Londres, en 2018.

Boom ! C’est un coup de canon… ou un avion qui passe le mur du son. L’entrepreneur Blake Scholl a lancé Boom Technology en 2014 à la poursuite d’un rêve, relancer l’épopée du supersonique civil, onze et après la fin abrupte de l’aventure Concorde. Il n’est pas ingénieur aéronautique, n’a pas encore fait voler le moindre avion, mais il vient de décrocher le contrat du siècle. La compagnie aérienne United Airlines vient de lui passer commande de 15 avions supersoniques (et 35 autres en option), capable en 2030 d’emmener 88 passagers de New York à Londres en trois heures trente. Deux fois plus vite qu’avec un avion de ligne classique.

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Ainsi, alors que l’ambiance de ces temps post-Covid pousse beaucoup de citadins à retrouver le temps long, la proximité et un mode de vie moins furieux et plus écologique, certains reprennent la course de vitesse des années 1980. La maire Verte de Poitiers, Léonore Moncond’huy, avait fait sensation en mars en affirmant que l’aéronautique ne devait plus faire partie des rêves d’enfant. Manifestement, ce n’est pas le cas de tout le monde.

Une clientèle très aisée

United Airlines envisage très sérieusement de créer des lignes régulières entre l’Amérique et l’Europe ou le Japon, destinées de même à une clientèle très aisée. Car, après vingt ans de course aux prix bas, la performance coûtera cher. D’autant que Blake Scholl promet que son avion, baptisé Overture, sera neutre en termes d’émission de CO2, grâce à l’utilisation de biocarburants. Un marché de luxe qui n’est pas la priorité de Boeing et d’Airbus mais que la banque UBS estime pouvoir atteindre les 160 milliards de dollars en 2040. Japan Airlines investit également dans Boom. Le prototype effectuera son premier vol d’ici un an.

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En 1986, le critique gastronomique italien Carlo Petrini, offusqué de voir s’installer un restaurant McDonald’s sur la célèbre piazza di Spagna à Rome, avait créé le mouvement « slow food », une manière de se nourrir plus tranquille, proche, écologique et qualitative face aux ravages de la restauration rapide. La lenteur assumée contre un monde trop pressé, comme autrefois quand Paul Lafargue, en 1880, revendiquait le droit à la paresse. Cette tension s’exprime aujourd’hui autour des enjeux environnementaux. Faut-il rendre plus écologiques, à coup de nouvelles technologies, nos fast-foods, nos voitures et nos avions, ou les ranger au garage et changer de société ? Pendant ce temps-là, il est probable qu’en 2030 on prendra bien garde, dans les avions Boom, de servir des légumes bio aux passagers heureux.

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