Baromètre la Croix : l’intérêt pour l’actualité et la confiance dans les médias en baisse


C’est une tendance constatée depuis plusieurs années, l’actualité intéresse de moins en moins les Français. En 2022, six sondés sur dix (62 %) portent encore un intérêt à l’actualité, c’est 5 points de moins que l’an passé (67 %), un indice en chute libre depuis 2015 (76 %). Cette préoccupation pour l’information est encore plus faible chez les 18-24 ans. Ils sont seulement 38 % à porter un intérêt aux événements qui font l’actualité, une baisse de 13 points par rapport à l’an passé.

Evolution de l'intérêt porté à l'actualité, baromètre 2022

Kantar Public onepoint pour La Croix

Un fossé générationnel s’est également creusé dans les canaux de consommation des médias. 66 % des moins de 35 ans s’informent de l’actualité sur Internet. Cet indicateur s’élève uniquement à 20 % pour les plus de 35 ans. 26 % des sondés (toutes générations confondues) indiquent s’informer sur Internet utilisent principalement les réseaux sociaux via Twitter ou Facebook.

Une méfiance généralisée

Seulement 44 % des personnes interrogées ont estimé « que les médias fournissent des informations fiables et vérifiées » et 62 % des sondés estiment que les journalistes ne sont pas indépendants du pouvoir politique. Les médias traditionnels, radio, journaux et télévision sont les médias les plus crédibles, respectivement 49 % pour les deux premiers et 44 % pour le petit écran. Internet inspire une méfiance plus importante, seulement 24 % des sondés jugent les informations communiquées sur ce canal d’informations comme sérieuses et vraisemblables.

Evolution de la création des médias.png

Kantar Public onepoint pour La Croix

Les sondés passent également l’actualité au crible en évaluant les traitements médiatiques accordés à plusieurs événements phares de l’année 2021. Certains moments ont procuré d’une attention médiatique excessive selon les sondés : l’épidémie, la candidature d’Éric Zemmour à l’‘élection présidentielle et le transfert de Lionel Messi, trois événements’ pas trop parleré. » A contrario, l’ouverture du procès des attentats du 13 novembre, l’entrée de Joséphine Baker et les élections générales en Allemagne sont trois actualités ayant fourni une couverture médiatique adaptée. La Cop26, la publication du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église et l’augmentation des prix de l’énergie sont autant de moments forts de l’actualité qui pourraient bénéficier d’une attention plus importante de la part des journalistes .

Evolution du traitement médiatique porté à certaines thématiques.png

Kantar Public onepoint pour La Croix

Des exigences et des attentes fortes

Malgré ce désamour et cette crise de confiance, les Français fournissent toujours le journalisme et les médias comme des outils importants pour le bon fonctionnement de la démocratie.

En cette année électorale, les Français interrogés ont estimé à 91 % qu’il est « important » ous «  l’essentiel » que les médias conservent leur indépendance des milieux économiques. Les sondés formulent de nombreuses attentes concernant le traitement médiatique de la campagne présidentielle à venir. Ils sont 83 % à attendre des médias » qu’ils pointent du doigt les fausses informations diffusées » et 87 % « qu’ils permettent aux candidats de présenter leur programme et leur vision pour la France. »

Neutralité éditoriale, indépendance et objectivité sont les principales aspirations réclamées par les sondés. Ce sont « des demandes jeégitimes », explique le directeur général de Reporters sans frontières Christophe Deloire aux journalistes du quotidien La Croix. « Il y a une forme de déclaration d’amour au journalisme. Pas forcément tel qu’il est pratiqué mais à l’idéal type du journalisme. » Le directeur général de l’ONG avait rappelé la semaine dernière, le 14 janvier lors de son audition devant la commission d’enquête sur la concentration des médias certains de ces principes, notamment le refus d’accepter des directives rédactionnelles. « Le journalisme, ce n’est pas une activité aux ordres d’un patron », avait déclaré Christophe Deloire devant les sénateurs.

Etude Kantar Public onepoint pour La Croix, réalisé entre le 5 et le 11 janvier 2022 sur un échantillon de 1 016 personnes, représentatives de l’ensemble de la population âgée de 18 ans et plus.

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