Aux élections régionales en France, la course à la présidentielle de 2022 occupe une place importante


Les électeurs français se rendent aux urnes dimanche pour le premier tour des élections régionales et départementales. Moins d’un an avant le vote présidentiel en France en 2022, ce rendez-vous retardé par la pandémie est un indicateur potentiel, certains candidats souhaitant l’utiliser comme tremplin pour un poste plus élevé. FRANCE 24 revient sur le déroulement des élections, les enjeux pour les acteurs politiques, la poussée d’extrême droite vers la gloire régionale qui façonne la campagne et les courses clés à suivre.

Qui peut voter ?

Adultes français éligibles inscrits pour voter. Contrairement aux élections municipales, les autres ressortissants de l’Union européenne résidant en France n’ont pas voix au chapitre dans ces votes régionaux et départementaux.

La participation pourrait être un facteur. Lors d’un sondage auprès des électeurs inscrits la semaine dernière, 54% ont déclaré aux sondeurs de l’Ifop qu’ils avaient l’intention de rester à l’écart dimanche. 58,4% des électeurs inscrits se sont abstenus lors du deuxième tour des élections locales nationales retardé par la pandémie en juin 2020, le pays sortant de la même manière d’un verrouillage du coronavirus.

Les élections de cette année devaient avoir lieu en mars, mais ont été retardées deux fois – d’abord de trois mois, puis d’une autre semaine – par mesure de précaution contre Covid-19. Le deuxième tour aura lieu le 27 juin.

Des milliers de candidats, partout

Quatorze régions françaises – 12 sur la métropole plus la Guadeloupe aux Antilles et l’île de La Réunion dans l’océan Indien – choisiront parmi un total de 19 084 candidats pour pourvoir les 20 et 27 juin 1757 sièges au conseil régional. Trois autres régions – Corse, Martinique en les Antilles et la Guyane française sur l’épaule nord de l’Amérique du Sud – votent pour pourvoir les sièges de leurs assemblées territoriales respectives.

French Connections : Les élections régionales en France, un indicateur pour la présidentielle de 2022 ?


Parallèlement, 15 786 candidats se présentent pour un total de 4 108 sièges dans la plupart des départements administratifs français. Outre les territoires d’outre-mer, la France compte 103 départements, mais il existe quelques exceptions qui n’organisent pas d’élections départementales, comme Paris et l’agglomération lyonnaise.

Les gagnants sont élus pour des mandats de six ans en règle générale. Mais avec 2027 une année électorale particulièrement chargée, les heureux gagnants de ce mois-ci pourront siéger un peu plus longtemps, jusqu’en mars 2028.

Parfaite parité des sexes intégrée

L’une des caractéristiques des systèmes de vote de ces élections est la parité hommes-femmes.

Pour les élections régionales, les partis présentent des listes qui doivent alterner candidats masculins et féminins de haut en bas. Pour se qualifier pour le second tour, une liste doit obtenir 10 pour cent des voix. Mais ceux qui obtiennent au moins cinq pour cent sont autorisés à rejoindre un parti qualifié pour le deuxième tour. Cette éthique de ruissellement de plus en plus joyeux fait du commerce de chevaux une autre caractéristique idiosyncratique.

Pour les élections départementales, les duos de candidats – toujours un homme et une femme jumelés – jettent leur chapeau sur le ring comme un seul, en lice pour des sièges dans l’un des plus de 2 000 cantons du pays, regroupés en départements. Après deux tours, chaque membre du duo vainqueur remporte un siège individuel et exerce ses fonctions séparément au sein d’un conseil départemental.

Que font les régions et départements français de toute façon ?

La juridiction régionale comprend les écoles secondaires, les ports et les aéroports, les réseaux de trains régionaux et de bus interurbains, les parcs naturels régionaux et la gestion des déchets. Les régions apportent également un soutien économique aux entreprises. Les départements, quant à eux, ont compétence sur les collèges, les prestations sociales, les services d’eau, les pompiers et les routes.

Aberrations et ambitions

Que ne font pas les régions et les départements ? De manière significative, ils sont à peine impliqués dans les questions de sécurité, à l’exception de rares exceptions mineures. Mais on ne le saurait pas à cause du poids que les questions de sécurité ont pris pendant la campagne qui a précédé le vote de dimanche.

Cette anomalie est un effet d’entraînement de la proximité de ce vote retardé par la pandémie avec la prochaine élection présidentielle en France : les partis anticipent les mois d’avril et mai 2022 cherchant sans vergogne à se positionner sur les questions nationales. C’est également une fonction du parti soucieux de la sécurité qui, pour le meilleur ou pour le pire, a façonné la stratégie électorale dans tous les domaines, le parti d’extrême droite du Rassemblement national de Marine Le Pen. En conséquence, les conservateurs répugnent à céder du terrain sur une question de pain et de beurre comme la sécurité, les élections régionales ou non.


En tant que vote basé sur la représentation proportionnelle – contrairement aux élections législatives en France, par exemple – les élections régionales sont exceptionnellement favorables à de bonnes performances pour le parti anciennement connu sous le nom de Front national. De plus, lors des deuxièmes tours, les votes peuvent être fortement divisés entre trois ou quatre partis – »triangulaires » ou « quadrangulaires», comme de telles batailles sont connues en français.

Comme lors des dernières élections régionales de 2015, une énergie considérable a été dépensée au cours de cette campagne pour débattre de ce que les autres partis devraient faire dans une région donnée si l’extrême droite se qualifie pour le second tour : s’allier avec des forces rivales pour battre le parti de Le Pen ? Se retirer de la course au profit de tout parti le mieux placé pour repousser l’extrême droite, une tactique connue sous le nom de « front républicain » ? Ou imaginer ses chances malgré tout, au risque de porter la responsabilité de la conquête d’une région par l’extrême droite ?

Dans le sondage pré-électoral Ipsos pour le premier tour, le Rassemblement national était en tête dans six régions (Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Bretagne ). Mais les élections régionales se jouent sérieusement dans la semaine charnière entre les deux tours. En 2015, l’extrême droite a jugé « quatre ou cinq » régions « gagnables », mais n’en est repartie avec aucune après que la gauche s’est notoirement retirée du second tour au profit de rivaux conservateurs dans le nord de la France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour garder l’extrême droite du pouvoir.

La nervosité de l’Alliance

Le millésime 2021 pourrait encore s’avérer différent pour le Rassemblement national, avec les premières victoires du parti dans une ou plusieurs régions pas hors de portée dans un paysage politique très différent de 2015. À l’époque, le Parti socialiste au pouvoir et l’opposition Les Républicains pouvaient opérer confiants dans leur statut séculaire de principaux partis de gouvernement en France. Avec sa candidature gagnante à long terme pour la présidence française, le centriste indépendant Emmanuel Macron a brisé ce statu quo en 2017, secouant la vieille garde et enhardissant les chevaux noirs.

Si la crise existentielle qui a suivi les pactes politiques conclus avant le premier tour de dimanche en est une indication, les partis sont particulièrement soucieux de se concentrer sur leurs propres mérites avant la course présidentielle de 2022. Dans ce contexte, les alliances entre les partis d’ingénierie la semaine prochaine au milieu de ruissellements tendus pourraient bien s’avérer une proposition plus délicate.

L’alliance régionale du conservateur Les Républicains avec le parti centriste La République en marche (LREM) de Macron en Provence-Alpes-Côte-d’Azur a provoqué un psychodrame dans le camp des Républicains en mai, conduisant même deux poids lourds à quitter le parti. L’extrême droite est une nouvelle fois un sérieux concurrent dans le sud de la France avec l’ancien ministre des Républicains Thierry Mariani à la tête du parti de Le Pen sur la Côte d’Azur.

La gauche, quant à elle, s’est fait remarquer par son manque d’alliances à grande échelle avant ces courses. La seule course régionale qui a réussi à rassembler toute la palette des forces de gauche en un front unique était le nord des Hauts-de-France. Là-bas, la candidate des Verts Karima Delli conduira une liste commune représentant les verts Europe Ecologie-Les Verts, le Parti socialiste, l’extrême gauche France Unbowed et le Parti communiste français au combat. Ailleurs, le clairon de l’unité devra attendre, selon les circonstances après le premier tour du 20 juin.

Tremplin vers 2022 ?

Ces élections à l’ombre de la course à l’Elysée ont également quelques candidats individuels qui se bousculent plus ou moins explicitement pour une chance à ce prix ultime.

Trois présidents de région sortants – tous d’anciens ministres du parti Les Républicains sous l’ex-président Nicolas Sarkozy – sont entrés dans cette course en cherchant plus ou moins explicitement à faire participer leur réélection à l’investiture conservatrice pour 2022. Deux d’entre eux, Valérie Pécresse, qui dirige le La région Ile-de-France qui comprend Paris, et Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, se sont engagés à quitter la politique s’ils perdent. L’autre est le chef de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez. Tous sont favoris dans leurs courses respectives, même si Bertrand a du pain sur la planche dans le nord face au challenger d’extrême droite Sébastien Chenu.

Les caméos du ministre Macron

Pas moins de 13 ministres en exercice se présentent dimanche aux élections – dont le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin se présentent comme candidats au scrutin dans les Hauts-de-France – bien que peu aient des rôles de premier plan dans ces régionales et départementales. les courses.

La République en marche de Macron n’existait pas encore la dernière fois que ces élections ont eu lieu, et les attentes sont faibles. L’entité naissante n’a pas encore établi de solides racines dans le gouvernement local et la panoplie de votes de mi-mandat à l’échelle nationale tend à désavantager le parti au gouvernement. Deux membres du gouvernement – ​​Marc Fesneau, candidat à la présidence du Centre-Val-de-Loire, et Geneviève Darrieussecq, candidat à la tête de la Nouvelle-Aquitaine – auraient une chance extérieure de faire sensation pour l’équipe Macron à part entière. Mais l’objectif de LREM est en grande partie du genre faiseur de rois : empêcher la finaliste de l’élection présidentielle de 2017 Le Pen de gagner du terrain pour 2022 avec la toute première victoire régionale de son parti.

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